La grande illusion
Faute d'un budget confortable mais surtout habitué à triompher depuis trop longtemps sans péril, Ferrari ne va pas prendre toute la dimension de la menace. Ainsi, à Maranello, on va se contenter de faire évoluer les 275 P et 330 P en versions P2, alors que la réalisation d'un nouveau modèle aurait logiquement dû s'imposer. Mauro Forghieri, va tout de même réussir à retarder l'échéance, et entretenir l'illusion par son simple talent. Selon une technique déjà adoptée en Fl, le jeune ingénieur va obtenir une meilleure rigidité du châssis en rivetant des panneaux d'aluminium sur la structure tubulaire. Un travail rendu indispensable pour "digérer" les puissances portées à 350 ch (type 275) et 410 ch (type 330) des nouveaux V12 à double arbre mais qui va cependant se révéler insuffisant. L'intendance a du mal à suivre cette escalade de puissance: boîtes de vitesses, embrayage et disques de freins. Sous dimensionnés ou mal adaptés avoueront leur faiblesse. Enfin, l'imposant pare-brise, presque vertical, qui semble rajouté en dernière minute, alourdi non seulement la pureté de la ligne mais offre une sérieuse prise au vent. La silhouette, un peu désuète, trahit finalement l'esprit qui a présidé à la réalisation de la P2 : "faire du neuf avec de l'ancien". En dépit de son aspect peu homogène, la fausse nouveauté, forte de la fiabilité de ses V12, va tout de même prouver qu'elle possède de beaux restes : meilleur temps aux essais préliminaires du Mans, elle y éclipse les Ford GT 40 avant de les dominer à Monza, et au Nürburgring, puis de triompher des Porsche à la Targa Florio.
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