Il ne faut pas croire que les petits aménagements qui ont un effet boomerang ou indésirable ne sont concentrés que dans une ou deux régions géographiques car ils sont généralisés à peu près dans toute la France.
Pour preuve, nous en avons déniché dans le Sud-Ouest de la France, et plus précisément à Mont-de-Marsan dans la préfecture du département des Landes.
Pour cette municipalité, la lutte contre la vitesse au cœur de la ville est devenue l’une des priorités. Certains axes considérés à risques ont donc été aménagés afin de forcer les automobilistes à ralentir. Ainsi, après les traditionnels ralentisseurs (de petite taille, genre gendarmes couchés, ou plus volumineux), l’administration a décidé de mettre en place des chicanes symbolisées par des plots en plastique.
Même si l’idée pouvait paraître séduisante sur le papier, le procédé a rapidement montré ses limites. En effet, les automobilistes ralentissaient très peu et ceux qui tentaient de franchir ces obstacles sans décélérer avaient tendance à prendre les plots pour des quilles de bowling.
Résultat : au bout d’un mois, il ne restait pas grand chose de cette signalisation qui avait soit totalement disparu, soit se trouvait couchée sur le sol. La municipalité devait donc les renouveler sans cesse, ce qui ne représentait pas vraiment une solution efficace.
Partant de ce constat, l’administration a décidé de les remplacer par des coussins berlinois. Ce système est composé de quatre carrés que l’on assemble afin d’un constituer un plus important. De cette façon, toute la file de circulation est couverte et deux suffisent à limiter la vitesse sur une route entière. Quand nous avons demandé aux services techniques municipaux la raison de ce choix, nous avons eu droit à cette réponse :
"Les coussins berlinois sont très efficaces car ils permettent de freiner les véhicules légers sans perturber la circulation des deux roues car il faut savoir que les ralentisseurs traditionnels les gênent considérablement."
Le contre-exemple type
Même si cette solution semble partir d’un bon sentiment, on s’aperçoit très vite à l’usage que ces coussins ne sont pas exempts de reproches. En effet, renseignements pris, nous avons eu vent d’accidents causés en partie par ces équipements.
Le meilleur exemple est celui de Mme S. Pour rejoindre son domicile cette conductrice passe régulièrement par l’endroit en question. Alors qu’elle empruntait cette route à une allure plus élevée que d’habitude, sa Renault Clio a littéralement décollé pour finalement atterrir sur le lampadaire le plus proche.
Résultat : une voiture très amochée (phare droit, portières avant et arrière, direction assistée, peinture, etc.) avec pas moins de 3 049 € (environ 20 000 F) de réparations. Sur le plan physique, plus de peur que de mal car la conductrice est sortie indemne de cette aventure.
Même si cet exemple n’est pas significatif sur un plan statistique, il faut bien reconnaître qu’il est assez révélateur des désagréments que ces coussins berlinois peuvent entraîner. Parmi les autres inconvénients, on peut également citer les infractions au Code de la Route que ces dispositifs peuvent susciter. En effet, les automobilistes qui veulent éviter ces ralentisseurs ont tendance, soit à monter sur les trottoirs, soit à franchir les lignes blanches pour se retrouver sur l’autre sens de circulation. Quelle que soit la solution choisie par les conducteurs fraudeurs, ils mettent forcément en danger la vie des autres.
Pour un équipement qui devait à la base protéger les usagers, il faut bien admettre que la mission est un peu ratée. Par ailleurs ces "coussins" sont également très dangereux pour les deux-roues, qu’ils soient motorisés ou non. Nous avons interrogé à ce sujet la Direction Départementale de l’Equipement des Landes qui répond simplement que ces dispositifs peuvent être contournés par les deux-roues. En voilà une solution intelligente : on pousse donc les usagers les plus vulnérables à faire des écarts sur la chaussée, juste pour éviter des ralentisseurs !
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