2. Sur la route, la CLA 350 est performante et confortable, mais ne tient pas sa promesse

C'est donc au volant de la plus puissante des CLA électriques, et des CLA tout court d'ailleurs, que nous avons réalisé notre premier essai. Rappelons que cette version 350 est une 4x4 "4Matic" à deux moteurs, un sur chaque essieu, qui développe 353 ch et 515 Nm de couple, et dont les performances sont annoncées consistantes, avec un 0 à 100 km/h en 4,9 secondes et 210 km/h en vitesse de pointe, ce qui est déjà relativement élevé pour une voiture électrique (la Tesla Model 3 Grande autonomie à transmission intégrale annonce 201 km/h, mais 4,4 s.).
Elle pèse aussi 2 135 kg à vide, ce qui est lourd, mais qui ne l'empêche pas d'afficher des chiffres de consommation record, et une autonomie qui l'est aussi, avec 771 km officiellement selon le cycle mixte WLTP. On peut dire merci à l'excellent coefficient de pénétration dans l'air (0,21).

Ce qui frappe de prime abord, une fois lancé, c'est la qualité de filtration de l'auto. Les trains roulants filtrent bien les bruits de la route, les bruits d'air sont aux abonnés absents, tandis que l'insonorisation poussée ne laisse rien passer côté bruits de la machine (des machines) électriques. On peut toutefois sélectionner via le multimédia des "ambiances" sonores. Cela peut se traduire par un bruit artificiel d'échappement, qui s'il est discret, semble néanmoins presque anachronique. On peut tout désactiver rassurez-vous.
Les suspensions offrent, elles, un très bon compromis entre dynamisme de conduite et confort. Elles ingèrent avec appétit les dos-d'ânes et les bosses ou nids de poules, avec beaucoup de progressivité, et en évitant presque totalement les trépidations, souvent courantes avec des jantes 18 pouces comme sur notre exemplaire en finition AMG Line. Mais elles tiennent aussi très bien la caisse, et évitent les mouvements trop prononcés. Peu de roulis donc, et un dynamisme de bon aloi.

Cela permet de profiter des performances offertes sans trop d'arrière-pensées. Et elles sont dignes d'une vraie sportive. Même si la Tesla Model 3 dual motor grande autonomie ne lui fera voir que son derrière sur une drag race, les accélérations, et plus encore les reprises, sont à la hauteur du nombre de cannassons et du couple élevé. Mais elles s'obtiennent dans un confort et une douceur de fonctionnement redoutables. La CLA décolle tout en douceur. On sent que le couple est bridé à basse vitesse, mais passés les premiers mètres, la poussée est plus que franche, et les véhicules suiveurs disparaissent dans le rétroviseur.
Le comportement induit par les 4 roues motrices est très sécurisant. Le grip n'est jamais pris en défaut (il faut dire que les enveloppes Michelin Pilot Sport 5 y contribuent), et quand on hausse le rythme, le moteur avant se "réveille" en moins de 2 dixièmes de seconde pour venir seconder le moteur arrière et lui adjoindre sa puissance et son couple. D'ailleurs, la répartition des deux se fait automatiquement via l'électronique.

Cela équilibre le comportement, qui, selon mes confrères, est étonnamment assez sous-vireur sur la version 250+ propulsion. Cette 350 est moins sujette au phénomène. Et même si les autoroutes à 110 km/h et les routes très planes et rectilignes danoises ne nous ont pas permis de révéler le plein potentiel en conduite dynamique, le châssis semble vraiment sain. La direction est précise et remonte suffisamment d'information. Le poids ne se fait pas trop sentir, le freinage est efficace et sa consistance parfaite et sans variation, contrairement à beaucoup de voitures électriques. Il faut dire que le système est sans liaison physique entre la pédale et les disques, car c'est un système "by wire" qu'utilise Mercedes.
Reste qu'une Tesla Model 3 est plus dynamique encore sur la route, mais que cela se paye niveau confort, là ou la CLA a trouvé un bon compromis.

En ville, elle se révèle une bonne compagne. Sur ce terrain, on joue avec le sélecteur de marche, qui permet verticalement de passer de la marche avant à la marche arrière, mais aussi, horizontalement, de sélectionner parmi 4 modes de régénération d'énergie à la décélération. Cela va de la roue libre à un mode One Pedal, en passant par une régénération "normale". Et en plus un mode auto, qui réagit au trafic (via les capteurs et caméras de l'auto) et à la topographie en modulant automatiquement le niveau de régénération. La CLA peut récupérer à une puissance jusqu'à 200 kW, ce qui est énorme.
En ville toujours, il faut noter un diamètre de braquage un peu grand, et une visibilité très moyenne, à cause de rétroviseurs à la taille surprenamment réduite, et à la lunette arrière riquiqui. Heureusement que les caméras 360° sont de la partie pour aider. Sur route, on apprécie le silence toujours poussé, qui permet de profiter de la sono Burmeister optionnelle, et une grande facilité de conduite. Enfin sur autoroute, la CLA file toujours sans bruit, capable de dépassements éclair, sans jamais que l'on se rende compte de la vitesse. La conduite autonome est efficace en matière de maintien des distances et de la trajectoire dans sa voie. Une vraie avaleuse de kilomètres.
Oui mais justement, combien de kilomètres avant de devoir brancher ? Eh bien c'est ici que le bât blesse. Cependant, en toute honnêteté, l'efficience est réelle. Nous avons en effet constaté une consommation moyenne de 15,1 kWh (elle a baissé un peu après le tournage de la vidéo, dans laquelle j'annonce 15,6 kWh) soit un peu moins qu'une Tesla Model 3 Grande autonomie transmission intégrale, qui reste autour de 16 kWh/100 km. Cette dernière annonce 629 km avant de devoir recharger. Tandis qu'ici la promesse est située à 771 km maximum.

Mais si la consommation est basse pour la catégorie, elle ne permet pas de respecter la promesse faite en matière d'autonomie. Si l'on divise la capacité de la batterie (85 kWh) par la conso, on obtient un certe joli résultat (563 km), mais qui est bien éloigné des 771 km promis. Ce n'est donc pas aujourd'hui que la révolution sur l'autonomie aura lieu. On le répète cependant, c'est tout de même une belle conso pour une auto de cette puissance et de ce poids. Mais sur autoroute à 130, des conditions inconnues là où nous réalisions l'essai, l'autonomie sera encore inférieure, malgré la présence de la botte secrète de la CLA : sa boîte de vitesses à deux rapports. Cela permet d'avoir des performances à basse vitesse, et une efficience accrue à haute vitesse. On sent en tout cas le passage discret du second rapport vers 109/110 km/h, ponctué d'un minuscule à-coup.
Alors oui, on est un peu déçus que la promesse ne soit pas tenue. Mais plus que de pouvoir rouler longtemps, c'est charger vite qui peut être important. Et là la CLA ne déçoit absolument pas. Avec même entre 340 kW et 350 kW de puissance absorbée sur borne rapide autoroutière, quand officiellement elle accepte 320 kW maximum. Le 10 à 80 % en 22 minutes est crédible.
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