Essai - Renault Grand Scénic 1.7 Blue dCi 150 : l'élève moyen
Les dernières normes de pollution, sévères, impliquent un chambardement chez tous les constructeurs. Renault déploie donc, sur toute sa gamme, de nouveaux diesels baptisés "Blue dCi". Au tour aujourd'hui des Scénic et Grand Scénic, dont nous essayons aujourd'hui le plus long, équipé du 1.7 Blue dCi 150 ch, en finition Intens.
Sommaire
Note
de la rédaction
13/20
Note
des propriétaires
En bref
Nouveau moteur diesel 1.7 Blue dCi
Remplace les 1.6 dCi 130 et 160 ch
Respecte les normes Euro 6 D-Temp
À partir de 35 200 € en version 150 ch
Le Scénic, petit ou grand format, nous l'avons déjà essayé à de nombreuses reprises. Et ceux qui nous suivent le connaissent déjà bien. Mais depuis son lancement commercial, fin 2016, de nouvelles normes de pollution, ainsi qu'un nouveau cycle d'homologation ont fait leur apparition.
Renault, plutôt en retard au niveau de ses technologies diesel, ne pouvait plus, même avec la meilleure des bonne volonté, satisfaire les nouvelles normes. Le choix d'utiliser un piège à Nox (oxydes d'azote) plutôt qu'un catalyseur SCR (réduction catalytique sélective), comme depuis longtemps chez PSA par exemple, lui a imposé de tout revoir.
Ainsi, tous les moteurs diesels sont revus. Le 1.5 dCi 110 est devenu 1.5 Blue dCi 115 sur certains modèles. Un 2.0 Blue dCi a fait son retour en version 160 ou 200 ch, sur Talisman et Espace. Sur d'autres modèles, les 1.5 dCi 110 et 1.6 dCi 130 et 160 ch ont été remplacés par un unique 1.7 Blue dCi, en deux niveaux de puissance : 120 ch et 150 ch. C'est le cas du Scénic qui nous intéresse aujourd'hui.
Nous l'avons donc repris en main, doté de la version la plus puissante de ce 1.7, qui développe 150 ch à 3 500 tours/min et 340 Nm de couple à 1 750 tours/min. Il n'est pour l'instant disponible qu'en boîte mécanique à 6 rapports. Précédemment, le 1.6 dCi 130 était disponible uniquement en BVM, et le 1.6 dCi 160 uniquement en boîte EDC à double embrayage. Et comme son nom l'indique, il adopte le système de dépollution le plus efficace contre les Nox à l'heure actuelle, soit la réduction catalytique sélective, avec injection d'Adblue au niveau de l'échappement. Il faut donc penser à faire le plein de ce liquide régulièrement. Une nouveauté pour les propriétaires de Renault.
Un nouveau diesel pas vraiment en forme
Alors que vaut ce nouveau bloc ? Sincèrement, il est un peu décevant. Malgré une cylindrée en hausse, sa puissance maxi est inférieure à celle du 1.6 160 qu'il remplace. Certes, ce dernier bénéficiait de 2 turbos, et lui d'un seul. Mais le couple est également en retrait, avec 340 Nm, contre 380 Nm pour le 1.6 160, et il se retrouve à peine supérieur à celui de l'ancien 1.6 dCi 130 (320 Nm).
De fait, les performances sont un peu en berne par rapport à ce que l'on pourrait attendre d'un diesel de 150 ch. Les chiffres confirment cette impression. Si la vitesse maxi reste intéressante (208 km/h), mais rarement exploitable, le 0 à 100 km/h réalisé en 12,4 s place le Grand Scénic bien loin de ses concurrents. Un Citroën Grand C4 SpaceTourer 2.0 BlueDI 160 EAT8 réalise l'exercice en 10,3 s, le même en 1.5 BlueHDI 130 boîte mécanique annonce 10,9 s, et un Volkswagen Touran 2.0 TDI 150, le plus véloce de la bande des monospaces compacts, ne met que 9,3 s !
Autant dire que le Renault est largement distancé. Et au volant, ça se ressent. Les accélérations sont certes suffisantes pour rouler en toutes situations (et heureusement, avec 150 ch), mais restent molles. On a cette impression constante qu'il manque quelques chevaux.
Les reprises, après un bref "effet couple" lors de l'enfoncement de la pédale, sont également placides, si on les compare à celles du Grand C4, ou du Touran. Même le Kia Carens (plus commercialisé aujourd'hui), pourtant en déficit de puissance avec ses 141 ch, nous était apparu plus véloce.
Le Scénic paye ici très certainement son poids plus élevé d'au moins 100 kg par rapport à ses collègues. Mais ce nouveau 1.7 semble aussi intrinsèquement peu "sportif".
De plus, il est également très moyen au niveau de l'insonorisation, laissant échapper pas mal de grondements à l'accélération, là où les 1.5 et 1.6 remplacés étaient plus civilisés. Heureusement, à vitesse stabilisée, il redevient très discret. Et les BlueHDI PSA connaissent le même souci...
En ville, son Stop and Start est discret, sa souplesse appréciable. Il subit moins ce désagréable creux à bas régime, bien connu des possesseurs des anciens dCi. Mais en contrepartie, sa commande de boîte est accrocheuse. Un défaut que l'on peut mettre au compte du peu de kilomètre de notre exemplaire, car la commande était déjà plus souple à la fin de l'essai qu'au début.
Également à mettre sur le dos d'un rodage encore en cours, une consommation que l'on peut qualifier de décevante. Avec 7,2 litres de moyenne sur un bon millier de kilomètres, dont 600 d'autoroute, et quasiment pas de ville, ce 1.7 Blue dCi 150 ne fait pas mieux que l'ancien 1.6 dCi 160 EDC, et ses concurrents se contenteront en moyenne d'un litre de moins ns la vraie vie. Cela dit, ce chiffre devrait baisser quelque peu avec les kilomètres engrangés.
Pour résumer le chapitre mécanique, on peut dire que Renault n'a pas sorti ici le meilleur des blocs diesels du marché, loin s'en faut. Il s'acquitte de sa tâche avec application, mais ne brille dans aucun domaine.
Hors motorisation, le Grand Scénic garde ses qualités... et défauts
Pour le reste, le Grand Scénic conserve les qualités et défauts déjà relevés. Avec son look de crossover, et bien campé sur ses grandes jantes de 20 pouces, il plaît et ressemble même à un Espace vu de l'arrière. Ses 22 cm de plus que la version courte, dont 8 cm dédiés à l'empattement, permettent d'améliorer l'habitabilité, et de caser 2 places d'appoint dans le plancher de coffre (une option à 600 €). Ces dernières ne serviront qu'en secours ou pour de très jeunes enfants, car elles sont exiguës, plus que dans un Citroën Grand C4 Space Tourer. Lorsqu'elles sont absentes (donc en version 5 places), le volume de coffre grimpe de 533 à 718 litres, ce qui est une bonne valeur.
La banquette du Scénic s'escamote dans le plancher pour former un espace plat (ou quasi), ce qui est plus pratique que dans la précédente génération, où il fallait démonter les sièges et les stocker pour obtenir le volume maxi. Il est ici de 1 901 litres. Suffisant pour aider lors d'un petit déménagement. Mais cette même banquette ne possède qu'une fonctionnalité 60/40. Exit les sièges individuels. Une commande, baptisée "One-Touch", située dans la coffre, permet de tout rabattre électriquement en appuyant sur un seul bouton. Pratique.
Côté présentation et finition, le Grand Scénic reprend des couleurs. Il est bien fini, bien assemblé, et moderne de présentation. La tablette de 8,7 pouces verticale permet de tout gérer, mais son ergonomie en termes de menus et sous-menus est complexe. Il faut passer du temps pour l'apprivoiser, car ce n'est pas toujours naturel.
Les autres commandes tombent bien sous la main, et le système Multisense, qui permet de sélectionner plusieurs modes de conduite, offre la possibilité de modifier la réponse moteur, l'assistance de direction, ou le bruit moteur (via les haut-parleurs). Les différences entre chaque mode sont ténues cependant, et les suspensions restent classiques, donc le comportement routier ne change pas.
Ce dernier est typé dynamique, ce qui plaira aux amateurs de conduite. Le Scénic 4 est effet ferme sur ses appuis, prend très peu de roulis, et enchaîne donc les virages avec aisance. En contrepartie, le confort est assez ferme, et les saignées de la route se font bien sentir, les jantes de 20 pouces y étant pour quelque chose aussi. Cela dit, on n'est jamais réellement secoués, et il serait abusif de dire qu'il est inconfortable. Le compromis est simplement plus orienté vers le plaisir de conduite que vers le moelleux. Un choix assumé.
Un rapport prix/équipement intéressant
Enfin, côté équipement, la finition Intens de notre modèle, située donc juste en dessous le haut de gamme Initiale Paris, est déjà très bien dotée. Avec la finition Business Intens, ce sont les trois seules disponibles avec la version 150 ch de ce Blue dCi, qui fait l'impasse sur les entrées de gamme Life et Zen.
Pour 35 200 €, soit au passage 1 600 € de moins que l'ancien 1.6 dCi 160 EDC, mais 1 600 € de plus que le 1.6 dCi 130 aux performances déjà supérieures (sauf V-max), elle comprend tous les éléments de sécurité habituels à ce niveau (freinage automatique d'urgence avec reconnaissance des piétons, reconnaissance des panneaux de signalisation, le régulateur/limiteur de vitesse, l'alerte de franchissement de ligne, l'alerte de véhicule dans l'angle mort, la détection de fatigue, la caméra de recul, l'aide au parking avant et arrière, etc). Mais aussi le système d'alerte précollision, le système multimédia R-Link 2 avec compatibilité Android Auto et Apple Car Play, la carrosserie bi-ton, les projecteurs full LED, l'affichage tête-haute et le système Multisense.
On notera des "oublis" étonnants à ce niveau de gamme comme le réglage des sièges électriques, les sièges chauffants, la sellerie cuir, qui sont des options, et ne sont de série que sur l'Initiale Paris. Mais globalement, le rapport prix/équipement de ce Grand Scénic est avantageux. Pareillement équipé, le Citroën Grand C4 Space Tourer est aussi cher, et le Touran 3 000 € plus onéreux.
Chiffres clés *
- Longueur : 4,63 m
- Largeur : 1,86 m
- Hauteur : 1,66 m
- Nombre de places : 5 places
- Volume du coffre : 533 l / 1901 l
- Boite de vitesse : Méca. à 6 rapports
- Carburant : diesel
- Taux d'émission de CO2 : 127 g/km
- Bonus / Malus : NC
- Date de commercialisation du modèle : Décembre 2018
* pour la version IV 1.7 DCI 150 BLUE INTENS.
Le bonus / malus affiché est celui en vigueur au moment de la publication de l'article.
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