Vignette Crit'Air : oui mais sur quels critères ?
C’est la pastille que l’on nous fait avaler pour nous absoudre du péché de polluer. Une bonne conscience offerte à 4,18 euros, ce qui n’est finalement pas cher payé pour être en paix avec soi-même. Et tant pis pour celles et ceux qui ne peuvent y accéder à cause d’un véhicule de plus de vingt ans qui rend tout de même bien des services à un prix raisonnable. Un rapport coût prestation essentiel lorsque le budget est très serré. Et si ces voitures stigmatisées comme sales étaient finalement aussi propres que les automobiles récentes classées comme vertueuses ? Car les critères de la vignette Crit’air méritent que l’on s’y attarde.
D’abord le discours officiel : le certificat qualité de l'air, appelé pastille ou vignette Crit'Air, permet de faciliter l'identification des véhicules les moins polluants par une pastille de couleur apposée sur le pare-brise. Depuis le 1er juillet 2016, le certificat est disponible pour l'ensemble des véhicules. Désormais obligatoire à Paris, il permet aux véhicules les moins polluants de pouvoir circuler dans les agglomérations où ont été instaurées des restrictions de circulation pour lutter contre la pollution.
Sur ce principe exposé, voici l’ordre moral affirmé : Crit'Air, c’est le certificat qualité de l'air, un acte citoyen pour favoriser les véhicules les moins polluants. On est au garde à vous. Et on marche au pas. Cependant, il y a un problème. Les véhicules légers neufs mis en circulation sont testés en pollution suivant des règlements européens et internationaux. Le test consiste à suivre un cycle d’essai qui représente un « scénario » constitué d’accélérations, de décélérations et de paliers à vitesse constante sur une durée de 20 minutes.
Or on sait depuis l’affaire Volkswagen et les soupçons qui commencent a lourdement pesé sur les autres constructeurs que tout ce dispositif est vicié. Il est spécieux. Si les normes Euro sont devenues de plus en plus sévères au cours du temps, la façon de s’adapter aux contrôles par les marques s’est aussi affinée.
Les polluants mesurés sont les oxydes d’azote (NOx), les particules (PM), les hydrocarbures imbrûlés (HC), ainsi que le monoxyde de carbone (CO), qui sont les quatre polluants couverts par les normes Euro. Des mesures faites par des tests-constructeurs à la fiabilité à ce point douteuse que les contrôles effectués sur plusieurs marques de façon indépendante ont révélé que certains tests dissimulaient des dépassements allant jusqu’à 20 fois les plafonds d’émission autorisés.
D’où cette question : un véhicule récent non électrique mais étiqueté vertueux, et dont les résultats sont sujets à caution peut-il être en réalité plus toxique pour l’air qu’un véhicule ancien correctement entretenu et mis en circulation ? Une question à poser au prochain salon Retromobile ! La vignette Crit’air serait-elle une escroquerie morale, une manière de faire tourner le commerce, une façon de mettre au ban de la société une partie de la population, une volonté d’accélérer la révolution des transports ? La liste n’est pas exhaustive. On pourrait aussi ajouter un subterfuge de plus pour remplir les caisses. Mais côté écologie, vous repasserez.
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