La preuve par neuf
Essoufflés par leur duel de prestige avec les Ford, les prototypes Ferrari ont tous sombré dans la bataille pendant la nuit du Mans. Menée à un rythme de Grand Prix par Jochen Rindt et Masten Gregory, une 275 LM "privée" va sauver l'honneur et offrir à Ferrari sa neuvième victoire aux 24 Heures. La sixième consécutive, mais aussi la dernière à ce jour. Analyse de la fin d'un règne...
Secouée par une énième guerre de palais, qui a vu les ingénieurs Carlo Chiti et Giotto Bizzarini claquer la porte de Maranello, la Scuderia semble retrouver sa sérénité à la fin de la saison 1963. La fameuse 250 GTO vient de survoler pour la seconde année consécutive le championnat du monde des marques tandis que les nouvelles 250 P à moteur central ont non seulement pris victorieusement la succession des Testa Rossa au Mans, mais également enlevé le Trophée International des Prototypes. Tout semble donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes pour Ferrari, d'autant que Forghieri et Surtees qui travaillent d'arrache-pied sur la 158 F1 vont bientôt retrouver le chemin du succès. Pourtant, sous cette apparente sérénité, Enzo Ferrari perçoit une sourde menace même si pour l'instant, il ne peut enrichire toute la dimension. Ford, à grand renfort de publicité, vient d'annoncer son arrivée dans l'arène sportive. Le temps n'est pas encore à l'inquiétude mais les négociations maladroites visant le rachat de Ferrari par le géant de Detroit ont laissé plané un malaise. Le Commendatore et son entourage sourient encore de la naïveté et de l'inexpérience de leurs futurs rivaux.
Mais, lucides, ils ont été ébranlés par leur détermination et surtout par l'ampleur de leurs moyens financiers qui, à l'échelle européenne paraissent illimités. Lorsque le projet GT 40. voit le jour après un lancement digne d'une super production hollywoodienne, Ferrari se sent soudain investi d'une mission presque sacrée. Il se veut le défenseur des anciennes valeurs, prouver la supériorité de son approche de la course faite d'expérience et de noblesse mécanique. Il veut donner une leçon à ces Américains prétentieux, convaincus que leurs Dollars et leurs ordinateurs peuvent à eux seuls faire triompher des voitures propulsées par de "vulgaires" V8 dérivés de la grande série... Guidé par son seul orgueil, Ferrari va entraîner la Scuderia vers une escalade de la puissance qui va bientôt la dépasser/d'autant que sa position s'est considérablement affaiblie sur le plan international.
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