Le 27 juin 1971, à Zeltweg, la Porsche 917 triomphe pour la dernière fois dans le cadre d'une épreuve de Championnat du monde. Pedro Rodriguez y signe un nouvel et ultime exploit. Gardant le volant 159 tours des 170 de la course, il roule pratiquement dans le temps du record de la piste à chaque boucle et signe sa 8e victoire au volant de la 917. Quelques jours plus tard, le Mexicain perd la vie à Nuremberg dans la course Intersérie et déjà les fabuleux duels avec Jo Siffert font partie de l'histoire. Un mois après, à Watkins Glen, les 917 doivent s'incliner devant l'Alfa Romeo de Peterson-De Adamich, lors de la dernière manche du Championnat. Une victoire qui marque à la fois la fin d'un règne et le début d'une nouvelle époque dont Porsche sera totalement absente.

La marque paye ainsi très cher son opportunisme. Exclu d'un nouveau championnat réservé aux seuls prototypes 3 litres, Porsche est aussi au bord du gouffre sur le plan financier. Aussi prestigieux qu'il soit, le programme 917 a mis en péril l'avenir de la firme. Impossible à chiffrer, le coût de l'opération a été véritablement considérable et, en dépit des victoires au Mans et au Championnat, les ventes des modèles de série n'en ont pas pour autant connu une flambée. Fin 1971, Ferry Porsche réuni un conseil de famille. Porsche se constitue en société anonyme et pour la première fois de son histoire, c'est un homme extérieur à la famille qui en prend la direction : le professeur Fuhrmann. "Les plus grands succès en course ne peuvent être obtenus que si les voitures sont commercialisables et si les exploits sportifs ne nous mettent pas dans le rouge. Si l'entreprise ne gagne pas d'argent, je ne pourrai pas me maintenir en course, même si je gagne toutes les courses. Et mon neveu (F.Piech) n'avait pas vraiment compris cela." déclare Ferry Porsche en 1972. Ferdinand Piech désavoué, est écarté. Il se "recasera" avec le bonheur que l'on sait chez Audi, mais chez Porsche une page se tourne. L'heure du pragmatisme a sonné. Porsche ne va alors cesser d'ouvrer pour instituer un Championnat des marques basé sur les "silhouettes" de sinistre mémoire. En attendant, le coûteux programme 917 va tenter d'être amorti par le biais d'un engagement en Canam. Une solution "économique" qui permet à la fois d'entretenir l'image et peut avoir un gros impact aux USA, principal débouché de la marque. Nous suivrons en détail cette aventure américaine dans le prochain numéro...

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