Route de nuit : l'arnaque de la voiture propre, ou les limites de l'électrification
C'est un ouvrage au titre provocateur qui déboule en librairie ces temps-ci. L'arnaque de la voiture propre met à mal quelques illusions : celle de l'absence de pollution des nouveaux véhicules, celle de la durabilité de ces autos, et enfin, celle d'une décision politique cohérente. Pour parvenir à ces conclusions, son auteur, Nicolas Meunier, a quelques solides arguments à faire valoir.
D'emblée, commençons par commettre un crime de lèse-majesté en modifiant le titre de l'ouvrage. Plutôt que l'arnaque de la voiture propre, pourquoi ne pas l'appeler les limites de la voitures propre. Certes, la nouvelle appellation du livre est bien moins vendeuse, mais Nicolas Meunier le reconnaît lui-même, et l'écrit dans l'avant-propos de l'ouvrage qu'il vient de publier : "ce livre n'est pas là pour dénigrer la voiture électrique" à laquelle l'auteur trouve d'ailleurs bien des qualités mais aussi de très nombreux défauts.
L'arnaque de la décision politique
Mais si les véhicules ne sont pas mis en cause, leur environnement et leur omniprésence programmée le sont sur bien des points. Pour l'auteur, tout aurait commencé en 2010, lorsque Carlos Ghosn, président de l'Alliance Renault Nissan a annoncé l'avènement de la Renault Zoe et de la Nissan Leaf. "Mais la véritable décision politique s'est opérée en 2015, lors du dieselgate'", rendant le basculement vers l'électrique inéluctable en raison des normes qui envoient, à moyen terme, les thermiques à la casse. Une décision aux conséquences lourdes pour l'industrie, comme pour l'usager soumis à des infrastructures de recharge cafouilleuses et attiré par cette fameuse illusion de propreté.
Tout au long des 150 pages de l'ouvrage, le journaliste, ingénieur de formation, éparpille façon puzzle les différentes croyances liées à l'auto électrique, ou électrifiée, comme l'hybride rechargeable. Pour cette dernière technologie, Nicolas Meunier met en avant la volonté politique qui oblige les constructeurs à basculer vers le zéro émissions (en roulant mais pas en fabriquant), mais aussi les aberrations liées aux incitations fiscales faites aux particuliers et aux entreprises. Ces dernières paient leur TVS (taxe sur les véhicules de société) en fonction des émissions de C02 des autos qu'elles achètent. Or, les PHEV en émettent peu, sur le papier, du moins.
L'arnaque de la consommation réelle des PHEV
Car dans la réalité, si ces engins ne sont pas rechargés, ils consomment plus que de mesure. Et nombre de cadres qui disposent de voitures de fonction hybrides rechargeables n'ont pas de dispositif de charge, ni au bureau, ni à la maison. Quant à la valeur résiduelle (qui intéresse en premier lieu les entreprises comme les particuliers), elle fond comme neige au soleil lorsque les électriques vieillissent. En cause ? La trop rapide évolution technologique de ces engins qui les rendent rapidement obsolètes.
L'arnaque des infrastructures de recharge
En ce qui concerne les 100 % électriques, l'auteur livre une charge contre les opérateurs, et notamment contre leurs complexes systèmes de paiement devant leurs bornes, citant notamment cet usager qui, malgré sept cartes différentes, correspondant à divers organismes, n'a pas pu recharger son auto. Soit aucune de ses cartes ne correspondait à une borne prête à l'accueillir, soit celles à laquelles il était abonné étaient en panne. Le journaliste en profite, au passage, pour livrer un tableau de la véritable consommation des principales autos électriques du marché. Selon des tests effectués par ses soins, une Volkswagen ID3 58 kWh, donnée pour 425 km d'autonomie, n'en effectue que 210. Instructif.
L'arnaque d'une propreté supposée
Ouvrage à charge (et sans jeu de mots) l'arnaque de la voiture propre l'est indubitablement, mais c'est une charge parfaitement argumentée et fort pertinente, même s'il ne livre pas de prospective vers un futur qui pourrait se diriger vers une fabrications voitures plus propres et des infrastructures de charges en granbd nombre et enfin standardisées. Mais l'alarmisme de son auteur envers la croyance sans condition en la propreté supposée de l'électrification commence à être partagé. C'est ainsi que BMW, pour le lancement de son SUV électrique IX, évoque désormais une conduite sans émissions locales, plus proche de la réalité que le "sans émissions totales" auxquelles les constructeurs et les pouvoirs publics nous ont habitués. Nicolas Meunier doit avoir des lecteurs à Munich.
L'arnaque de la voiture propre - Nicolas Meunier - Hugo Doc - 9,95 euros
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