Citroën C5, la voiture "inavouable" de Michel Holtz
Dans cette série estivale, les membres de la rédaction évoquent tour à tour une voiture qu'ils aiment tout en en ayant un peu honte. Aujourd'hui, Michel Holtz craque pour celle qui n'a jamais pu miser sur son physique : la berline des Chevrons des années 2000.

Comme une paire de pantoufles, la Citroën C5 est moche. Mais comme on est bien dans ses chaussons, on est bien dans cette auto. Sauf qu'il ne faudrait pas se présenter devant ses invités dans un tel accoutrement et que se promener au volant de la berline des Chevrons des années 2000 attire les moqueries.
D’ailleurs, elle est dessinée comme un chausson, en privilégiant l’intérieur, et en se foutant totalement du design extérieur et du qu’en dira-t-on. On en a d’ailleurs dit beaucoup de mal, lorsqu’elle a été dévoilée, avec faste, un jour de Mondial de l’auto en l’an 2000.
Une beauté cachée
Car à la regarder tournicoter sur son podium de salon, personne ne pouvait deviner ses qualités, puisque tout le monde devait se contenter d’observer son avant anodin, son profil boursouflé et sa face arrière sans le moindre rapport avec tout le reste.
Après cette apparition ratée, il a fallu attendre pour l’essayer. Mais ce jour venu, le vilain petit canard s’est transformé en cygne magnifique. Non qu’elle soit devenue plus belle d’un simple coup de baguette magique, mais il suffit de se glisser derrière le volant pour laisser opérer la magie, même sans conduire, même en s’asseyant à l’arrière.
Sa planche de bord est certes d’un plastique aussi dur qu'un budget d’austérité, mais le dessin de cette dernière, tout en symétrie, rattrape parfaitement les bêtises stylistiques de l’extérieur. À l’arrière, les assises sont larges et hautes. Même Victor Wembanyama y tiendrait à l’aise. Peut-être que ce dessin boursouflé du profil y est pour quelque chose.

Quant au coffre, plus proche du gouffre de Padirac que de la malle de voyage, il est tellement gigantesque que l’on peut se passer de la version break, même si d’aucuns la trouvent plus jolie que la berline.
Mais le vrai miracle, celui qui place la Citroën C5 très largement au-dessus du lot de ses contemporaines, et même des autos actuelles, c’est sa suspension, et ce qu’elle induit sur la conduite, et les lombaires de son propriétaire.
Cauchemar des enfants installés à l’arrière des grandes Citroën pendant des décennies, la fameuse suspension maison a changé. Celle de la C5 est bel et bien hydropneumatique, mais l’auto ne tangue pas comme un bateau en perdition. Pas de roulis, pas de vomi.

La C5 absorbe tout, contrôle tout, elle collecte les données, et adapte les suspensions et ses sphères à la route. Comme une IA d’avant l’IA, du temps de l’électronique. Résultat : ce tapis volant transforme le conducteur le plus énervé en moine zen. À bord, le temps s’écoule, et les kilomètres s’enchaînent sans peine, quel que soit le moteur qui se cache sous l’affreux capot.
L'auto de ceux qui voient plus loin qu'un vilain capot
Du fameux diesel HDI de 110 ch, aux versions essence de 138 ch au V6 de 210ch, ils font leur job, hormis le poussif 1,8 essence de 117ch, au couple oublié dans le tiroir des ingénieurs qui l’ont conçu.
Ces moteurs enchâssés dans une berline moche mais tellement séduisante auraient dû, à son époque, être recommandée par la Sécurité routière. Car à son volant, on se laisse flotter, on roule sans agressivité, on en devient même poli avec les malappris des autos d’à côté. Et dans sa première phase, de 2001 à 2004, comme dans sa seconde, qui a tenté, en vain, de la rendre plus regardable, cette première génération de C5 aura finalement convaincu ceux qui, en choisissant une auto, ne regardent pas que le bout de son capot.
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