2. Comparatif - Honda Hornet 750, Yamaha MT07 ou Kawasaki Z650 : en piste !

L'exercice du jour est simple : le circuit école du Castelet a été scindé en deux. Une partie rapide (mais pas trop) pour évaluer moteur, stabilité et freinage, et une partie lente (mais pas trop) pour se faire une idée sur l'agilité, la maniabilité et le couple moteur. Par fait. En présence : la Hornet 750, la Z650 et la MT-07 en version Full et en version A2. Par sessions de 10 minutes et pendant une heure, nous enchaînons les tours au guidon de chaque moto. Le comparatif entre les motos est donc la synthèse de nos expériences du jour. Pas de rubricage chirurgical, donc, mais un recueil d'impressions de premier ordre.

La Yamaha MT-07 est la première à s'élancer. Le tracé est simple et ça tourne à droite. Prise d'élan, petit gauche, petit pif à droite, paf à gauche, droiiiiiiiiiite parabolicocirculaire, droite ouvert, ligne droite ou presque, gros freinage, inflexion à droite, droite cassant, droite court et reprise d'élan. En gros, cette configuration P2.

Comparatif Hornet, MT et Z : motorisation, stabilité et freinage

Trois tours crescendo afin de faire monter en température les pneumatiques routières et de découvrir le circuit et nous voici dans la course. Évidente, légère et particulièrement agile, la best seller Yam' est aussi celle demandant une certaine attention lors des changements d'angle vifs, comme dans le pif paf du fond de la boucle rapide : ses suspensions bien trop souples à l'arrière s'enfoncent trop, occasionnent le symptomatique dodelinement constaté lorsque l'on suit une MT menée gaillardement.

Le pneu arrière de 180 tient assurément le pavé, mais il devient plus filtrant en matière de retour d'informations. Prévisibles, remuante, donc, la MT-07 donne son lot de sensations augmentées par ce côté moins parfait, qui semble faire son succès depuis sa sortie. Voici notre tour de référence, tandis que nous connaissons à présent bien le tracé et les réactions de notre maître étalon, roadster de moyenne cylindrée le plus et le mieux vendu en France en 2022 et les années précédentes.

Les Michelin Road 5 l'équipant, sont progressifs du fait de leur dimension, de leur profil relativement rond, particulièrement rassurants dans leur grip et dans la surface au sol une fois sur l'angle, tandis que l'on apprécie leur comportement prévisible. Vu les températures, ils ne risquent pas de surchauffer ! Tant mieux, on connaît leur propension à décrocher une fois leur température optimale dépassée. Donc typiquement sur circuit. Il y a un peu de soleil, mais les températures restent fraîches. Bref, des conditions optimales, pour peu que l'on ait le cœur assez gros et le corps assez chaud. Et inversement.

Sur la 07, rentrer une ou deux vitesses dans la boîte 6 aux rapports assez courts occasionne une légère glisse de l'arrière en l'absence d'amortissement de couple. Un phénomène encore plus marqué sur la Z650 pourtant pourvue d'un embrayage anti dribble et en total contraste avec la totale maîtrise affichée par la Hornet 750. L'embrayage de la moto ailée est doux, progressif, facile et surtout pourvu d'une réduction dudit couple, ici le plus élevé du lot. Résultat ? On descend les rapports et on relâche l'embrayage sans se poser de question quant au régime moteur ou à la progressivité à mettre dans le mouvement. Niveau onctuosité globale, la Hornet remporte la palme là où la MT-07 fait montre de bien moins de douceur de commandes et où la Z650 affiche de moins de sérénité au rétrogradage.

La roue arrière de 160 de la Honda fait rapidement oublier son étroitesse supérieure pour en rappeler tous les bénéfices, notamment dans les passages lents et techniques. les moto-écoles vont apprécier ce nouvel instrument pédagogique. Elle conserve toujours son aplomb, sa motricité et son adhérence, offrant des sorties de courbe ou d'épingle canon et des entrées vaillantes : sa partie cycle est la meilleure du lot, suivie par la surprenante Z650. La MT-07 ferme le bal, sans démériter, mais elle est moins précise et plus remuante, même avec le handicap pneumatique de la Z.

Plus haute de selle (795 mm contre 790 pour la Z et 780 pour la MT), plus ample, la Hornet offre un gabarit d'assise très agréable et plutôt confortable, une position de conduite dominante et un placement agréable entre les jambes pour la grande majorité des gabarits, tandis que l'on serre de manière efficace son petit réservoir. Le guidon est également bien placé et de taille juste, là où celui de la MT est relevé amplifiant les sensations de légèreté, et celui de la Z650 plus vibrant et plus bas.

Allé, on prend les mesures de la Hornet. Les deux pieds bien à plat sur le sol avec 1,80 m de taille (les bons jours) sur chacune des motos, on s'élance dans un souffle agréable. Première. 84 km/h. Seconde. 114 km/h. 3ème. 134 km/h au moment où intervient la rupture douce. Ça cause ! On est bien aise et le bout de la petite ligne droite du parcours rapide laisse apparaître plus ou moins 180 km/h au moment de prendre les freins : la meilleure vitesse de pointe (et de 15 à 20 km/h !) du lot sur cette portion et un freinage à la fois puissant et doux au toucher, tandis que l'on ressent les crénelages des disques de type pétale de manière plus importante que sur la Kawasaki, aux éléments plus épais et de diamètre légèrement plus grand.

Là encore (le freinage, donc), la Hornet domine le sujet avec une fourche encaissant fort bien les transferts de charge et une position de conduite constituant le meilleur des compromis du lot, entre la posture très relax de la MT et celle plus "bâtarde" de la Z650, entre un guidon plutôt sport et des jambes plutôt relax façon roadster, entre des leviers de frein réglables, mais de manière plus ou moins précise. Au freinage, la Kawasaki se déstabilise davantage, et elle marque le pas face une MT-07 plus alerte, tout en se montrant particulièrement bonne dans l'exercice. Même si son ABS se déclenche assez tardivement, il intervient plus vite que sur la MT ou la Hornet à vitesse équivalente.

La Kawasaki se révèle en tout cas littéralement sur la piste "rapide", affichant une belle stabilité tant que l'on ne force pas trop sur l'angle. Enfin, elle montre surtout que ses pneumatiques (que l'on peut également retrouver sur la Hornet, celle-ci étant l'une des deux propositions Honda), ne sont pas à la hauteur de sa partie cycle et qu'elles sont totalement dépassées par les conditions climatiques (le froid) et par ce qu'on leur demande. Résultat ? Glisses sur l'angle lorsqu'il devient trop prononcé, dérive de l'arrière au rétrogradage (plus de couple transmis à la roue), difficile de garder les gommes au sol, de passer la puissance ou encore d'encaisser les changements d'angle vifs, tandis que son comportement "routier" s'intercale entre celui de la MT et de la Hornet, et donc dans une excellente moyenne. On passe à du plus lent ?

Freinage : 1 - Hornet. 2 - MT-07. 3 - Z650

Partie cycle : 1 - Hornet. 2 - Z650. 3 - MT-07

Stabilité à haute vitesse : 1 - Hornet 750. 2 - Z650. 3 - MT-07

Comparatif Hornet, MT, Z : maniabilité, souplesse et agrément

Là, c'est un véritable tourniquet qui permet à la fois de sonder la garde au sol, la maniabilité à vitesse modérée, les relances moteur, la stabilité, bref, un exercice complet et intéressant permettant là encore de poser le genou si on le souhaite, notamment dans la partie haute du parcours. On freine peu, on peut enrouler, tester la souplesse, voir le comportement sur les changements d'angle, bref, se mettre dans les conditions idéales pour faire sortir les éventuels défauts. Surtout, on expérimente de nombreux styles et positions de conduite.

Stable, très réactive, la Kawasaki, mais aussi rigide et moins facile à emmener, donc. La Z650 mériterait certes de meilleurs pneus pour livrer son plein potentiel, et surtout pour gagner en précision et en vivacité. Elle affiche une tendance naturelle à élargir la trajectoire, notamment dans l'exercice d'un "lent".

En matière de maniabilité, la MT-07 et la Hornet sont au coude à coude ou presque : la Honda est une fois encore plus stable et bien mieux contrôlable que la MT, plus volage. Le moteur permet aussi de les départager : entre bicylindres verticaux calés à 270°, la puissance tranche. Dans l'exercice, la souplesse du plus costaud des deux blocs moteur, la parfaite maîtrise de l'embrayage, des vibrations et surtout les réponses douces et dosées permettent de rouler en 4 sur tout le parcours et même de sortir des cassures et autres épingles avec brio. Les autres doivent au moins évoluer un rapport en dessous pour faire un peu moins bien. Non seulement, ça ne cogne pas bas sans les tours, mais les relances sont fortes et onctueuses. Aussrément une grande réussite pour la maniabilité et pour le lent.

Particulièrement gérable et nerveux, le bicylindre Yamaha fait cependant toujours sensation, notamment par sa précision à la commande des gaz et à un dosage aisé. Sur la Honda, on a l'impression d'une cylindrée nettement supérieure à celle affichée, du fait du coffre moteur, mais aussi du comportement de la moto, avec gros couple, là où l'on se sent encore sur des moyens cubes sur les deux autres.

Rassurez-vous, Yamaha étant devenu maître dans l'art de faire des défauts de ses motos des qualités, on peut dire que la MT-07 est douée. la Z650, quant à elle, joue sur un autre tableau, avec son moteur moins fébrile et plus rond. Avec la Honda, on sent bien que les ingénieurs n'ont pas eu envie de faire faire de la figuration à leur nouveau bébé : c'est d'une efficacité impressionnante, parfaitement dosé entre sensations brutes et maîtrise, entre équilibre et agilité. En tout cas, elle est la plus homogène du plateau. À propos de plateau, justement, qu'en est-il de la maniabilité ?

Le surplus de puissance de la Hornet est immédiatement tangible pour les évolutions lentes et modérées. L'accélération se fait sans se préoccuper de l'adhérence : l'anti patinage réglé au minimum de son intervention (mais pas désactivé), ne se déclenche même pas lors de cette session menée bon train, malgré la vigueur du coup de gaz et le renforcement régulier de l'accélération. Elle ne déborde pas, cette Hornet, elle pousse. Surtout en mode Sport. Elle se montre expressive et sincère, vigoureuse et on ne peut plus volontaire, le tout au travers de l'échappement le plus intéressant des trois en présence.

Toutes les fréquences sont représentées avec harmonie et force suffisante, tandis que l'on entend clairement la respiration du twin Honda. Cela dit, la Z650 n'est pas aphone non plus. Elle propose une sonorité "à l'ancienne" métallique à souhaits mais surtout son lot de vibration mécaniques engendrées par son moteur calé à 180°. Elle rouspète gentiment, elle grogne, elle traduit le moindre coup de piston, tandis qu'on lui trouve volontiers un charme suranné, surtout lorsque l'on a connu les anciennes générations de twin vertical. Enfin, la MT-07 est la plus discrète avec son silencieux d'origine. On la sait bien plus expressive avec les pots adaptables que l'on entend par trop sur nos routes et dans les agglomérations.

Moteur : 1 - Hornet, 2 - MT-07. 3 - Z650

Maniabilité : 1 - Hornet 750. 2 - MT-07. 3 - Z650

Stabilité à basse vitesse : 1 - Hornet 750. 2 - Z650. 3 - MT-07

Agilité : 1 - MT-07. 2 - Hornet 750. 3 - Z650

Et pour les permis A2 ?

Le moteur de MT-07 bridée à 35 kW que nous avons entre les jambes tient presque en respect celui de la Z650 que nous avons dans le viseur, lequel relance mieux en sortie de courbe et distance la moto au diapason dans la ligne droite (elle est en full et le déploiement est court), mais son pilote freine bien trop tôt, peu rassuré par les gommes et par les conditions. Nous reprenons du terrain.

Du fait de la moindre puissance, on réaccélère plus tôt, même en l'absence d'assistance. Tout en soudant la poignée droite, on sonde une garde au sol intermédiaire entre l'excellent emplacement et hauteur de repose-pieds de la Hornet et la hauteur plus limitée de ceux de la Z650. Si 140 mm sont annoncés par Yamaha, comme sur la Hornet, l'amortissement est moins bien taré et l'enfoncement plus important. Du coup, on frotte plus vite que sur les deux autres ! À ce petit jeu de la prise d'angle maxi, la Hornet s'impose. Et ce n'est que le début…

Alors, la Hornet, face à cette MT ? C'est qu'elle a déjà la santé, la petite Yamaha, avec 35 kW. Du fun, du fun et du fun. Du fin aussi pourrait-on dire pour a résumer. Que peut bien lui opposer la CB (oui, la Hornet est une CB 750) ? Avec son bridage électronique fort bien équilibré, mais surtout un couple supérieur, elle profite une fois encore de le plus haute cylindrée du jour et de son poids contenu pour faire bien plus que de contenter les jeunes permis. En version A2, elle conserve une très bonne santé à bas régimes, au point qu'en conduite normale, on ne sent presque pas le bridage.

Un entrain certain à mi-compte-tours fait la part belle aux sensations auditives, tandis que la poussée est à la fois vive et douce, avant de perdre notablement de sa saveur dans la zone des 7 000 à 8 000 tr/min où elle reste plus longuement avant de redonner un peu de peps (et de voix) à sa mécanique, et donc des sensations moteur -cette fois- renforcées. Par rapport au modèle full ? Disons que l'on a effectivement une moitié de Hornet dans les mi-régimes, avec un plateau de puissance, mais que dans les fait, c'est agréable et l'on peut suivre une cadence élevée, même celle des autres protagonistes de ce comparatif en full. La raison ? 

Si leur efficacité de suspension ou encore leur partie cycle étaient égales à celles de la Hornet, les versions A2 pourraient défendre le bifteck, mais ce n'est pas tout à fait le cas devant la montée en régime de la Hornet et sa capacité à mettre en confiance absolue. Plus homogène, la Honda spéciale jeunes permis donne l'impression de déjà être un gros cube, plus gros même que ce qu'elle fait réellement.

Certes adoucie, la Hornet A2 reste en pleine capacité à rouler sportivement, enrouler et pourquoi pas voyager, cruiser, bref à prendre longuement la route et sans lassitude. Sur l'échelle de la facilité de prise en mains, elle s'impose, devant la MT et la Z. Sur celle de la performance, elle est également quelques échelons au-dessus des deux autres, avec des relances plus franches. De fait, on ne prend pas la même vitesse qu'avec la version libre, on ne monte pas aussi vite à la zone rouge du compteur, mais on compense avec d'autres qualités. La Z650 est un cas à part.

Coupleuse, nerveuse de moteur en apparence dans les tours, la "Verte", blanche ici, bluffe son monde et profite d'un bon bridage et d'un moteur que l'on peut solliciter fort pour jouer aussi sur des sensations auditives et mécaniques au travers des mains et des jambes, faites une fois encore de vibrations renforcées. Pour autant, sa partie cycle rigoureuse demande un peu plus d'engagement physique pour donner le meilleur d'elle-même. Une autre manière d'en donner pour son compte sans rien sacrifier à la performance "bridée". Agréable.

A2 : 1 - Hornet. 2 - MT-07 et Z650

Il est temps de conclure, mais vous l'avez compris, la Hornet 750 brulle dans de nombreux domaines en comparaison de ses petites camarades. Comme quoi les progrès sont énormes en quelques années, la conception de la MT-07 remontant à un peu plus de 10 ans à pésent.