Le choc de deux mondes
Fort de son prestige et d'un sens aigu de la politique, Enzo Ferrari a pris de bien mauvaises habitudes depuis plus d'une décennie. En nouant de savantes alliances tantôt avec les Britanniques contre les Allemands, tantôt avec les Allemands pour lutter contre les Britanniques, Ferrari) usant du soutien inconditionnel de la Fédération italienne arrive toujours à ses fins.
La meilleure preuve en a été apportée par l'homologation en catégorie GT de la 250 GTO/même si la production de celle-ci est bien loin d'atteindre les 100 exemplaires comme l'exige le règlement. En 1962, la manoeuvre n'est contestée que par le seul Carol) Shelby, dont les Cobra rêvent de bousculer ces arrogantes, mais superbes italiennes. Deux ans plus tard/lorsque Ferrari tentera un nouveau coup de force, en voulant faire homologuer en GT sa 250 LM, il trouvera non seulement Shelby sur son chemin, mais aussi une Fédération américaine moins timorée qui pèsera de tout son poids sur la C.S.I. (Commission sportive Internationale). Cette dernière ne veut plus signer un chèque en blanc et se contenter des bonnes intentions d'Enzo Ferrari qui promet le lancement d'une série de 110 exemplaires de la LM. Dans l'attente d'une homologation qui devient de plus en plus hypothétique, beaucoup d'acheteurs potentiels gèlent ou annulent leur option. Victime d'un préjudice financier important, mais surtout mortifié dans son orgueil, Enzo Ferrari va entrer dans l'une de ses légendaires colères. Il tonne, il charme mêlant tour à tour chantage et gémissements/mais rien n'y fait, la C.S.I reste inflexible. A bout d'arguments, il promet la même année d'abandonner la compétition jusqu'à la fin de l'année 84. Une décision des plus théâtrales qui ne trompe personne d'autant que Surtees est sacré champion du Monde de Fi à Mexico sur une Ferrari, engagée symboliquement sous les couleurs du NART de Luigi Chinetti. Cette comédie "à l'italienne" n'a en rien profité à la LM qui n'intéresse plus grand monde à Maranello où l'on s'est une fois de plus dispersé et oublié un certain réalisme. De plus, regonflés par le titre mondial de Surtees, les hommes de Ferrari retombent une fois de plus dans leur complexe de supériorité. On les sent impatients de donner une leçon à ces Américains qui osent venir les défier sur leur terrain de jeu favori: l'endurance. Mais, en ont... ils encore les moyens ?
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