Pourquoi les constructeurs se bousculent en Formule E
C'est officiel : Porsche quitte la LMP1 et va s'engager en Formule E, à partir de la saison 2019-2020. En seulement deux semaines, c'est le quatrième constructeur qui annonce son arrivée prochaine dans le championnat de monoplaces électriques, succédant à Audi, BMW et Mercedes ! Il est vrai que la discipline ne manque pas d'atouts.
Ça fait vendre des voitures électriques
C'est la raison principale de l'engagement en Formule E. Pour un constructeur, la compétition sert avant tout à donner un coup de projecteur sur les modèles présents dans les concessions, notamment en faisant un lien technologique. Sur le point de voir ses ventes exploser, la voiture électrique a besoin d'une telle vitrine pour se faire connaître et convaincre la clientèle.
Les marques engagées dans le championnat des monoplaces électriques ont des véhicules branchés à vendre, ou sont sur le point d'en avoir. Pionnier, Renault a ainsi sa Zoé. Chez BMW, on a déjà l'i3. En 2018 et 2019, Audi, Jaguar et Mercedes lanceront un SUV branché, les e-tron, I-Pace et EQC. Enfin, pour Porsche, ce sera la berline dérivée du concept Mission E, prévue pour la fin de la décennie. Michael Steiner, en charge de la Recherche & Développement chez Porsche, déclare ainsi : "nous estimons que la Formule E constitue aujourd’hui la compétition par excellence pour développer des voitures à hautes performances en matière d’écocompatibilité, d’efficience et de durabilité".
C'est bon pour l'image
Deux marques du groupe Volkswagen dans la même compétition ? Ce n'est pas inédit, puisque c'est arrivé en endurance très récemment, mais à l'heure des coupes budgétaires après le Dieselgate, on peut trouver cela étonnant. Mais il faut bien ça pour justement tenter de tourner la page du scandale, qui continue de nuire à l'image des constructeurs. Audi vient d'annoncer un nouveau rappel pour 850 000 voitures, à titre préventif, et Porsche a été obligé par les autorités allemandes de rappeler 22 000 Cayenne. Opération greenwashing donc pour ces firmes ! Évidemment, les autres marques cherchent aussi les bénéfices d'une compétition écolo qui arrive à séduire les plus réfractaires à l'automobile, comme la maire de Paris Anne Hidalgo !
C'est moins cher
Il ne faut pas l'oublier : la Formule E est actuellement le championnat international qui nécessite le moins de dépenses. Il faudrait un budget annuel de 40 millions d'euros, contre 100 à 500 millions en Formule 1 ! Sur le plan technique, le châssis est pour l'instant le même pour tous, fourni par Spark. Les marques ne s'occupent que de l'ensemble moteur-boîte, ce qui réduit les investissements. Ensuite, si la saison dure une dizaine de mois, il n'y a que 12 courses dans l'année, dont deux au cours d'un week-end lors des e-Prix de Berlin, New York et Montréal.
Forcément, un budget plus serré intéresse du côté du groupe Volkswagen, qui doit faire des économies après le Dieselgate, dont les conséquences financières sont loin d'être terminées. Et comme s'absenter d'une compétition internationale serait un mauvais signal, Audi puis Porsche ont quitté l'onéreuse endurance pour rejoindre la plus accessible Formule E. Chez DS, en quête de notoriété et de légitimité sur le marché du haut de gamme, on a aussi fait à l'économie en s'associant à un team existant, Virgin.
C'est international (et citadin)
La Formule E va aux quatre coins du monde. C'est très important pour des constructeurs de plus en plus internationaux. Les marchés stratégiques sont bien représentés : États-Unis, Chine, Europe de l'Ouest, Amérique du Sud… Ce qui explique peut-être l'arrêt du programme de DTM chez Mercedes, qui forcément peine à intéresser en dehors de l'Allemagne. De plus, les courses de Formule E se déroulent en ville. Le cadre est souvent inédit pour une compétition automobile, mais cela permet avant tout de toucher un nouveau public, qui n'aurait pas forcément mis les pieds sur un circuit traditionnel.
C'est plus tendance que la Formule 1
Forcément, il y a aussi un effet de mode. Les constructeurs sentent monter chez le public un intérêt pour cette compétition d'un nouveau genre, qui jouit d'une image plus accessible. En face, la Formule 1 a encore ses fidèles mais semble s'est déconnectée du peuple avec sa surenchère technologique et sa débauche d'argent. La Formule E a eu de bonnes idées pour mettre le public au cœur du système, comme le "fan boost", un vote sur les réseaux sociaux : les pilotes préférés profitent d'un surcroît de puissance à utiliser pendant la course.
Endurance : réveil difficile du côté du Mans
L'arrêt du programme de Porsche en LMP1 n'est pas une surprise, la rumeur circulait depuis quelques jours. Mais c'est un nouveau coup dur pour l'Automobile Club de l'Ouest, promoteur du championnat du monde d'endurance (WEC). Dans un communiqué, l'ACO dit "regrette[r] ce départ précipité, comme la brutalité de cette décision". Surtout, l'ACO rappelle que Porsche avait encore récemment confirmé sa participation à la saison 2018 et avait pris part à l'élaboration du nouveau règlement qui entrera en vigueur en 2020. Tout n'est pas perdu, car Porsche restera engagé en catégorie GT avec la 911 RSR.
L'ACO reste confiante en l'avenir de la discipline, promettant une année 2018 "exceptionnelle" avec des nouveautés. L'inquiétude pointe quand même chez les fans, vu qu'un seul constructeur, Toyota, est encore annoncé dans la catégorie reine LMP1. La prochaine édition des 24 heures du Mans pourrait manquer de saveur.
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