Lotus Europa, la seule vraie voiture européenne
ROUTE DE NUIT. L’actualité culturelle autour de l’automobile nous offre l’occasion de belles rencontres autour de la créativité.
Au cours de ces dernières semaines du printemps, on parle beaucoup d’Europe. Toutefois, il est vain de définir à quoi ressemble une voiture « européenne » car les marques défendent bec et ongles leurs identités nationales.
La France, l’Allemagne et l’Italie ont jalousement entretenu leurs patrimoines et on ne s’en plaindra pas. Plutôt qu’un nivellement qui uniformiserait les lignes, les groupes multinationaux s’emploient à maintenir une coloration singulière au style de leurs produits en fonction de chaque origine géographique.
C’est ce qui a toujours été fait au sein du groupe Volkswagen soucieux de distinguer de ces marques allemandes ses filiales espagnoles (Seat) et tchèque (Škoda). C’est la difficulté que rencontre aujourd’hui Stellantis qui doit différencier la latinité de Lancia, par rapport à la francité de Citroën ou de Peugeot, au caractère germanique d’Opel ou aux accents américains de Jeep.
Leur patrimoine est précieux car rares sont les pays de l’Union Européenne qui dispose encore d’une industrie nationale : outre l’Espagne et la République tchèque déjà citées, il ne reste que Volvo en Suède et Dacia en Roumanie qui ont survécu.
Il reste donc une vingtaine de nations qui accueillent des unités de production en assurant la sous-traitance de modèles nés ailleurs.
Alors rendons hommage à la seule voiture de l’histoire qui pendant plusieurs années assuma son essence européenne : la Lotus Europa. Manque de chance, elle implique un pays qui a lâchement quitté le navire… Présentée en décembre 1966, elle se vantait d’être le fruit d’une coopération semblable à celle qui donna naissance au Concorde en 1969.
La Lotus Europa associait un moteur français et une coque britannique : un moteur de Renault 16 (un 1470 cm3 en alliage léger, développant 82 ch à 6000 tr/min) placé au centre d’un châssis-poutre habillé d’une superbe carrosserie dessinée par John Frayling. L’Europa était spartiate mais typée, peu puissante mais ultra-légère (650 kg).
En 1971, Renault cessa de livrer les moteurs à Lotus pour ne pas faire d’ombre à l’Alpine A310…
Après ça, on ne s’étonnera pas que les Anglais aient choisi le Brexit.
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