Taxes de douanes américaines : vers une poire coupée en deux
L'INFO DU JOUR - À cinq jours de l'échéance, un accord se dessine entre les États-Unis et l'Europe sur les taxes douanières. Trump exigeait 30% pour l'importation des automobiles, notamment, mais après négociations, ce taux pourrait tomber à 15 %. Un accord qui fait l'affaire des Français, beaucoup moins celui des constructeurs allemands, Porsche en tête.

Tic-tac. L’échéance approche, le compte à rebours est lancé, et des deux côtés de l’Atlantique, les États-majors s’agitent. En cause : la menace lancée par Donald Trump il y a quelques jours. Le président des États-Unis veut appliquer une taxe de 30 % sur les produits, et notamment les voitures importées dans son pays à partir du 1er août.
Depuis, les discussions vont bon train. Emmanuel Macron s’est rendu à Berlin cette semaine pour s’entretenir de cette affaire avec le chancelier allemand Frederich Merz, et les deux hommes ont expliqué qu’un accord ou un résultat était à portée de main. Ce qui, à 5 jours de l’application de la taxe couperet tomberait plutôt à pic.
L'Allemagne punie
Quel accord évoquent les deux hommes, avec l’assentiment de Bruxelles ? Selon l’agence Reuters et le Financial Times, sur la même longueur d’onde, les deux puissances pourraient se taper dans la main pour conclure cette guéguerre en actant une taxe de 15% à l’entrée des États-Unis, soit un taux de moitié inférieur aux menaces trumpesques.
Sauf que cette semi-victoire européenne peut également être considérée comme un semi-échec. Depuis le mois d’avril, les voitures importées sont soumises à une taxe de 10%. Si l’accord est signé en l’état, l’industrie auto européenne, qui n’a pas besoin de ça, se verrait encore plus gravement punie. Une punition qui frapperait surtout l’Allemagne, ultra-dépendante des US pour ses marques premium.
La situation actuelle a déjà bien entamé le succès des autos allemandes de l’autre côté de l’Atlantique avec une baisse estimée des ventes à 30 %, et nul ne sait ce que les cinq points supplémentaires pourraient entraîner. Et encore : les best-sellers de Mercedes, les GLE et GLC sont assemblés sur place et sont donc exemptés de taxes. Même combat chez Audi et BMW.

En revanche, Porsche s’attend au pire, puisque la marque de Zuffenhausen importe l’intégralité de ses modèles destinés aux États-Unis et n’entend toujours pas les assembler sur place. La construction d’une usine constituerait un investissement douloureux à supporter et, en tout état de cause, une telle mesure ne pourrait donner ses premiers résultats que dans deux ou trois ans.
En attendant, en plus de sa chute chinoise de - 28 %, Porsche a vu ses ventes américaines baisser de 7% au cours des trois derniers mois avec la taxe de 10% déjà appliquée, et une hausse à 15% devrait encore aggraver la dégringolade. Même si une légère hausse des prix freine moins les acheteurs d’une 911 ou d’un Cayenne que les Américains qui veulent acquérir une Nissan Versa à 18 000 et quelques dollars.
Un accord similaire à celui que le Japon a signé
Reste que le final countdown pour les taxes, toujours en discussion entre Paris et Bruxelles n’est pas le premier. Il y a quelques semaines, il était déjà question d’une échéance similaire, fixée cette fois au 9 juillet, avant que Trump laisse plus de temps au temps.
Pour autant, l’accord attendu ressemble fort à celui, a priori définitif, signé il y a deux jours avec le Japon. La France, derrière Emmanuel Macron, serait plutôt favorable à cette issue, puisque, hormis les marques américaines de Stellantis, la filière auto hexagonale n’est pas concernée, hormis les équipementiers. En plus, les vins et spiritueux, tout comme les avions seraient exemptés de taxes. Une bonne affaire pour les maisons de Cognac et pour Airbus. Pas sûr qu’outre-Rhin, malgré la participation dans le consortium européen de l'avionneur, on en soit aussi ravi. À la fin, ce n’est pas toujours l’Allemagne qui gagne.
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