L’électrification des flottes d’entreprises avance cahin-caha
La France espérait voir les flottes professionnelles s’électrifier à toute berzingue. Cinq ans après la loi d’orientation des mobilités (LOM) et quatre ans après la loi Climat et résilience, la transition avance moins vite que prévu.

Une étude publiée ce 21 octobre 2025 par le Service des données et études statistiques (SDES) de l’État, met en exergue la difficile transition écologique des flottes. À peine un véhicule sur cinq respecte les seuils fixés pour le verdissement des flottes.
Les entités publiques doivent intégrer entre 30 % et 50 % de véhicules à faibles émissions (VFE) dans le renouvellement de véhicules légers et les entreprises privées au moins 20 %. Pourtant les voitures (électriques, à hydrogène ou hybrides rechargeables) émettant moins de 50 g de CO₂/km tardent à remplacer les modèles thermiques en parcs.
Des objectifs ambitieux, des résultats modestes
En 2024, le secteur public enregistre 28 % de VFE, contre 19 % dans le privé. Si l’ensemble des acteurs se rapprochent de leurs obligations légales, derrière cette moyenne, les disparités sont criantes. Seule une entreprise sur quatre atteint effectivement la cible réglementaire.
Les flottes de l’État tirent leur épingle du jeu avec 32 % de véhicules propres, tandis que les collectivités locales plafonnent à 27 %. Dans le privé, l’industrie s’en sort un peu mieux grâce à ses hybrides rechargeables, mais les secteurs de la construction et du transport restent à la traîne.

Verdir oui, mais pas à tout prix
Pourquoi tant de prudence ? Le coût d’acquisition demeure le premier frein à l’engagement électrique. Si les prix des véhicules électriques ont baissé, ils restent élevés à l’achat, et leur rentabilité dépend fortement du kilométrage parcouru. Pour beaucoup d’entreprises, le calcul économique reste fragile.
Vient ensuite la question des infrastructures de recharge, encore trop inégales selon les territoires et les sites d’activité. Adapter des parkings d’entreprise, installer des bornes, repenser la logistique interne : autant de dépenses et de contraintes techniques qui freinent les plus petites structures.
Les habitudes de gestion jouent également leur rôle. Dans de nombreux secteurs, et de nombreux gestionnaires de parcs, le véhicule électrique reste encore perçu comme une option « pilote » plutôt qu’une solution de masse. L’industrie, par exemple, privilégie encore les hybrides rechargeables, jugés plus flexibles aux voitures à batteries. Quant aux services et au commerce, ils avancent au rythme des renouvellements naturels de flotte, souvent sur des cycles de cinq à sept ans.
Une transition à deux vitesses
La commande publique s’impose comme moteur du verdissement des flottes. À l’inverse, le secteur privé, pourtant majoritaire en nombre de véhicules, reste en retrait. Sur les 2,5 millions de véhicules soumis à l’obligation de verdissement, 81 % appartiennent à des entreprises privées, mais l’intégration de modèles électriques dans leurs flottes se fait à faible tension. 26 % des entreprises concernées n’ont acheté aucun véhicule à faibles émissions en 2024, et la moitié n’a pas atteint son quota. Afin d’accélérer le mouvement de la transition électrique, le gouvernement a décidé de resserrer la vis.
Les mesures incitatives se durcissent
Depuis le 1ᵉʳ mars 2025, une taxe annuelle incitative (TAI) s’applique aux entreprises possédant plus de cent véhicules légers ne respectant pas leurs quotas de verdissement.
Cette mesure récente, n’a pas encore livré ses effets, mais le SDES estime qu’elle pourrait changer la donne à mesure que les pénalités financières seront appliquées aux contrevenants. D’autres pistes sont à l’étude : abaisser le seuil d’application à 50 véhicules, renforcer les contrôles, voire exclure à terme les hybrides rechargeables du calcul des quotas, pour pousser vers le 100 % électrique.
La crise du marché des flottes
Pourtant la dynamique existe. Les flottes se transforment, les infrastructures s’étoffent, et les conducteurs eux-mêmes s’habituent à l’électrique. Mais la vitesse du renouvellement du parc automobile est à la peine.
Le marché des flottes connaît un mini krach. Sur les 9 premiers mois de l’année les immatriculations de voitures particulières (62 % des achats de véhicules professionnels), reculaient de 11 % sur les neuf premiers mois de l’année, par rapport à la même période de 2024. Une spirale négative d’où émergent pourtant les ventes VE en progression de 51,6 % en septembre. Suffisant pour ne pas court-circuiter les objectifs de verdissement des flottes ?
















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