2. Aston Martin V8 Vantage (2020) - Sur route : Saine mais à respecter
Les routes du massif de l’Eifel sont humides et encombrées, aussi roulé-je avec circonspection en mode Sport, laissant de côté les plus affûtés Sport + et Track. Bien installé dans un siège ferme mais confortable, je profite d’une excellente conduite et je retrouve les bonnes sensations que j’avais éprouvées dans la version automatique. Mais la boîte… Quand on connaît l’agrément procuré par celle de la Porsche 991, elle déçoit. Sa grille est en biais, surprend, mais surtout, elle est serrée, de sorte qu’on se trompe régulièrement de rapport, d’autant que le levier accroche un peu et manque de précision. Il faut y aller avec doigté, et là, on découvre sa rapidité, alors qu’un coup de gaz intervient quand on rétrograde.
Ce manque d’agrément déçoit d’autant plus que l’automatique est idéalement adaptée à la Vantage. Heureusement, le V8 compense, en se montrant toujours aussi agréable par sa souplesse, sa douceur et sa vitalité insensée. De plus, s’il perd en couple à cause de la boîte manuelle, il demeure extrêmement performant et profite d’une réactivité étonnante pour un bloc suralimenté. Mais sa principale qualité, c’est son punch considérable et constant, une tentation dangereuse sur ces routes glissantes. Il ne se s’essouffle pas à l’abord du rupteur, et sonne joliment, pas autant cela dit que le 4,7 l atmo de sa devancière. Bref, un excellent bloc.
Et le châssis ? Les nouveaux réglages ne dégradent pas le confort sur mauvaise route, au contraire, sauf à régler les amortisseurs en Track. Certes ferme, l’Aston demeure assez prévenante et contient fort bien ses mouvements de caisse. Elle demeure très équilibrée et fondamentalement saine, en plus de très bien freiner, ce qui facilite son exploitation. Tant mieux, car 510 ch et 625 Nm sur ces routes glissantes, ça demande l’humilité ! Surtout que le couple monstrueux intervient dès 2 000 tr/mn. Vu le faible grip, la motricité est vite rompue, même en accélération moyenne en 4ème : le survirage guette constamment dès que le volant n’est plus droit ! Ce qui m’amène à ce commentaire : la voie suivie par l’industrie automobile vers une généralisation de la suralimentation n’est pas forcément judicieuse. Elle engendre des valeurs de couple trop élevées disponibles à des régimes trop bas, ce qui non seulement les rend inutilisables sur des propulsions, mais aussi parfois dangereuses, car l’ESP ne peut pas tout rattraper. Un bloc atmo, plus progressif, sera donc plus sûr car il ne saturera pas prématurément le train arrière par son couple.
Dans les enchaînements de virages, l’Aston demeure très plaisante mais pas aussi vive qu’une 911, et sa direction, certes rapide et précise, manque un peu de feeling. Heureusement, son comportement demeure prévisible pour une propulsion de cette puissance (qu’on ne conduira évidemment pas comme une simple Clio), surtout vu l’aspect extrêmement glissant des chaussées que nous avons empruntées. Par ailleurs, sur autobahn, l’Aston dépasse en toute quiétude les 250 km/h même si la météo n’est pas favorable.
En conduite tranquille, la Vantage se révèle facile, douce, bien insonorisée sauf contre les bruits de roulement, mais on regrette le manque de rangements à bord : la boîte à gant brille par son absence. Il n’empêche que pour voyager avec classe, quelle auto séduisante ! Surtout que dans ces conditions, elle n’avale que 11 l/100 km en moyenne.
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