Après un petit passage par Silverstone pour voir un Nelsinho Piquet faire ses gammes sous un temps très anglais, direction Enstone à quelques kilomètres de là. L’Angleterre est étrange. On y roule à l’envers, le volant est à droite, le passager à gauche (j’ai eu un peu de mal avec ça…), les routes étroites et tortueuses sont constamment ceinturées d’une épaisse verdure que ma Provence n’arrive même pas à approcher aux plus humides des printemps et, last but not the least, les anglais ont le goût de la décapotable et du coupé sport !
Alors que je m’attendais à traverser des zones industrielles du circuit jusqu’à l’usine, c’est au détour d’un virage anonyme au beau milieu des paysages vertondoyants (verdoyant et ondoyant quoi !) de l’Oxfordshire que 3 drapeaux tendus par la brise violente nous indiquent la fin de notre trajet. Après une halte à la guérite et la quête du sésame pass(e-partout ou presque), nous voilà rendus à l’entrée de la matrice.
Enstone, Centre Technique de Whiteways
De ce ventre de métal de 10.000m² sortent en effet les F1 du team Renault en championnat du monde, à l’exception des moteurs produits à Viry Chatillon ! Pour être honnête, le bâtiment n’est pas la meilleure vitrine du team. Je n’ai vu Woking ou Maranello qu’en photos mais, pas de doute, nous ne sommes pas sur le même registre. Si en Grand Prix, le patron Flavio Briatore réclame du faste, de l’esbroufe, de la poudre aux yeux, ici, c’est d’une simplicité et d’une humilité peu en rapport avec la discipline reine du sport automobile. Il faut dire aussi qu’Enstone ne coûte rien à Renault puisque l’usine est entièrement financée par les sponsors et les revenus des droits de la F1.
Mais qu’importe, comme je le dis lorsque je mange une bonne courgette farcie, l’essentiel est souvent à l’intérieur.
Une ruche
L’usine construite en 1992 était anciennement celle de l’écurie Benetton rachetée par Renault en 2002. Elle a donc plus de 15 ans. Une fois passés la porte d’entrée sommaire, nous voici dans une petite salle de conférence où de grands paravents aux couleurs du team égayent le lieu. Marrant, en s’attardant sur les photos, on découvre un Fisico et un Kovalainen en plein effort … ça a le mérite de rappeler que l’équipe de pilotes 2008 fut entièrement renouvelée contrairement à la déco !
Dans ces bâtiments discrets, 550 personnes de 14 nationalités travaillent nuit et jour, 24h sur 24 et 7j sur 7 sous la direction de Bob Bell. Celui-ci ne cache pas qu’Enstone cherche à préserver l’atmosphère intime presque familiale qui n’est plus qu’un souvenir chez les autres grands constructeurs impliqués en F1. Pour lui, c’est principalement à Flavio Briatore que l’on doit cette atmosphère particulière, cet état d’esprit limite commando.
Des équipes de nuit succèdent aux équipes de jour et apparemment, on ne compte pas ses heures dans ce genre de business. Normal, me direz-vous. Le challenge reste quand même bien différent de celui de la piste. Malgré la passion, malgré le domaine d’activité pointu, le boulot d’un John Mardle, directeur des opérations à Enstone, est de gérer une usine et de faire en sorte que tout fonctionne comme dans n’importe quelle autre usine. Le bien être des employés est recherché et leurs conditions de travail doivent être idéales. Mais le plus difficile est d’avoir la capacité de réaction la plus rapide possible face à l’imprévu qui, en F1, est souvent le quotidien.
Les processus de fabrication nécessitent des planifications à moyen terme qu’un évènement (accident…etc) impromptu ne doit pas chambouler. C’est un exercice d’adaptation permanent que bien des industries doivent envier à la F1 !
mon passage éclair à Silverstone en photo
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