2. Que penser des antiradars ?
De plus en plus nombreux et modernes, gratifiés sans cesse de nouvelles fonctionnalités ("double sens", de discrimination, d'identification de la voie, etc.), comme évoqué dans la première partie de notre dossier, les radars automatiques n'en demeurent pas moins relativement repérables, et donc contournables, via les systèmes antiradars (Coyote et Waze principalement). De fait, ces derniers se révèlent plutôt efficaces, à part peut-être pour déceler les radars "mobiles mobiles"… Seront-ils bientôt interdits ? Rien n'est fait et, sûr, ce ne sera pas pour cet été !
Les boîtiers "d'aide à la conduite", les GPS et autres applications installées sur un smartphone, permettant d'alerter les usagers de la présence de radars, ne seront peut-être plus aussi efficaces dans quelques mois, en raison d'une éventuelle évolution de la loi les concernant (voir plus loin), mais en attendant, il ne fait aucun doute que les conducteurs qui en sont dotés ne courent absolument pas les mêmes risques que ceux qui n'en ont pas. C'est un fait, ces "antiradars" savent se montrer relativement efficaces.
Les deux poids lourds de ce marché sont Coyote et Waze. Tous deux revendiquent en gros une communauté de 5 000 utilisateurs. À côté d'eux, les autres acteurs, qui essaient de perdurer comme Wikango, ont bien du mal à rester visibles.
Comment fonctionnent-ils ? Il y en a qui annoncent des "zones de contrôle", soit des zones comprenant un radar (sans préciser s'il s'agit d'un fixe ou d'un mobile), d'autres des "zones de danger" ou des "zones de danger permanent", ce qui signifie que la zone est couverte par un radar fixe, ou bien des "zones à risque", entendez qu'il s'agit d'une portion où se trouve un radar mobile, ou bien encore des "zones à risque en mouvement", comprenez qu'il y a un radar "mobile mobile".
Peuvent-ils d'ailleurs être vraiment efficaces face à ces "radars mobiles nouvelle génération", ces RMNG, qui flashent dans le flot de la circulation ? Ces radars "mobiles mobiles" représentent certainement le talon d'Achille de ces antiradars. Ces voitures-radar seront en outre bientôt encore moins détectables, puisque les deux agents des forces de l'ordre, en uniformes, qui sont aujourd'hui présents à l'avant de ces véhicules, sont voués à disparaître, et à être remplacés par un chauffeur issu du privé, lequel sera donc en tenue civile…
Seul Coyote a mis en place des alertes particulières les concernant, mais force est de reconnaître qu'il est bien difficile de les tester. Il reste que ces "mobiles mobiles" ne représentent que 10 % du parc de radars automatiques, leur influence reste donc bien modeste pour le moment.
À côté de cela, tous donnent aussi pas mal d'informations complémentaires, comme les limitations de vitesse en temps réel, l'état du trafic, la présence d'embouteillages, d'accidents, des véhicules arrêtés sur le bas-côté…
Les plus et les moins des Coyote et Waze
Coyote
Il est possible soit d'acheter le boîtier indépendant, soit de télécharger l'application sur son smartphone.
Le boîtier : le moins cher est à 129 euros en ce moment, auquel il faut rajouter un abonnement annuel de 144 euros (ou 240 euros sur deux ans), afin de pouvoir disposer des alertes en temps réel.
L'appli sur smartphone : là, seul l'abonnement est payant et s'élève à moins de 50 euros pour un an, ou à moins de 90 euros pour deux ans. À noter que les acheteurs bénéficient également de 15 jours d'essai gratuits.
Ses avantages :
- Malgré pas mal de fausses alertes, en particulier en ce qui concerne ces "zones à risque en mouvement", sur lesquelles nous n'avons jamais aperçu de "mobiles mobiles" (étaient-ils déjà ailleurs ?), Coyote sait aussi viser très juste. À chacun de nos tests, les radars mobiles, pour le coup, ceux utilisés dans des voitures banalisées, mais à l'arrêt, ont été systématiquement annoncés.
- Ces multiples alertes font qu'il reste très présent dans l'habitacle et nous empêche de relâcher notre vigilance. Tant que les limitations de vitesse ne sont pas respectées, sur les zones de danger ou à risque, il maintient ainsi les alertes sonores.
Ses inconvénients :
- Il est payant, tout simplement !
- Il ne se montre pas aussi judicieux que le Waze en matière de navigation.
Waze
L'appli de Google est gratuite. Et elle devrait commencer à être intégrée au tableau de bord des véhicules neufs, notamment chez Ford, Toyota, Peugeot, Citroën et même bientôt Renault, à ce qu'il paraît. Indéniablement, Waze a le vent en poupe !
Ses avantages :
- L'appli est gratuite, tout simplement !
- Pour beaucoup, Waze est le système de navigation le plus efficace, permettant de trouver les chemins les plus rapides, en évitant autant que possible les bouchons (c'est surtout vrai pour les Franciliens).
Son principal inconvénient :
- On peut vite l'oublier ! Ses alertes, notamment en ce qui concerne la présence de radars, peuvent vite passer inaperçues. Contrairement au Coyote, ce n'est pas son cœur de métier. Le smartphone ne se met donc pas à "hurler" dans tous les sens en leur présence.
Ses "zones de contrôle" couvrent indéfiniment les zones où se trouve un contrôle avec de vrais policiers ou de vrais gendarmes, ou un radar fixe ou bien encore un radar mobile. Et il n'existe aucune alerte particulière pour les "mobiles mobiles".
La loi peut-elle les interdire ?
Fin avril, la France a déposé devant la Commission européenne un projet de décret visant "à interdire la diffusion, via des GPS, smartphones et tout autre appareil d’aide à la conduite, de toute indication permettant aux usagers de connaître la localisation des forces de l’ordre [en particulier celle des radars, NDLR] dans certains périmètres". Ces périmètres seraient alors communiqués par le gouvernement aux exploitants de ces services électroniques - à Coyote et Google, par exemple - et ne pourraient s’étendre sur plus de vingt kilomètres, ni dépasser vingt-quatre heures.
Un tel projet d'interdiction est-il crédible et doit-on s'attendre à ce qu'il voie vraiment le jour ? Difficile à dire pour le moment. D’autant plus que depuis son dépôt devant Bruxelles, un nouveau président de la République a été élu et un nouveau gouvernement nommé ! Or, un tel projet n'ira pas jusqu'au bout sans une réelle volonté politique.
Dans un premier temps, il reste également à voir si le projet passe la barrière de Bruxelles. Ce ne sera pas avant la fin juillet que nous saurons si la Commission européenne, elle-même, ou un ou plusieurs autres États membres se sont manifestés à l'encontre de ce projet. La procédure engagée devant la Commission doit en effet permettre de déceler si un tel projet peut faire obstacle à la libre circulation des biens au sein de l'Union européenne. Avant même l'ouverture d'un débat au niveau national, sur la légalité ou non d'une telle mesure, il reste donc possible que le coup d'arrêt provienne de Bruxelles.
Pour l'heure, aucune information de ce qui se passe là-bas ne filtre. Durant trois mois, à compter du dépôt de ce projet de décret, Bruxelles a interdiction de communiquer sur le sujet. Le ministère de l'Intérieur, pour sa part, via la voix du délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe, s'est refusé à tout commentaire, lorsqu'on l'a interrogé sur ce décret lors de la présentation du bilan définitif de la mortalité routière, lundi dernier. Enfin, Coyote, de son côté, ne répond pas non plus à nos sollicitations…
Une certitude : les antiradars ne seront aucunement impactés par de nouvelles mesures dès cet été ! Et si un tel décret devait se confirmer, ce ne serait certainement pas avant la fin de cette année 2017, et même avant l'an prochain…
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