Renault Fuego Turbo (1983 – 1985), la voiture de "collection de prestige", dès 8 000 €
Longtemps considérée comme ringarde, y compris lors de sa commercialisation, la Renault Fuego séduit désormais les collectionneurs surtout en version Turbo. Puissant et performant, ce coupé youngtimer se révèle particulièrement agréable à l’usage.
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la Renault Fuego Turbo est-elle collectionnable ?
Novateur par son design, le coupé Fuego joue un rôle important pour Renault. Eh oui ! En effet, il annonce l'esthétique de modèles à venir tel que la R11 et surtout la R25. Pas mal pour une auto longtemps considérée comme ringarde, au point de servir de gag roulant au cinéma... La version Turbo, apparue sur le tard, gratifie de jolies performances tout en se montrant très rare. C'est la Fuego à collectionner entre toutes.
Qui, en 1976, aurait imaginé la déflagration que causerait la VW Golf GTI ? La première compacte sportive moderne initiait une nouvelle catégorie de voitures dont les coupés de grande série feraient les frais en Europe. Ignorant du danger, chez Renault, on planche sur la remplaçante des R15/R17, justement des coupés de grande série. Les designers, emmenés par Robert Opron, transfuge de Citroën, viennent de définir une ligne très moderne, comportant une lunette arrière en forme de bulle, non pas pour imiter la Porsche 924 mais en référence à la Jensen Interceptor que Bernard Hanon, patron de la Régie, adore.
Malheureusement, si les dessins montrent un design avancé, la plateforme retenue demeure très conventionnelle, pour ne pas dire simpliste. En effet, c’est celle de la future R18, évolution de la R12 lancée en 1969. Au programme, traction, moteur en porte-à-faux avant et essieu arrière rigide. Quand la voiture sort, elle marque néanmoins les esprits. Première Renault à abandonner la dénomination par chiffres, la Fuego surprend par sa ligne.
Presque bio-design avant l’heure et très aérodynamique, elle tranche totalement avec les productions de Billancourt, tout en annonçant les R11 et surtout R25. Malheureusement, outre la base roulante peu ragoutante, malgré un train avant à déport négatif hérité de la R20 diesel et un affermissement global de la suspension face à celle de la R18, les moteurs demeurent banals.
Ce sont les Cléon-Fonte en 1,4 l 64 ch et Cléon Alu en 1,6 l 96 ch. Presque ridicules vu l’aspect de la voiture ! Quelques mois plus tard, le Douvrin en 2,0 l développant 110 ch rejoint l'offre. Rien de sportif non plus. Néanmoins, la première année, quelque 75 000 unités sont écoulées… Mais les ventes chutent dès 1981. Les petites bombes attirent la clientèle des coupés, et la Renault ne peut absolument pas lutter en matière de performances. Même des rivales directes comme les Lancia Beta, Opel Manta et autre Volkswagen Scirocco sont hors de sa portée.
Pire, non seulement, la Fuego devra attendre fin 1982 pour recevoir le turbo dont Renault s’est fait le chantre, mais en plus, ce sera d’abord sur un moteur au gasoil, celui des R20/R30. Ah ça, avec 88 ch, la Fuego devient le diesel le plus efficace de l’époque, mais il ne va pas tenir les compactes sportives en respect… Mieux vaut tard que jamais, à l’automne 1983, le coupé au losange bénéficie – enfin ! – d’une motorisation un tant soit peu en accord avec ce qu’il évoque : un turbo essence, en l'occurrence un Garrett (soufflant à 0.75 bar).
Dérivant du 1,6 Cléon Alu de la R18 Turbo, ce bloc pourvu d'un allumage électronique intégral et d'un détecteur de cliquetis développe 132 ch : suffisant pour emmener la Fuego à 200 km/h. Pas mal ! La suspension se voit affermie pour l’occasion, les quatre freins sont à disques (ventilés à l'avant) alors que des belles jantes en alliage BBS soulignent les ambitions nouvelles de la Renault. Celle-ci bénéficie en outre d’un tableau de bord inédit (qui sera repris sur la R18 Turbo en 1984) et d’un équipement complet : vitres (teintées) et rétros électriques, ordinateur de bord, projecteurs antibrouillard, télécommande de verrouillage à infrarouge, direction assistée…
En option, on trouve le cuir ou encore la chaîne hifi. Enfin, à 89 500 F (soit 30 000 € actuels selon l’Insee), la Fuego Turbo se trouve plutôt bien placée. Malheureusement, c’est trop tard. La Renault s’est logiquement forgé une image de voiture pépère et ringarde malgré sa ligne, et la Turbo ne pourra absolument pas endiguer l’effondrement de ses ventes.
D’ailleurs, début 1985, la Fuego est retirée du catalogue. Environ 226 000 unités ont été produites à Maubeuge, ce qui n’est pas si mal, mais qu’en aurait-il été si dès le début, des moteurs puissants avaient été proposés ? Néanmoins, la Renault poursuivra sa carrière loin de chez nous, jusqu’en 1992, en Argentine…
Combien ça coûte ?
Lentement, la cote de la Fuego Turbo grimpe. Actuellement, il faut compter 8 000 € pour un exemplaire en bon état, 10 000 € pour une très belle auto et 13 000 € pour un exemplaire vraiment impeccable. On parlera d’état et non de kilométrage pour une auto de cet âge.
Quelle version choisir ?
Comme il n’y en a qu’une, optez pour celle dans le meilleur état possible, et complète car certaines pièces spécifiques sont difficiles à trouver.
Les versions collector
Là, on peut parler de kilométrage bas, car c’est un élément différenciant. Ensuite, évidemment, l’auto doit se présenter en parfaite condition. Enfin, si elle bénéficie d’options, c’est un plus considérable. Autant dire que ce type de Fuego Turbo est quasiment introuvable !
Que surveiller ?
Contrairement à ce que suggère la réputation des Renault des années 80, la Fuego Turbo se révèle fiable mécaniquement, tant en ce qui concerne le moteur que la boîte. Certes, le turbocompresseur passe rarement les 100 000 km, mais c’est la norme pour l’époque. De plus, l'allumage entièrement électronique et la distribution par chaîne facilitent la maintenance. Cela dit, vu l’âge, on surveillera l’état des durits d’essence et du circuit de refroidissement.
Dans l’habitacle, les petits accessoires sont cassants et les sièges s’avachissent mais le vieillissement général n’est pas si mauvais. Evidemment, l’électricité cause des avaries parfaitement horripilantes... Enfin, la corrosion peut sévèrement attaquer la Fuego (tour de hayon, bas de portière, planchers, ailes, longerons arrière), mais pas plus que n’importe quelle concurrente. Toutefois, le problème sera de trouver des pièces spécifiques, rien n’étant refabriqué.
Sur la route
La ligne de la Fuego m’a toujours plu, et je lui trouve désormais un charme eighties très sympa. Même le dessin du tableau de bord se révèle plutôt agréable. Les sièges procurent un confort certain, et on apprécie le volant réglable en hauteur. Malgré cela, on se trouve assis trop haut si on mesure plus d’1,80 m. Le volant en cuir, un modèle du genre, agit sur une direction assistée très réussie, et rapidement on constate la bonne filtration de la suspension et l’insonorisation plutôt réussie du moteur.
Celui-ci, étrangement, s’il est souple, manifeste un effet turbo très marqué. Cela dit, c’est plutôt sympa, et à partir de 3 500 tr/min, la turbine souffle plein pot, ce qui autorise des performances très sympathiques. Un peu trop même pour le train avant, dont la motricité est juste correcte, sans oublier les remontées de couple dans le volant. En clair, la Fuego Turbo n’apprécie pas d’être brusquée, surtout qu’elle plonge au freinage.
Heureusement, en conduite coulée/rapide, elle s’en sort très bien, et révèle une tenue de route tout à fait sûre, voire une certaine efficacité. Voici donc une voyageuse rapide et confortable, silencieuse sur autoroute grâce à la 5e longue (36,8 km/h pour 1 000 tr/min), globalement douce à manier et de surcroît frugale : 8,5 l/100 km en moyenne.
L’alternative newtimer*
Renault Laguna Coupé (2008 – 2015)
Pour son retour vers les coupés spacieux, Renault a osé une très belle ligne, inspirée de celles du concept Fluence de 2004. Commercialisée en 2008, la Lagua Coupé surprend très agréablement, même si quelques détails gâchent l’ensemble, comme l’assiette trop relevée à l’arrière et la calandre coupe-frites. Heureusement, l’offre en essence est intéressante : un 2,0 l turbo de 170 ch ou 205 ch et un 3,5 l V6 Nissan de 240 ch. Autant de blocs garants de belles performances, alors que le châssis se révèle d’une efficacité redoutable, même sans les roues arrière directrices.
De surcroit, le confort est excellent, l’équipement riche et les prix raisonnables. Cela dit, les ventes démarrent assez mollement : le nom Laguna est maudit et Renault ne l’a pas compris. Dommage, car la garantie de 3 ans (ou 150 000 km) est synonyme de bonne fiabilité. Fin 2011, la Laguna Coupé se voit légèrement restylée, puis en 2013, les moteurs à essence sont supprimés, suivis du V6 dCi en 2014. En 2015, cette Renault atypique disparaît du catalogue, sans connaître de remplaçante.
Renault Fuego Turbo (1984) : la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 565 cm3
- Alimentation : carburateur, turbo
- Suspension : bras superposés, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; essieu rigide, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 5 manuelle, traction
- Puissance : 132 ch à 5 500 tr/min
- Couple : 200 Nm à 3 000 tr/min
- Poids : 1 060 kg
- Vitesse maxi : 201 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 9,5 secondes (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Renault contemporaines de la Fuego Turbo, rendez-vous sur le site de La Centrale.
* Les newtimers sont des véhicules iconiques ou sportifs plus récents que les youngtimers, mais dont la valeur monte. Plus fiables et faciles à utiliser au quotidien, ils doivent leur essor à des caractéristiques techniques souvent disparues, comme de gros moteurs atmosphériques.
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