Dix ans après le dieselgate, 2,7 millions de voitures sont toujours équipées du logiciel incriminé
L'INFO DU JOUR - deux ONG et une association de consommateurs attaquent l'État français en justice pour "carence fautive". En cause : les millions de voitures toujours équipées du logiciel falsificateur qui aurait déjà provoqué 16 000 décès depuis 2009.

Il est des anniversaires plus festifs. Celui du dieselgate, qui accuse ses dix ans cette année, sera plutôt judiciaire. Selon la cellule investigation de Radio France et du journal Le Monde, deux ONG et une association de consommateurs ont en effet décidé de porter plainte, devant le tribunal administratif, contre l’État français.
En cause : l’inaction des autorités publiques puisque 2,7 millions de voitures équipées du logiciel fautif, construites entre 2009 et 2019, n’auraient toujours pas été rappelées et remises aux normes.
Une décennie pour un rappel qui n'est pas achevé
Ce chiffre a été établi par l’ICCT (l’International Council on Clean Transportation) qui avait révélé le scandale en 2015. La France a fait un effort, certes, puisque selon cette ONG le nombre d’autos qui n’étaient pas remises au goût du jour atteignait 3,3 millions en 2023.
Reste qu’une décennie pour effectuer un rappel, c’est beaucoup. C’est même trop pour L’Association nationale de défense des consommateurs et usagers (CLCV), France Nature Environnement (FNE) et l’ONG ClientEarth. Alors, ce 17 septembre, elles prennent la direction du tribunal administratif avec une plainte pour « carence fautive ».
Une action qui intervient après une mise en demeure envoyée au mois de juillet à à Philippe Tabarot, ministre des Transports, ainsi qu’à Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, qui n’étaient pas encore démissionnaires.
Quels sont au fait les effets de ces logiciels truqués toujours dans la nature ? « Ces véhicules peuvent émettre entre deux et dix fois plus d’oxydes d’azote [NOx] que ce qu’ils sont censés émettre », explique Anne Lassman-Trappier, responsable qualité de l’air à France nature Environnement au micro de France Inter.
Le CREA (Centre for Research on Energy and Clean Air) a fait le compte macabre au printemps dernier de cet excès. Et selon l’organisme, il aurait généré pas moins de 16 000 décès supplémentaires. De même, l’ONG indépendante a chiffré les dégâts économiques de l’affaire à 101 milliards de dollars. Le CREA va plus loin et extrapole ces retombées jusqu’en 2040 en expliquant qu’elles pourraient générer 8 000 décès supplémentaires, auxquels il convient de rajouter 45 milliards supplémentaires.
Sauf que l’organisme explique dans son étude qu’elle tient compte de la durée de vie des voitures incriminées. Mais, même en ne prenant en compte que les derniers modèles de 2019 ainsi équipées (les Volkswagen n’en disposent plus depuis 2016), l’ONG estime que ces autos rouleraient 21 ans. Certaines en sont capables, mais toutes ne risquent pas d’atteindre cet âge vénérable dans un pays ou l’âge moyen du parc atteint 11,2 ans.
Des corrections apportées, mais avec retard
Mais quelle que soit la bataille des chiffres, il est évidemment du ressort des marques, et au-delà, des pouvoirs publics de veiller au bon respect des rappels, ce qui ne semble pas avoir été le cas. Sauf pour Peugeot, qui a rappelé ses 308 concernées au début du mois de septembre, soit un an après le signalement du service de surveillance du marché des véhicules et des moteurs (SSMVM) crée en 2020 pour régler ce problème.
Toujours chez Stellantis, un modèle Opel Meriva, lui aussi incriminé a été rappelé l’an passé. Qu'en est-il des autres marques ? Volvo, épinglé en 2023 pour l’une des motorisations de son break V40 n’a pas encore répondu à la demande. Pas plus que d’autres constructeurs. Peut-être qu’une citation au tribunal va inciter les ministères concernés à taper du poing sur la table. Histoire de conclure une affaire qui traîne depuis une décennie.
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