3. Rachats et relances

Sur le grand échiquier des marques automobiles, tous les coups sont permis. Et les groupes automobiles rivalisent d’audace pour essayer par tous les moyens de produire toujours plus, pour toujours moins cher. Afin de devenir plus grands et plus gros, les groupes automobiles n’hésitent pas à racheter des marques ou à fusionner entre eux. Certains achats sont fructueux, d’autres moins, certains mariages sont heureux, d’autres se terminent par un divorce. Quoiqu’il arrive, une marque rachetée ou fusionnée trouve souvent un second souffle qui lui permet de voir l’avenir sous un meilleur jour.

Alpine

Créée en 1955 à Dieppe par Jean Rédélé, la marque sportive Alpine a connu une vie mouvementée faite de hauts et de bas. Alpine a surtout connu le succès en compétition automobile avec la victoire au Championnat du monde des rallyes 1973 grâce à une équipe de choc et la célèbre berlinette Alpine-Renault A110 1800 Groupe IV, ou bien encore la victoire aux 24 heures du Mans 1978 avec l’Alpine-Renault A442B pilotée par Didier Pironi et Jean-Pierre Jaussaud. Depuis l’Alpine A610, dont la production a été stoppée en 1996, la marque dieppoise n'avait, plus fait parler d’elle avant que Carlos Ghosn ne présente au GP de Monaco 2012 un premier concept-car Renault Alpine A110-50 conduit par Carlos Tavares (qui a beaucoup œuvré pour le retour d’Alpine). Puis qu'il se décide à lancer la société Automobiles Alpine en décembre 2012. Après il a encore été nécessaire de patienter entre le premier concept-car Alpine Célébration présenté en 2015 et le lancement de la nouvelle Alpine A110 en 2017. Mais l’attente a du bon, car la nouvelle Alpine A110 est une vraie voiture de sport qui donne à son conducteur autant de plaisir que sa glorieuse ancêtre homonyme. Pas question de s’arrêter en si bon chemin et après une version Alpine A110 S au moteur 1,8 t de 292 ch (soit 40 ch de plus que l’A110), Alpine songe à développer sa gamme avec un nouveau modèle qui sera un SUV. Un SUV sportif bien entendu, la marque française voulant se frotter au Porsche Macan. Le nouveau modèle qui pourrait arriver en 2022 pourrait disposer d’une motorisation hybride de plus de 300 ch. Afin de nous faire patienter ou pour mieux brouiller les pistes, Alpine a dévoilé un concept-car au Festival Automobile International de Paris en janvier dernie, il s'agit d'une Alpine A110 SportsX qui est un crossover sur base de berlinette.

Aston Martin et Lagonda

Alors qu’il en était devenu actionnaire majoritaire en 1987 puis propriétaire en 1993, Ford, en difficulté financière, se sépare de la marque Aston Martin en 2007. C’est un consortium mené par David Richards (patron de Prodrive) qui acquiert la firme de Gaydon. Pendant dix ans la marque va lancer plusieurs autos (V12 Vantage, DB9 Virage, Rapide, One-77, DB-10, DB11, Vulcan, nouvelle Vantage…) avec comme point d'orgue en 2018, la présentation de supercar Aston Martin Valkyrie, une hybride 1176 ch. Mais c'est surtout avec son premier SUV, l'Aston Martin DBX, que la marque anglaise compte bien doper ses ventes. Mais de mauvais résultats boursiers vont tout faire basculer en peu de temps et la marque est obligée de faire appel au milliardaire canadien Lawrence Stroll pour investir dans la société. Celui-ci prend une participation, verse plusieurs centaines de millions pour relancer l’affaire tout en devenant Président exécutif. Avec ce nouvel actionnaire, la marque pourrait peut-être transformer en voiture de série les derniers concept-cars, comme l'hypercar Aston Martin Valhalla, la berline électrique Aston Martin Rapide E et la supercar à moteur central Aston Martin Vanquish Vision. La marque pourrait également relancer durablement la marque Lagonda qui pour le moment n’a produit qu’à 200 exemplaires sa confidentielle berline quatre portes Lagonda Taraf. Pour elle, elle pourrait développer un SUV qui s’inspirerait des lignes du concept-car Aston Martin Lagonda Concept présenté à Genève en 2018. Quoi qu’il arrive, les derniers modèles en date de la firme de Gaydon sont la nouvelle Aston Martin Vantage Roadster à V8 double turbo de 510 ch qui arrivera en fin d’année et le magnifique Aston Martin V12 Speedster qui sera produit à 88 exemplaires au début de 2021.

Dacia

Créée en 1966, la firme roumaine Dacia est devenue une filiale du groupe Renault en 1999. Et c’est l’arrivée au sein du groupe français qui a complètement changé la donne pour le petit constructeur roumain. Il est devenu en quelques années un acteur important sur le marché international. Élément incontournable de ce succès, la Dacia Logan lancée en 2004 et proposée sur le marché français à partir de 2005. Avec un tarif très étudié et beaucoup plus bas que la concurrence, elle a amorcé le succès de la marque. Une marque qui avec l’arrivée de la Dacia Sandero et surtout du SUV Dacia Duster est devenue incontournable. Aujourd’hui la gamme est importante avec les Sandero, Sandero Stepway, Logan, Logan MCV, Logan MCV Stepway, Lodgy, Dokker, Dokker Stepway, Duster et devrait évoluer dans peu de temps. Ainsi la nouvelle Dacia Sandero est prévue pour la fin de l’année, peu après devrait être lancé le nouveau Dacia Lodgy typé SUV et un nouveau Dokker. Et puis, vers la fin de 2021 arrivera une petite auto électrique qui sera très inspirée du concept-car Dacia Spring présenté dernièrement. Elle affichera un tarif qui devrait tourner autour des 15 000 €, soit 11 950 € après déduction du bonus gouvernemental de 27 % du prix.

Datsun

La marque japonaise Datsun date de 1913 et son arrivée dans le giron de Nissan de 1933. Pendant cinquante ans, Nissan va se servir de Datsun pour proposer des véhicules de moyennes et quelques sportives au nom évocateur : Datsun 240Z, Datsun 260Z et Datsun 280Z. Mais en 1983, Nissan met à l’arrêt Datsun pour se concentrer sur d’autres projets. Il faudra attendre 2013 pour que Carlos Ghosn remette en route cette marque en lui donnant la possibilité de créer des modèles bas de gamme, faisant de Datsun la division low-cost de Nissan, comme Dacia est la division low-cost de Renault. La relance de la marque se fait par l’intermédiaire du marché indien sur lequel est présentée la Datsun Go, une petite auto cinq portes de 3,78 mètres de long qui sera suivie par un monospace sept places, Datsun Go+. En 2014 arrive une berline compacte à coffre (Datsun On-Do), une berline compacte (Datsun Mi-Do) l’année suivante et en 2016 une citadine (Datsun Redi-Go) sur base de Renault Kwid. Pour le moment, toutes ces autos sont réservées au marché d’Asie du Sud-Est, mais aussi aux marchés indien et russe. Elles utilisent des bases communes aux Lada, Dacia et Nissan. Il y a peu de chance que ces autos arrivent chez nous, Dacia suffisant amplement à l’Alliance Renault-Nissan. 

Jaguar et Land Rover

Les deux marques anglaises Jaguar et Land Rover ont un destin commun puisqu’elles appartenaient toutes deux à Ford avant d’être vendues en 2008 au constructeur indien Tata Motors. Depuis cette date, on peut dire que les nouveaux modèles se sont multipliés chez Jaguar avec les Jaguar F-Type, Jaguar XE, Jaguar XF, Jaguar F-Pace, Jaguar E-Pace. On a eu droit aussi au premier modèle électrique du groupe, le crossover I-Pace. Il est doté d'une motorisation électrique de 400 ch qui va servir au constructeur anglais pour en équiper la version électrique de la future génération de Jaguar XJ qui arrive en fin d’année. Le futur gros SUV J-Type prévu pour 2022 pourrait bien connaître lui aussi une déclinaison sur batterie. Et puis, BMW pourrait prêter main-forte à Jaguar et Land Rover pour que les deux constructeurs se servent de la plateforme BMW UKL2 pour créer de nouveaux modèles plus compacts positionnés chez l’un, en dessous du Jaguar E-Pace (qui va être restylé prochainement) et chez l’autre, en dessous du Range Rover Evoque. Ce ne sera pas la seule nouveauté chez Land Rover puisque la firme anglaise spécialiste du tout-terrain envisage de développer un “Road Rover“, un véhicule qui ne serait ni SUV, ni 4x4. Une sorte de crossover qui devrait être électrique et qui permettrait à Land Rover de diversifier son offre. Mais l’actualité récente de la marque est l’arrivée du nouveau Land Rover Defender toujours disponible en version trois et cinq portes.

Jeep

C’est les ennuis de Chrysler qui ont contraint la marque américaine Jeep à passer sous le pavillon italien de Fiat en 2014. Dans les bagages de Chrysler, on trouvait aussi les marques Dodge, RAM et Jeep. Jeep dont la production a été dopée par l’arrivée du petit Jeep Renegade en 2015. Pour Jeep qui appartient désormais au groupe FCA (Fiat Chrysler Automobiles) et qui demain appartiendra à la nouvelle entité issue de la fusion entre les groupes PSA et Fiat, l’avenir passe par une électrification de la gamme. D’abord des versions hybrides rechargeables comme celles du Jeep Renegade 4xe et du Jeep Compass 4xe, puis demain quatre nouveautés 100 % électriques. Si l'on ne connaît pas ces futurs modèles électriques, il se murmure que la base du Peugeot 2008 pourrait être utilisée pour créer un modèle plus petit que le Renegade et disposerait comme le modèle français d’une version électrique de 136 ch. Ce modèle pourrait être présenté en 2022. Quant au futur Jeep Grand Cherokee, il devrait reprendre la base technique de l’Alfa Romeo Stelvio et l'on pourrait voir ce nouveau modèle dès l’année prochaine.

Lotus

Chère à Colin Chapman son fondateur, la marque sportive Lotus est toujours sous la bannière de Proton le constructeur malaisien. Mais Proton depuis 2017 est détenu à 49,9 % par le Chinois Geely qui possède également 51 % des actions de Lotus. Difficile de s’y retrouver, mais cette arrivée du constructeur chinois Geely peut être une bonne chose pour Lotus. Grâce au dynamisme qui anime les équipes de chez Geely, on peut désormais s’attendre à ce que la marque anglaise lance dans quelque temps de nouveaux modèles. D'ailleurs, après l’hypercar Lotus Evija, on parle d’ores et déjà de variantes électriques pour tous les modèles. Mais aussi d’une nouvelle Lotus Esprit qui arriverait en 2021 avec un inédit V6 hybride placé en position centrale arrière. Et puis le projet d’un SUV, souvent évoqué, pourrait bien devenir réalité vers 2023. 

MG

Disparue du marché européen (sauf en Grande-Bretagne) depuis sa faillite en 2005, la marque MG (spécialiste à l’époque de petits roadsters dont la célèbre MG TF) a été rachetée par le groupe chinois Nanjing Automobile Group (NAC). Celui-ci, deux ans plus tard, a fusionné avec le groupe chinois Shanghai Automotive Industry Corporation (SAIC) qui est l’actuel propriétaire de la marque anglaise. MG produit plusieurs modèles dont les berlines MG3, MG5, MG6, MG7 et le SUV MG ZS. C’est ce dernier qui a été choisi pour reconquérir le marché européen dans sa version électrique MG ZS EV. Un petit SUV urbain (4,31 m de long) qui a obtenu la note de cinq étoiles au test EuroNCAP. Il est proposé à 29 990 € avec un bloc électrique de 143 ch et une autonomie de 263 km.

Mitsubishi

Nissan est devenu en 2016 actionnaire (34 %) de Mitsubishi Motors Corporation (MMC) et la marque aux trois diamants fait désormais partie de l’Alliance Renault-Nissan. Constructeur généraliste spécialisé dans les véhicules tout-chemin, il dispose de nombreux SUV dont les Mitsubishi Outlander, Mitsubishi ASX et Mitsubishi Eclipse Cross. Pour la fin de 2020, la marque japonaise devrait présenter la quatrième génération de son Outlander (inspiré du concept-car Mitsubishi Engelberg Tourer de 2019) qui disposera toujours d’une motorisation hybride rechargeable. Il y aura aussi un nouveau modèle compact qui pourrait être basé sur le Renault Captur et disposera, tout comme lui, de motorisations hybrides simple et rechargeable.

Opel et Vauxhall

Après avoir longtemps bénéficié d’accords techniques et de production avec le groupe français PSA, la marque allemande Opel (et sa division anglaise Vauxhall) a été racheté par PSA. Depuis, elle ne peut que remercier le groupe français qui lui a permis de prendre un nouveau départ. En témoignent les nouveaux modèles comme les SUV Opel Grandland X, Opel Crossland X et le ludospace Opel Combo Life. Premier modèle né sous la gouvernance de PSA, l’Opel Corsa bénéficie de la plateforme multiénergies de la Peugeot 208 et comme sa cousine française se trouve équipée de motorisations thermiques, mais aussi d’un bloc électrique de 136 ch. Cette nouvelle ère qui s’ouvre avec PSA va permettre à la marque au blitz de renouveler son Opel Mokka X qui devrait reprendre le soubassement du Peugeot 2008 et existera tout comme lui avec une motorisation électrique en plus des blocs essence et diesels. La future génération de la berline compacte Opel Astra (2022) devrait, elle aussi, disposer d’une plateforme PSA, en l’occurrence celle de la Peugeot 308 et pourrait utiliser une motorisation hybride rechargeable. Quant à l’Insignia qui devrait être remplacée en 2023, elle s'équipera également d’une plateforme PSA, sans aucun doute celle de la Peugeot 508.

Volvo

La marque suédoise de Göteborg a connu une longue période (1999 à 2009) sous la direction du groupe Ford. Quand celui-ci l’a vendu au constructeur chinois Geely en 2010, nombreux étaient ceux qui doutaient de l’avenir de Volvo. Pourtant ce rachat fut un nouveau départ pour la marque suédoise qui avec une gamme entièrement renouvelée retrouve le sourire. Nouveau design, nouvelles plateformes et nouveaux moteurs, passage à l’électrification, les Volvo se modernisent. Dernier né de la marque, le premier modèle électrique Volvo XC40 Recharge, dispose de deux blocs électriques de 408 ch. Sa batterie (78 kWh) lui autorise une autonomie supérieure à 400 km (cycle WLTP). Il ne restera pas le seul véhicule tout électrique de la gamme puisque celle-ci accueillera une variante électrique du grand SUV Volvo XC90 en 2022. Volvo veut un mix de 50 % de voitures électriques dans ses volumes globaux d'ici 2025. Entre-temps, la marque devrait avoir renouvelée sa berline V40.

On peut ajouter à tout cela, les constructeurs sportifs Bugatti et Lamborghini. Si le groupe Volkswagen les a rachetés en 1998, soit deux années avant la période qui nous intéresse, les nouveaux modèles imaginés par Volkswagen et Audi sont arrivés plus tard. La supercar Bugatti Veyron a été dévoilée en 2005, tandis que la Lamborghini Murciélago est arrivée en 2002 la Lamborghini Gallardo en 2003. Si la marque Bugatti ne produit plus aujourd’hui que la Bugatti Chiron qui a remplacé la Bugatti Veyron en 2016, la marque Lamborghini dispose quant à elle des Aventador (remplaçante de la Murciélago), Huracán (remplaçante de la Gallardo) et Urus, un SUV surpuissant de 650 ch. Pour les projets, Bugatti songerait à un crossover électrique tandis que Lamborghini a dans ses cartons une supercar hybride rechargeable pour remplacer l’Aventador, mais aussi une Huracán tout-terrain qui pourrait s‘inspirer du concept-car Sterrato.