Quand la Chine veut reprendre les usines qu'elle a contribué à fermer
L'INFO DU JOUR - Deux usines allemandes du groupe Volkswagen condamnées pourraient bien devenir chinoises. Un curieux paradoxe alors que les difficultés de VW viennent, en partie, du marché de ce pays.
La rumeur se propageait depuis le début de l’année, elle est désormais vérifiée. La reprise possible des unités de production allemandes que le groupe Volkswagen souhaite fermer, par des entreprises de l’empire du milieu, est confirmée par le boss de VW, Oliver Blume. Du moins a-t-il reconnu être en discussion avec des « partenaires chinois dans ce sens ».
Le symbole, et le paradoxe, sont, bien entendu, immenses. Ainsi donc les marques venant du pays qui a lui-même contribué à la Bérézina allemande, à la suppression de 35 000 postes chez Volkswagen et à la fermeture de deux unités de production sont en train de cueillir les fruits de ce qu’elles ont semé.
Un hold-up chinois ?
C’est du moins l’opinion d’une partie des médias allemands, et d’une partie, aussi, de l’opinion publique. Une situation qui ne pouvait pas tomber plus à pic pour l’AFD, le parti d’extrême droite souverainiste à trois semaines des élections législatives. Un parti soutenu par Elon Musk qui, depuis une semaine, surfe sur ce « hold-up » chinois.
Pour autant, l’Allemagne reste un pays ou le pragmatisme est une seconde religion. Du côté du VDA (Verband Der Automobilindustrie), la fédération qui regroupe les constructeurs, on se réjouit carrément de cette nouvelle. « Si nous voulons produire en Chine, c'est bien sûr aussi une bonne chose que les entreprises chinoises produisent en Allemagne. Cet échange mutuel crée de la richesse et des emplois dans toutes les régions ». À condition que « l’échange mutuel » soit avéré, ce qui, connaissant les difficultés de l'automobile allemande en Chine semble une chimère.
Côté syndical, si les réactions sont moins enthousiastes, elles restent néanmoins ultra-pragmatiques. Pour les représentants du personnel de VW, seule compte la préservation des emplois, mais pas à n’importe quel prix : les contrats de travail (plutôt avantageux) signés avec Volkswagen doivent être maintenus, quel que soit le nouveau patron.
Mais au fait, quels sont les sites allemands qui pourraient passer sous drapeau chinois ? Les regards se tournent évidemment vers les usines de Dresde et Osnabrück. La première, qui emploie 340 personnes qui assemblent des ID3, doit fermer cette année. Quant à la seconde, ou 2 300 salariés fabriquent des T-Roc Cabriolet, elle doit s’arrêter en 2027.
Quel repreneur possible ?
Reste une autre question d’importance : l’identité des repreneurs. Le patron de VW a refusé de donner des noms, et l’on ne peut faire que des suppositions. Oliver Blume affirme qu’il discute avec des « partenaires » de son entreprise. Le groupe travaille aujourd’hui avec trois boîtes chinoises, sous la forme de coentreprises, la spécialité locale. Il s’agit de SAIC, FAW et JAC. Mais VW détient également des parts chez Xpeng, autre marque locale.
Le ou les repreneurs pourraient donc figurer parmi ces quatre entreprises. Mais il pourrait également se trouver être un constructeur qui ne travaille pas encore avec VW mais qui a des ambitions européennes comme BYD, déjà présent en Hongrie.
Sauf que l’Allemagne n’est pas la Hongrie, ni pour Build your dreams ni pour les autres. Outre-Rhin l’énergie est chère (plus chère qu’en France), et le prix de la main-d’œuvre est élevé. La fédération de l’automobile demande d’ailleurs au gouvernement une baisse du prix de l’électricité pour les entreprises, comme celle de l’impôt sur les sociétés pour remédier à ce problème. La balle est donc dans le camp de l’administration Sholz, plutôt muette depuis le début de cette affaire.
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