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L’électrique ? Le patron de PSA Carlos Tavarès y va, mais à petits pas

Le patron de PSA n’est pas fan des voitures électriques et, au salon de Francfort qui a fermé ses portes hier soir, il a exprimé ses doutes à demi-mots. Mais pour autant, et pour satisfaire son actionnaire chinois Dongfeng, il s’engage dans cette transition. Tout en douceur.

L’électrique ? Le patron de PSA Carlos Tavarès y va, mais à petits pas

Voilà, c’est fini. Le salon de Francfort a fermé ses portes hier soir et si, comme l’a déploré le grand vizir des kWh Pierre Desjardins, la manifestation n’a proposé que fort peu de nouveaux modèles électrifiés de série, les watts ont malgré tout envahi le raout germanique. À coups de concept-cars, mais surtout d’annonces tonitruantes des patrons de l’industrie auto allemande. Pour Mercedes Audi, Volkswagen et BMW, le grand soir de l’électrique, c’est maintenant. Ou plutôt dans deux ans, voire quatre pour les plus prudents. Et d’avancer des plans produits à coups de 20, voire 22 modèles zéro émission à venir. Un bel enthousiasme général pour cet enterrement du moteur à explosion et de celui de Tesla que cette généralisation de la voiture électrique pourrait bien gêner aux entournures et aux enjoliveurs.

La cible Elon Musk

Car l’Américain est à peu près seul au royaume du premium sans fumée depuis bientôt quatorze ans. Mais si les marques germaniques, japonaises et même coréennes peaufinent leur vengeance contre Elon Musk, il est un personnage qui, dans les allées du salon, a refusé de danser sur le cadavre encore chaud du geek de Palo Alto.

Cet homme un brin boudeur, c’est Carlos Tavarès. En bon patron de PSA, il s’en est allé en Allemagne sur les stands de Citroën et Opel, les seules marques de son groupe présentes, puisque DS et Peugeot avaient un mot d’excuse. Et l’homme semble beaucoup plus prudent que ses confrères, au point de doucher l’enthousiasme général. Certes, il va fabriquer des autos électriques lui aussi, mais pas au point de faire basculer tout son groupe dans les batteries.

Avec une prudence de Sioux, le Portugais fait de petits pas dans cette direction-là. Une version zéro émission sera au programme de la future 208, s’ensuivront une DS 3 Crossback du même tonneau en 2019, et un 2008 à watts en 2020. C’est peu, comparé à l’armada qui, de Porsche à Volkswagen, va débouler de l’autre côté du Rhin. Pourquoi ce minimum syndical ? « Nous sommes en train d'évoluer vers un monde où on nous instruit d'aller dans la direction du véhicule électrique. Je ne voudrais pas que dans 30 ans, on ait découvert les uns ou les autres quelque chose qui n'est pas aussi beau que ça en a l'air » a-t-il expliqué à Francfort.

La Chine : le vrai patron de l’électrique

Certes, le patron de PSA est sceptique sur l’électrique. Mais il est aussi pragmatique. Et l’homme doit répondre de ses actes et de sa stratégie devant ses actionnaires. Notamment le chinois Dongfeng qui détient 14 % du capital de la maison, au même titre que la famille Peugeot. Or, le signal de l’électrification plus ou moins totale de l’industrie auto vient précisément de Chine.

L’empire ayant laissé passer le train du thermique et n’étant jamais parvenu à rattraper les Occidentaux dans le domaine des motorisations essence ou diesels, il entend bien devenir le spécialiste mondial de l’électrique. Et pour ce faire, met en place des mesures draconiennes et plutôt rapides pour l’imposer. Ses constructeurs locaux s’y plient, et les occidentaux aussi, la Chine étant le premier marché mondial. Alors Carlos Tavarès en fait autant, pour faire plaisir à son actionnaire chinois et parce qu’il n’a pas le droit de rater ce coche. Alors, l’électrique, il y va, mais sans joie.

Carlos Tavarès en leader de la révolte ?

Le patron de PSA exprimerait-il très haut ce que ses homologues pensent tout bas ? Ce pourrait bien être le cas, puisque le boss de Mercedes, Dieter Zetsche, lui a emboîté le pas en affirmant son opposition aux interdictions plus ou moins lointaines à la production de voitures thermiques. « Nous voulons atteindre la vitesse maximale nous-mêmes, nous n'avons pas besoin de quotas pour cela » a-t-il martelé dans la presse allemande.

Même Angela Merkel, quelques jours avant sa réélection, a tempéré l’engouement général pour l’électrique et surtout l’arrêt de mort programmé du thermique. Elle qui incite son industrie automobile à basculer vers l'électrique depuis des mois a fait (un peu) volte-face. « Je ne suis pas l’amie des interdictions » a déclaré la Chancelière, songeant forcément aux 800 000 salariés et potentiels électeurs de la branche auto en Allemagne. Et songeant également aux dégâts inévitables qu’une transformation aussi fondamentale aura sur l’emploi.

PSA à quitte ou double

Évidemment, ces prudences et réticences devant le grand basculement vers l’électrique semblent donner raison à Carlos Tavarès. Reste que ses confrères et néanmoins concurrents sont aujourd’hui prêts à dégainer en cas de succès des watts. Leurs services de recherche & développement sont en train d’achever la conception des nouveaux modèles. Si le thermique fait un retour en force, ils peuvent toujours arrêter la machine. De son côté, PSA sera fin prêt pour cette nouvelle gloire de l’essence, voire du diesel. Mais si la bascule se produit effectivement, PSA sera-t-il au rendez-vous ?

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