Tout savoir sur le Toyota APM, la navette officielle des Jeux Olympiques
Qui a dit que Toyota se refuse obstinément à produire des véhicules électriques crédibles ? C’est totalement faux, d’ailleurs en voici un digne d’intérêt. OK, sa vocation n’est pas d’emmener votre famille des Hauts de France jusqu’à la Côte d’Azur d’une seule traite, mais pour la mission qui est la sienne, il est rudement bien conçu.
Vous l’avez deviné (du moins on l’espère), si nous annonçons que ce petit engin sera bientôt partout dans les rues de Paris, ce n’est pas suite à la énième décision de la Mairie, mais parce qu’il sera en service durant toute la période des JO, et des Jeux Paralympiques. Et c’est à quelques semaines de la cérémonie d’ouverture que nous avons été invités à découvrir l’APM, pour Accessible People Mover. En français : transporteur de personne accessible. Rendez-vous donc à Zaventem, juste à côté de Bruxelles, ou Toyota a établi son QG européen, ainsi qu’un de ses plus importants centres de développement. C’est là qu’est né l’APM, même si les concepteurs ne sont pas partis d’une feuille tout à fait blanche.
Tokyo 2020
En effet, Toyota n’en est pas ici à son coup d’essai. Il faut savoir que le constructeur japonais est devenu en 2017 l’un des partenaires majeurs du CIO (Comité International Olympique) et du CIP (Comité international paralympique). À ce titre, il avait déjà mis ses cerveaux au travail, avec pour mission de concevoir un petit engin pratique et peu encombrant, qui apporterait sa contribution au défi logistique que sont des JO. Pour Tokyo 2020, un premier APM était prêt, et a remarquablement fait son devoir. Mais cette première expérience avait pu mettre en lumière de possibles améliorations du concept. Par exemple, la rampe d’accès pour les fauteuils roulants s’était avérée trop lourde et difficile à manipuler. Et plus généralement, de par son design, l’APM était limité dans son usage de transport de personne. Il y avait moyen de faire mieux, et c’est exactement ce qui a été fait avec le nouvel APM.
Version 2
L’APM doit donc pouvoir transporter les personnes, qu’ils soient visiteurs, athlètes ou volontaires, qu’ils soient pleinement valides ou non. Mais à Tokyo, l’APM a aussi été mis à contribution pour le transport de marchandises, moyennant un peu d’inventivité de la part des utilisateurs. La seule chose que ne faisait pas le premier APM, c’était transporter des blessés sur un brancard. Voilà donc quelle était la feuille de route des concepteurs de la nouvelle génération.
Pour réaménager au mieux la « zone habitable », il a d’abord fallu repenser le packaging technique, et obtenir un effet domino positif. Nouveau châssis, roues avant repoussées dans les coins, pour pouvoir avancer aussi la position de la batterie, qui contribue à la rigidité de l’ensemble, qui permet de modifier l’architecture intérieure pour plus de polyvalence.
Le premier résultat visible si l’on compare à l’APM de Tokyo, c’est qu’on n’a besoin que d’un seul point de support central, au lieu de deux. Ce point est situé juste derrière les sièges avant, de part et d’autre, et grâce à cela, l’APM, quand il ne transporte pas du monde, peut aisément accueillir une europalette. Premier problème logistique résolu. Avantage suivant du nouvel APM : la convivialité. Il suffit de peu de chose, comme le fait de tourner les strapontins de la rangée centrale dos à la route, plutôt que face à la route, comme c’était le cas à Tokyo. Ce sont donc 4 à 5 passages qui se font face, ce qui est plus sympa pour discuter des épreuves olympiques du jour.
Ces strapontins centraux peuvent donc bien sûr ce que font les strapontins (se relever), et libérer ainsi de l’espace pour un fauteuil roulant. Nous disons un, car Toyota n’a prévu de système de sécurité que pour un fauteuil, tout en sachant qu’en pratique, l’APM en transportera souvent deux, côte à côte. Autre bonne nouvelle pour ceux qui assisteront les personnes en fauteuil à embarquer, la rampe d’accès est plus légère, et plus facile à manipuler. Enfin, un passager supplémentaire peut prendre place à côté du conducteur, qui vivra ainsi des journées moins solitaires.
Voilà pour la version « transport de personne », mais Toyota a aussi développé une version médicale de son APM. On en revient à la rigidité générale à la possibilité de déplacer les supports centraux, en l’occurrence du flanc du véhicule, vers l’intérieur, entre les sièges avant. Avec ça, et l’immense ouverture latérale, l’APM peut embarquer une civière, sur un dispositif pivotant et sécurisé, également mis au point par les ingénieurs du centre Toyota de Bruxelles. De l’autre côté, derrière le conducteur, il y a encore de la place pour deux secouristes, leur sac de matériel et une bouteille d’oxygène. Enfin, dans les montants arrière, sont rangés de longs « rideaux » que l’on tire jusqu’au pare-brise, et qui permettent de préserver l’intimité du blessé.
Uniquement sur les sites olympiques (ou presque)
Voilà donc toute l’ingéniosité que cache ce nouvel APM, dont le design, croyez-le ou non, tirerait son inspiration dans la pyramide du Louvre. Au total, 250 de ces petits engins, fabriqués dans l’usine portugaise de Toyota, seront déployés sur les sites olympiques, principalement à Paris, mais pas que. Avec 20 km/h en pointe et 100 km d’autonomie, ce sympathique bidule n’est évidemment pas homologué pour la route, mais la Ville de Paris lui accorde tout de même une dérogation du 15 juin au 15 septembre, pour circuler un nombre très limité de rues de la Capitale, entre certains sites olympiques. Les Parisiens sont prévenus…
Et après ?
Là est toute la question. Le partenariat entre Toyota et les instances olympiques prendra fin après les JO de Paris. Les APM ne seront donc pas réutilisés aux prochaines olympiades. De prime abord, le constructeur aurait donc investi à fonds perdu dans la conception et la fabrication de ses transporteurs. Mais ça ne l’empêche pas de continuer à multiplier les contacts avec différentes institutions, des municipalités par exemple, pour trouver de nouvelles missions aux véhicules. Après avoir passé quelques heures en sa compagnie, nous verrions bien l’APM dans le rôle de navette ou de véhicule de service dans un centre de vacances. Ou on le verrait bien dans les villes, utilisés par ceux qui assurent la propreté ou l’entretien des espaces verts. Et pourquoi ne pas imaginer une version raccourcie, qui viendrait piétiner les plates-bandes de la Citroën AMI. Le fait est que quand un petit bidule est si bien pensé, difficile de croire qu’il soit « à usage unique ».
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