Renault est-il de taille à devenir un acteur mondial ?
Absent du marché américain et très dépendant des ventes européennes, Renault entend accélérer son internationalisation pour assurer la pérennité et le développement du groupe. Un défi de taille pour François Provost, le nouveau patron du groupe.

Son absence du marché américain l’a largement protégé des turbulences commerciales liées aux décisions de Trump. Mais la forte dépendance de Renault au marché européen (plus 70 % de ses ventes) l’a également rendu plus vulnérable face à une croissance atone et à la concurrence grandissante des marques chinoises. Les ventes de voitures en Europe sont en baisse de 1,9 % au premier semestre 2025, selon l'ACEA.
Renault doit donc trouver de nouveaux marchés pour assurer son développement. En reprenant les rênes cet été, François Provost hérite d’un groupe en repositionnement stratégique et doit composer avec une taille et des moyens limités.
Une envergure modeste face à ses concurrents
Avec une capitalisation boursière de 10 milliards d’euros, Renault reste un acteur modeste dans le paysage automobile international (15e rang mondial en termes de ventes). À titre de comparaison, Stellantis, affiche une valorisation de 23 milliards d’euros, Volkswagen AG pèse 53 milliards d’euros et Tesla près de 1 000 milliards de dollars. Les géants asiatiques pèsent également plusieurs dizaines, voire plus d’une centaine de milliards de dollars pour BYD.
Face aux limites de sa capacité à investir massivement à cause s de ses ressources contraintes, le groupe a choisi de s’orienter vers des partenariats industriels, notamment avec le constructeur chinois Geely et Volvo Group (dans les véhicules utilitaires), afin de partager les coûts de développement.
Mais cette stratégie collaborative suscite des inquiétudes sur l’influence progressive de partenaires étrangers. En retour, L’État français, actionnaire de Renault à hauteur de 15 %, a tenu à rappeler que l’indépendance du groupe était une priorité.
Une alliance Nissan à repenser
Renault devra également clarifier sa stratégie vis-à-vis de son partenaire historique, Nissan. Depuis l’accord de 2023, la participation du groupe français dans le constructeur japonais est passée à 35,7 %, et des cessions supplémentaires ne sont pas exclues. Mais elles dépendront de la valorisation boursière de Nissan. Le groupe Renault a annoncé une perte nette de 11,19 milliards d’euros sur les six premiers mois de 2025. Ce résultat intègre une charge exceptionnelle de 9,3 milliards d’euros liée à la réévaluation comptable de sa participation dans Nissan, conformément à l’accord de réorganisation conclu en 2023.
Une internationalisation à maîtriser
Pour assurer son internationalisation, Renault a annoncé un plan ambitieux : lancer huit nouveaux modèles hors Europe d’ici à 2027, soutenus par 3 milliards d’euros d’investissement. L’objectif est double : diversifier les marchés du groupe et soutenir la croissance dans des régions à fort potentiel (Amérique latine, Inde, Asie du Sud-Est, Moyen-Orient). Le groupe mise sur son expérience au Brésil, en Inde ou en Turquie pour construire ces relais de croissance, mais la concurrence locale y est souvent intense.
L’internationalisation s’impose comme une priorité stratégique, mais elle suppose un rééquilibrage complexe de ses ressources, de ses capacités industrielles et de ses alliances. Pour François Provost, le défi sera autant organisationnel que politique : faire grandir Renault sans le diluer, l’ouvrir sans l’affaiblir.
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