Papa Noël, s’il te plaît, rends-nous les petites sportives !
Elles qui pullulaient encore voici cinq ans, après avoir connu un âge d’or au tournant des années 2010, les petites sportives se sont pratiquement éteintes à l’heure actuelle. Le plaisir automobile est en train de se réserver aux plus favorisés…
Nous ne connaissions pas notre chance. Voici une dizaine d’années encore, on pouvait s’offrir à un prix des plus raisonnables une voiture conciliant polyvalence et plaisir sportif. Le choix était large, de la Fiat Panda 100HP (certes arrêtée en 2011) à l’Audi S1, en passant par les Alfa Mito QV, DS3 R, Ford Fiesta ST, Opel Corsa OPC, Peugeot 208 GTI, Renault Clio et Twingo RS, et autre Mitsubishi Colt Ralliart. Dès 13 000 €, prix neuf. Impossible de toutes les citer ici, sous peine de se montrer fastidieux !
Aujourd’hui, que reste-t-il ? L’Abarth 500 (renommée 595 ou 695), en sursis depuis que sa variante électrique a été présentée, la Hyundai i20 N, la Mini Cooper S et ses dérivées, la Suzuki Swift Sport, très édulcorée, la Toyota Yaris GR, fabuleuse mais hors de prix (près de 50 000 € avec l’écotaxe…), sans oublier les VW Up et Polo GTI, elles aussi plutôt âgées. En fait, on ne trouve qu’une seule descendante à ces citadines polyvalentes transformées en machines à sensations : la Hyundai. Dûment préparée (suspension affûtée, différentiel à glissement limité, puissance élevée), elle est pourtant proposée à un prix correspondant grosso modo à celui de ses ancêtres, même si le malus CO2 la pénalise assez durement.
Oui, on pourrait clairement incriminer ce dernier dans l’extinction imminente de ces autos au rapport prix/plaisir alléchant, mais on aurait plutôt tort. Il frappe bien plus sévèrement les modèles supérieurs (Audi S3, Cupra Leon, Renault Mégane, VW Golf…) qui pourtant demeurent plus nombreux.
En réalité, les autos du segment B, coursifiées ou non, ne sont plus assez rentables, certains constructeurs annonçant d’ailleurs clairement renoncer à tout ce qui se trouve en-dessous du segment C. Fut un temps où des modèles tels que la Ford Fiesta, la Renault Clio ou même la Peugeot 207 se vendaient à plus de 400 000 unités annuelles en Europe. Et à cette époque, elles bénéficiaient de versions sportives. Aujourd’hui, si elles passent les 200 000, cela tient du miracle. Cela nuit à leur profitabilité globale, déjà faible, donc a fortiori celle des versions de niche bourrées de chevaux mais représentant une faible part des ventes.
Pourquoi ce phénomène ? Parce que les constructeurs ont démultiplié de façon inédite leur offre en SUV : petits, moyens, grands, familiaux, coupés… Le marché n’étant pas extensible, la clientèle s’est reportée sur ces engins au détriment de ceux préexistants. Par exemple, le Renault Captur rattrape la star Clio dans les ventes européennes, où le Ford Puma a largement dépassé la Fiesta !
Car les goûts changent. Les gens n’achètent pas des SUV parce que les constructeurs le leur imposeraient, mais parce qu’ils en ont envie depuis très longtemps ! Celles des marques qui ont tardé à proposer des autos aux vagues airs de 4x4 l’ont payé très cher. Paradoxalement, l’écologie préoccupe de plus en plus les esprits, qui s’ouvrent très largement aux électriques, même si ces dernières ne sont pas exactement « vertes ». On en arrive à cette situation où les gens, même préoccupés par l’avenir de la planète, n’ont d’yeux que pour les SUV électrifiés.
Je me suis souvent dit qu’une Dacia Sandero mue par le 1.3 TCE de 160 ch et proposée à moins de 20 000 € ferait une digne petite sportive car de base, son poids est réduit. Que VW pourrait proposer une Up GTI R de 130 ch en boostant un peu son 3-cylindres. Au Brésil, Abarth propose la Pulse, un SUV urbain mu par le moteur 1.3 Firefly poussé à 185 ch. Mais en Europe, le marché n’est plus là, et le WRC qui le soutenait encore récemment, ne fait plus tellement recette.
Inutile de demander au Père Noël, ni même à l’Europe d’assouplir les règles anti-CO2, ça ne changerait rien… Peut-être aura-t-on toutefois droit à de petites électriques très performantes, outre l’Abarth e-500, mais le prix, évidemment, n’aura plus rien de démocratique.
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