Nouvelle C3 : le grand soir de Citroën
Michel Holtz , mis à jour
La révélation de la nouvelle Citroën C3 la semaine passée n’est pas une simple formalité. Ce n’est pas seulement le renouvellement de l’une des autos les plus vendues en France du segment le plus courant. C’est la première pierre d’un changement stratégique de la marque qui veut peu à peu abandonner son image traditionnaliste pour s’en aller vers une ère nouvelle plus effrontée. Reste à concrétiser le changement de bord et à le réussir.
Ses petits feux malicieux, ses boursouflures anti-rayures qui friment sur les portières et ses rondeurs sont moins mollassonnes que celles de la précédente. Mais la nouvelle Citroën C3 n’est pas seulement la troisième C3 que nous a présentée Olivier Pagès. C’est la révolution dans la vénérable maison, le grand soir des Chevrons, la première pierre d’un autre Citroën. Une marque larguée qu’on vient de retrouver. Une marque qui revient de très loin, et qu’on est plutôt content de voir réapparaître, comme un vieux copain de lycée perdu de vue qui nous refait signe sur Facebook. On ne s’était pas dit rendez-vous dans dix ans. Mais ça faisait quand même deux ans qu’on s’était oubliés. Et deux longues années sans une nouveauté, pour un constructeur automobile, c’est une éternité.
Un monospace après l'ère des monospaces
Evidemment, il y eut un lancement, ce printemps. Mais peut-on décemment appeler l’E-Mehari une nouveauté ? Difficile de faire passer une vessie Blue Summer Bolloré pour une lanterne Citroën. En termes de vraie nouvelle auto, il faut remonter à 2013 et 2014, avec le C4 Picasso d’abord. L’année même où les SUV compacts émergent et font leur trou, l’année où les monospaces s’effondrent, l’année où Citroën décide de lancer un monospace. Champion du rayon « je flaire mon époque ».
Un an plus tard, les chevrons lancent Le C4 Cactus. Quoi que t’est-ce ? Un SUV plus décalé et plus rigolo que son cousin Peugeot 2008 ? Ou un Ovni low cost sans banquette arrière rabattable ni ouverture des vitres à l’arrière aussi ? Un entre-deux, une voiture essentielle, nous a-t-on doctement expliqué. On n’a pas trop compris le concept, les clients non plus.
Le Dacia du Quai de Javel
Certes, pendant ces années noires, Citroën avait quelques circonstances atténuantes. Pas moins qu’une menace de faillite du groupe et des injonctions contradictoires qui lui suppliaient de devenir low cost, elle, l’innovatrice historique, devenue la marque de vieux, devait donc d’un coup de baguette magique se transformer en Dacia du Quai de Javel. Alors il a fallu trancher, et c’est peut être ce que Carlos back in race Tavarès a fait, avant d’enquiller sur son push to pass avec un message enfin clair : rendre à Citroën son côté effronté et novateur que son fondateur avait soigné, en gommant l’effet troisième âge qui lui colle au train (roulant) depuis trop longtemps.
La tradition chez Peugeot, la fraicheur chez Citroën
Rien n’est gagné. Afficher une ambition est une chose. La transformer en objectifs réalisables et quantifiables en est une autre. Mais avant le SUV compact Aircross, dont le concept date de plus d’un an déjà et qui malgré son retard sur les copains Peugeot et Renault pourrait casser une baraque déjà ultra-surchargée, voilà donc la nouvelle C3. Les esprits chagrins vont maugréer sur ses air-bumps qui dévaloriseraient la ligne de l’auto et sur son intérieur, très graphique, en plastique dur. Mais ce sont sûrement des esprits d’un autre âge qui ont l’âge avancé, que Citroën essaie de fuir. Pour eux, il reste toujours au catalogue quelques C4 propres sur elles, sans boursouflures sur les portières, et avec une planche de bord moussée comme ils aiment. Qu’ils en profitent. Dans quelques années, quand le vent de fraicheur aura soufflé sur l’ensemble de la nouvelle gamme Citroën, ils devront se réfugier chez Peugeot, la marque d’un certain classicisme à la Française, la marque des conducteurs un peu plus traditionnels. Car c’est bien de ce nouveau positionnement qu’il s’agit : l’effronterie à Citröen, la sagesse à Peugeot. Une répartition des rôles qui peut être discutable, et qui risque d’être discutée. Mais une répartition des rôles qui existe. Et c’est bien la première fois qu’elle existe. Après 40 ans de cohabitation entre Peugeot et Citroen.
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