Sécurité routière : la Cour des Comptes critique la politique de répression et ses conséquences
La répression de plus en plus accrue mise en place par les différents gouvernements porte ses fruits… du moins sur le plan financier. Pour le reste, il existe bien des questions, comme le prouve le dernier rapport de la Cour des Comptes qui remet également en question l’utilisation de l’argent collecté.
Le montant global des amendes perçues par l'État au titre de la circulation et du stationnement routiers s'est élevé à 1 817,9 millions d'euros au lieu de 1 607,7 millions d'euros en 2015 soit une augmentation de 11,6 %. Sur cette somme, 920 millions d'euros (+ 131 millions qu'en 2015) proviennent directement des radars de vitesse et de ceux qui contrôlent aux feux rouges et aux passages à niveau. Comme ces recettes augmentent, on serait tenté de conclure que l’efficacité des radars s’améliore. Eh bien non ! Car le nombre de morts sur les routes est en augmentation depuis les trois dernières années. Pour la Cour des Comptes, si cette augmentation des recettes est "« positive pour le budget de l'État » et témoigne « d'une meilleure efficacité » des radars, elle doit être « analysée au regard de l'objectif gouvernemental de diminution de la vitesse sur les routes, première cause d'accidents mortels ».
La Cour des comptes soulève également un autre problème : l’argent collecté par les radars ne servirait pas à améliorer les infrastructures comme prévu. Ainsi, « les recettes [...] financent des dépenses diverses, ventilées sur cinq programmes distincts, dont la finalité est pour certains éloignée de l'objectif stratégique de diminution de la mortalité sur les routes », peut-on lire dans la note d'analyse. Cela a bénéficié à l'Agence de financement des infrastructures de transport de France pour 119 M€, aux collectivités territoriales pour 51 M€, au désendettement de l'État pour 45 M€, mais également à d’autres domaines. Résultat, moins de 50 % de cet argent revient à la route. Et c’est justement ce dernier point qui prête le plus à contestation car on est très loin de la vocation originelle. Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d'automobilistes, estime sur ce point « qu’à partir du moment où l'on utilise l'argent des radars pour désendetter l'État, on peut considérer que c'est devenu un impôt, et on comprend que le gouvernement défende le soldat radar jusqu'au bout ».
Pour une fois, les associations de défense des victimes et des automobilistes sont d’accord pour contester l'augmentation incessante des amendes. C’est le cas de Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, qui préférerait des retraits de points « plus pédagogiques » au lieu des amendes.
Reste maintenant à connaître la politique du nouveau gouvernement en termes de sécurité routière mais il y a peu de chances que cela change.
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