Une ONG passe l’E85 à la sulfateuse
Ce n’est pas un réquisitoire, mais une mise à mort. Dans une récente étude, parue juste au moment ou l’Union européenne s’interroge sur le futur de l’automobile et les carburants de demain, l’ONG Transport & Environnement explique que les biocarburants sont un gâchis pour la planète, et un gâchis alimentaire.
Ce n’est pas un simple lopin de terre. Pour Transport & Environnement, la surface cultivée pour produire les biocarburants en Europe, le fameux E85, représente 9,6 millions d’hectares, soit la surface de l’Irlande. Du coup, l’ONG se demande, dans sa dernière étude, s’il n'est pas pas préférable de faire un meilleur usage de ces terres cultivées. Pourquoi ? parce que le flexfuel, selon l’organisation, représenterait le mal absolu, « une expérience ratée, un gâchis planétaire ». Pas moins.
Pourquoi un tel gâchis, alors que ce carburant est moins cher à la pompe, pollue moins que le sans-plomb pur et utilise moins d’énergie fossile ? Parce que, toujours selon Transport & Environnement, les millions d’hectares qu'il nécessite pourraient avoir une bien meilleure utilisation. Ils permettraient, par exemple, de nourrir 120 millions de personnes en y cultivant des denrées alimentaires. Et l’ONG de rappeler les chiffres de l’ONU. Selon les Nations Unis, 50 millions d'êtres humains sont aujourd’hui en situation d'urgence ou d'insécurité alimentaire aiguë.
Mieux vaut des terres en friche que de l'E85
L’étude explique également que les biocarburants sont un obstacle à la lutte contre le réchauffement climatique. On a du mal à comprendre qu’un carburant moins polluant puisse en réalité polluer plus, mais l’association a son explication. Selon elle, si ces terres n’étaient pas cultivées et laissées en friche, en gros, si l’Irlande n’était qu’une vaste forêt, elle absorberait deux fois plus de C02 que l’E85. CQFD.
Ce que veut nous expliquer en creux cette étude, c’est que la voiture électrique est bien plus verte que le carburant vert. La preuve ? Il faudrait 40 fois plus de terres pour alimenter une voiture qui carbure au flexfuel qu’une auto électrique. Non pas qu’il faille recharger son VE à la bonne terre irlandaise, mais simplement parce qu’une partie des terrains utilisés pour planter des betteraves, du colza ou d’autres ingrédients qui entrent dans la composition du biocarburant, pourraient se couvrir de panneaux solaires. Pour appuyer ses dires, Transport & environnement explique que pour produire la même énergie électrique que celle qu’utilisent les autos au flexfuel, 2,5 % de la surface cultivée pour ces dernières suffiraient.
Certes, l’ONG ne demande pas l’interdiction pure et simple des biocarburants, mais il est certain qu’elle ne risque pas de s’y opposer le jour où l’Union prendra sa décision. D’ailleurs les auteurs de l’étude estiment que « si des pays comme l’Allemagne et la Belgique discutent déjà de la limitation des biocarburants en réponse à cette situation, le reste de l’Europe devrait faire de même ».
Bruno Le Maire a trouvé des alliés
D’ailleurs cette étude a été publiée jeudi dernier, et ce n’est pas un hasard. Depuis que l’Allemagne a refusé de voter pour l’interdiction du thermique en 2035, les tractations vont bon train à Bruxelles. Après avoir expliqué, dans une étude précédente, que les essences synthétiques ne représenteraient pas plus de 2 % dans l’alimentation des autos en 2035, Transport & Environnement récidive donc en s’en prenant à l’E85, histoire d’éliminer une à une toutes les alternatives à la voiture électrique, et à pousser l’exécutif des différents pays membres à en faire de même.
L’ONG aura au moins trouvé un allié à son combat en la personne du ministre de l’économie française, qui exhorte l’Allemagne à accepter le plan d’électrification de Bruxelles. Bruno Le Maire allié à une ONG écologiste ? L’avenir de l’automobile européenne n’a pas fini de nous surprendre.
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