Un réveil brutal
En dominant, sans trop d'efforts, son rival américain, Ferrari se voit conforté dans son choix du changement dans la continuité et aborde les 24 Heures du Mans avec un certaine sérénité. En présentant juste avant la course deux nouveaux prototypes animé s par de gros V8 de 7 litres, Ford vient de jeter un pavé de taille dans la "mare rouge" : pilotée par Phil Hill, une Mk II pulvérise le record du tour aux essais à 227 km/h de moyenne, relèguant la meilleure Ferrari, celle de Surtees à plus de cinq secondes! L'arrivée impromptue de ces "monstres" bouleverse soudain toutes les savantes stratégies de course de la Scuderia, d'autant que les "petites" GT 40 ont fait jeu égal avec P2 aux essais. Confrontés, pour la première fois depuis trop longtemps, à une réelle menace, les prototypes Ferrari avouent leurs limites. Parties en tête, les Ford sont également les premières à céder, mais le "Train Rouge" qui a a pris le relais dès la troisième heure de course connaît bientôt de chaudes alertes. Dès 23 heures, Surtees inaugure la listes des arrêts au stand où il perd vingt minutes pour changer une suspension. Puis, tout s'enchaîne très vite. Les P2 officielles souffrent toutes du même mal : les nouveaux disques de frein ajourés ne résistent pas et se fêlent. La décision de les remplacer par les anciens disques pleins va s'avérer très cou use en temps. En perdant de 40 à 50 meutes à leur stand, les e ri ont perdu toute chance de s'imposer d'autant que le mal est plus profond. En effet, pour compenser la faiblesse de leurs freins, les pilotes ont eu recours à de fréquents rétrogradages. Si les V12 ont résisté, les boîtes et les embrayages sont à bout de souffle et rendent vaine toute poursuite. A trois heures du matin, tout est joué. Les trois P2 "Usine" tournent au ralenti dans le seul espoir de rallier l'arrivée, mais trop gravement blessées, elles sont décimées dans la matinée. Après avoir perdu la 365 P2 de Bonnier-Piper sur une rupture d'échappement et contraint d'oublier celle de Rodriguez-Vaccarella trop retardée, Ferrari ne peut alors compter que sur les deux LM de l'écurie Francorchamps et du NART.
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