Et si les SUV étaient des voitures comme les autres ?
Ils sont partout, dans tous les segments, au rayon des citadines comme à celui des grandes familiales à 7 places. Les SUV ont pris le pouvoir, reléguant les autres genres à la marge. Alors plutôt que de les traiter de « Sport Utility vehicles », ou de baroudeurs, appelons-les tout simplement des voitures.
De quel sexe est la nouvelle Megane E-tech électrique qui sera sur les routes en mars prochain ? Est-ce une fille ou un garçon ? Un SUV ou une berline, un break ou un coupé ? On n’en sait trop rien. En tout cas, sa hauteur est à peine de 6 cm supérieure à la compacte Renault actuelle. Alors, pour le SUV haut sur pattes, on repassera. Quant à sa concurrente, la Volkswagen ID3, elle est plus courte que la Golf 8, et guère plus haute. En ce qui concerne la première comme la seconde, pas certain non plus que le qualificatif de baroudeur leur sied à merveille.
Une dénomination du XXe siècle
Et pourtant, chaque jour, à chaque nouvelle auto qui apparait sur le marché, la cohorte de spécialistes, qu’ils soient journalistes, économistes ou garagistes s’échinent à les ranger dans des cases. Sauf que les cases en question sont restées figées au XXe siècle. À l’époque, la vie et l’automobile étaient simples. Il y avait de bonnes vieilles berlines à coffre, des compactes à hayon, des breaks, des coupés et des 4x4. Et en dehors de ces genres, point de salut.
Fort de ces étiquettes bien rangées, les observateurs se trouvèrent fort marris en voyant débarquer les Mercedes Classe M en 1997, le BMW X5 en 1999, et surtout la plus démocratique Nissan Qashqai en 2007. Panique à bord, comment baptiser ses Ovnis ? Alors, faute de pouvoir les caser dans les segments existants, et faute de leur en concevoir un tout neuf, avec une dénomination rien que pour eux, on s’en est allé farfouiller de l’autre côté de l’Atlantique. Là-bas, du côté de chez Jeep et consorts, on fabriquait des Sport Utility Vehicles, des tout-terrain qui ne connaissaient plus qu’un terrain : la route. Banco, appelons les ainsi, ça leur donnera un petit air d’Amérique.
On a bien tenté de nuancer cette auto utilitaire et sportive qui n’avait pas grand-chose de sportive et absolument rien d’utilitaire en tentant de l’appeler crossover, ou mélange des genres, puisque ces voitures utilisaient des plateformes de berlines avec des coques façon 4x4. Mais le terme n’a eu aucun succès, et hormis les journalistes en mal de synonymes, personne ne l’utilise. Alors le SUV s’est imposé, dans le dictionnaire comme dans les shows rooms des concessionnaires.
Mais aujourd’hui qu'ils sont partout, reléguant les monospaces au musée et les berlines dans les garages des seniors, il serait peut-être temps d’en finir avec ces trois lettres qui ne signifient pas grand-chose. SUV B, comme la Toyota Yaris Cross, SUV C comme la Peugeot 3008, SUV D, façon Kia Sorento, il y en a pour tout le monde, en attendant les SUV microcitadines. En plus, ils ne risquent pas de disparaître avec la bascule imminente vers le tout électrique et les planchers bourrés de batterie qui prennent de la place et qui sont mieux protégés avec une garde au sol conséquente.
La voiture est du genre féminin
Alors, quand toute la production ne sera plus que SUV, peut-être arrêterons-nous de parler de SUV pour revenir à ce qu’ils sont : des autos. L’avez-vous remarqué ? Depuis le début de cet article, tous les SUV, crossovers, baroudeurs sont écrits au féminin, comme la Qashqai ou la 3008. Pourquoi ce changement de genre ? Parce que ce sont des voitures, ou des autos, tout simplement.
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