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Sécurité routière : rien de neuf pour faire baisser la mortalité… pour l'instant !

Dans Pratique / Sécurité

Stéphanie Fontaine

À part rappeler les mesures répressives déjà adoptées, mais pas forcément encore en vigueur, comme "l'externalisation de la conduite des voitures radars", le nouveau ministre de l'Intérieur n'a pas annoncé grand-chose de neuf au Conseil national de la Sécurité routière (CNSR), qui se tenait ce lundi. Pourtant, les chiffres de la mortalité routière - encore provisoires - restent en berne. Huit morts de plus sont pour l'heure à déplorer, avec 3 469 tués en 2016. La dernière année où le bilan s'est amélioré remonte ainsi en 2013.

Sécurité routière : rien de neuf pour faire baisser la mortalité… pour l'instant !

Ce n'est pas cette année encore que l'on passera sous la barre des 3 000 tués annuels, a officialisé le nouveau ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux, en marge du Conseil national de la Sécurité routière (CNSR) qui se réunissait, pour la première fois depuis près de deux ans, à Paris ce lundi après-midi. Selon les chiffres encore provisoires, le bilan de 2016 est ainsi en légère augmentation par rapport à celui de 2015, puisqu'il s'établit à 3 469 tués contre 3 461 un an avant. Avec ces 8 décès supplémentaires, ce bilan provisoire peut, au mieux, paraître stable.

Pour la troisième année consécutive, les chiffres de l'accidentalité ne sont en tout cas pas meilleurs – et sont même carrément pires - que ceux obtenus l'année N-1. Du jamais vu depuis des dizaines d'années ! Comme si le bilan de 2013, la dernière année où le nombre de morts a baissé (avec 3 268 tués), ne pouvait plus être amélioré.

Une répression pourtant renforcée comme jamais

Pourquoi ? Bruno Le Roux n'a pas vraiment su répondre à la question, rappelant simplement que les mesures en répression des infractions routières s'étaient pourtant multipliées (voire plus bas) sous le mandat du Président François Hollande. "Il n'y a jamais eu dans l'histoire de la Sécurité routière dans notre pays, autant de décisions qui aient été prises sur une législature", a assuré le nouveau locataire de Beauvau.

La plupart de ces mesures répressives sont toutefois entrées "trop tardivement" en vigueur, a lâché Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière (LCVR). "Le signalement des conducteurs", soit la pseudo-dénonciation des salariés quand les véhicules de société se font flasher, ou encore "la sous-traitance" des voitures radars, que Bruno Le Roux a promis de mettre en place "en septembre prochain, après une expérimentation à partir du mois de février en Normandie", sont autant de mesures soutenues et portées par la LCVR. Mais elles auraient dû intervenir bien "plus tôt" !

"Le problème, c'est que l'on a trop mis l'accent sur les radars et la vitesse, or, on voit bien que cela ne suffit plus", plaide de son côté Daniel Quéro, le président de l'association 40 millions d'automobilistes. "Il faut aussi agir sur les conduites addictives, en particulier sous stupéfiants", a-t-il défendu.

L'objectif des 2 000 tués en 2020 malgré tout réitéré

Malgré les mauvais chiffres, Bruno Le Roux a tenu à confirmer l'objectif annoncé en son temps par Manuel Valls, quand celui-ci était ministre de l'Intérieur, soit celui de passer sous la barre des 2 000 tués en 2020. "Plus que jamais cet objectif doit être réaffirmé", a-t-il martelé, "d'abord parce qu'il est ambitieux, réaliste et accessible"… Un objectif tout simplement "inatteignable", a rétorqué Chantal Perrichon, qui souhaiterait voir désormais généralisée, comme le suggère un collège d'experts, "la baisse de la limitation de vitesse, de 90 à 80 km/h, sur l'ensemble du réseau secondaire, particulièrement accidentogène".

Les résultats de l'expérimentation en cours sur quelques itinéraires seront d'ailleurs connus d'ici quelques mois, puisque, officiellement, cette expérimentation doit s'achever à l'été prochain. Si le bilan se révèle alors positif, la généralisation de cette baisse de 10 km/h pourrait-elle être l'une des nouvelles mesures phare de la Sécurité routière en 2017 ? Bien malin celui qui saurait dire… Le ministre de l'Intérieur n'a fait aucune nouvelle annonce. Tout au plus, il a mis l'accent sur le problème du téléphone portable au volant. Mais de là à dire qu'il compte aller plus loin en interdisant, en plus de l'oreillette, les kits mains libres, ça paraît vraiment prématuré…

Les nouvelles mesures déjà en place ou attendues

Pour rappel, voici une liste non exhaustive des mesures adoptées ces derniers mois :

- Le nombre de radars automatiques installés est reparti à la hausse depuis déjà une bonne année, de nouveaux appareils, plus sophistiqués, officiellement plus redoutables, équipent aussi ou équiperont bientôt, nous promet-on, les bords de routes (des radars double sens, des radars double face, des radars multi-infractions…). La conduite des nouveaux radars mobiles (comme évoqué plus haut) doit également être privatisée, afin que ceux-ci soient bien plus utilisés qu'aujourd'hui.

- Cet accroissement et cette modernisation du parc de radars s'accompagnent en outre de la pseudo dénonciation obligatoire des salariés par leur patron, ainsi que du pseudo risque d'une amende multipliée par cinq pour les patrons récalcitrants.

- Ont été créés aussi des itinéraires laissant présager des contrôles. On parle alors "de panneaux radars leurres", soit des panneaux positionnés sans qu'il y ait forcément de cabine par la suite, et même de véritables "radars leurres", soit de vraies cabines sans forcément d'appareil de contrôle à l'intérieur, l'idée étant de renforcer la peur, chez les conducteurs, de se faire verbaliser, afin de les inciter à lever le pied.

- De nouvelles infractions ont également fait leur apparition : le surteintage des vitres est désormais interdit, les gants sont obligatoires à deux-roues, la verbalisation sans arrestation, comme la vidéoverbalisation, a été renforcée avec une quinzaine d'infractions, au lieu de cinq auparavant, désormais concernées. En clair, cela signifie, que pour les PV dressés dans ce cadre, il est bien plus difficile d'échapper au paiement – et c'est un minimum – d'une amende.

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