Lancia Delta HF 4WD (1986 – 1987), l’Integrale à moitié prix, dès 18 000 €
Elle ne porte pas l’inscription Integrale, mais c’est tout comme. Compacte la plus efficace de son temps, la Delta HF 4WD est une remarquable machine, encore sous-cotée ou presque face à des sportives pourtant moins rares et performantes.
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la Lancia Delta HF 4WD est-elle collectionnable ?
Cette Lancia possède une place particulière dans l'Histoire automobile : c'est la première compacte ultra-performante et dotée de quatre roues motrices. Elle a amené sa catégorie dans une autre dimension. De surcroît, elle profite d'un palmarès exceptionnel en course puisqu'elle a été championne du monde des rallyes. Enfin, peu produite, elle demeure rare sur le marché, a fortiori en parfait état d'origine.
Si la Fiat Ritmo a terminé deuxième à l’élection de la voiture de l’année 1979, la Lancia Delta a décroché le titre en 1980. Pourtant, la seconde dérive de la première, à ceci près qu’elle utilise des trains roulants spécifiques. La Delta bénéficie en effet d’un très bel essieu arrière composé de jambes de force et de trois bras de guidage par roue, sans oublier une barre antiroulis. Proche de celui de la grande Gamma, il représente ce qu’il y a de mieux sur le segment des compactes. La petite Lancia se targue ainsi de qualités dynamiques et d’un confort de suspension bien meilleurs que ceux de ses rivales.
Une telle base mérite plus de puissance que les 85 ch initialement proposés. En 1982, la version GT porte la cavalerie à 105 ch mais surtout, cette année-là, un concept Turbo 4x4 est présenté. Il ne débouche que sur la HF Turbo (130 ch) dans un premier temps, en 1983, cependant qu’en rallye, la 037 finit par remporter le championnat du monde. Mais c’est une simple propulsion, et elle commence à avoir du mal face à l’Audi Quattro et surtout une nouvelle-venue, la Peugeot 205 Turbo 16, toutes deux à quatre roues motrices.
La française devient l’épouvantail en Groupe B dès 1984, et Lancia œuvre à la mise au point de la terrifiante Delta S4, à transmission intégrale. Il serait judicieux que la gamme de série profite de son aura prévue, alors on décide de développer pour la série le concept Turbo 4x4. On troque son 1,6 l suralimenté contre le 2,0 l de la Thema Turbo ie, développant 165 ch. Un double-arbre (Lampredi) sophistiqué puisque doté de deux arbres d’équilibrage et d’une fonction overboost portant le couple de 255 à 284 Nm sous forte sollicitation.
Et pour la transmission, on se contente… du meilleur. Viscocoupleur central Ferguson, pour gérer la répartition du couple entre les trains (56 % sur l’avant par défaut), et, pour l’ajuster à chacune des roues postérieure, différentiel arrière Torsen, qui agit de façon bien plus progressive que les autobloquants utilisés la plupart du temps. En résulte une compacte plus performante et efficace que jamais, en plus d’être la première Lancia de grande série à quatre roues motrices. Facturée 130 000 F (soit 37 400 € actuels selon l’Insee), cette bombe capable de 208 km/h en pointe n’a pas de concurrente directe.
Conçue pour un usage touristique, elle se révèle bien équipée pour l’époque : vitres teintées électriques, fermeture centralisée, jantes en alliage, antibrouillards, sellerie mixte tissu/Alcantara, banquette arrière en deux parties… En option, on trouve les baquets Recaro ou encore le toit ouvrant. Dénommée HF 4WD, cette Delta survitaminée fait une entrée remarquée, sauf qu’à l’époque où elle est dévoilée, Henri Toivonen et son coéquipier Sergio Cresto se tuent à bord d’une S4 au Tour de Corse. D’autres crashs mortels marquant la saison 1986 des rallyes en Groupe B, celui-ci est supprimé en fin d’année.
Pour 1987, la catégorie-reine du WRC sera le Groupe A, où Lancia engage une… Delta HF 4WD. Qui sera l’arme absolue, remportant le championnat du monde sans être inquiétée ! La version de série, timidement produite à 2 300 unités en 1986 doit absolument atteindre les 5 000 pour être homologuée. Lancia ajoute 2 700 de toute urgence… qui partiront vite, avec l’accumulation des succès en rallye Du coup, quand la HF 4WD termine sa carrière fin 1987, remplacée par la mythique Integrale, elle a produite à 5 298 unités, dont un peu moins de 800 ont été écoulées en France.
Combien ça coûte ?
Longtemps ignorée, la HF 4WD a fini par bénéficier de l’aura de l’Integrale, devenue hors de prix. A 18 000 €, on se déniche un exemplaire en assez bon état, et à 20 000 €, on accède à une auto sans défaut cosmétique. A 25 000 €, on peut même toucher une Delta de moins de 100 000 km, en se déplaçant en Italie. Les plus belles sont encore à moins de 30 000 €, soit beaucoup moins qu’une Integrale décatie…
Quelle version choisir ?
Comme il n’y en a qu’une, le choix est simple. Préférez les autos 100 % d’origine, non bidouillées donc, à jour d’entretien et sans corrosion.
Les versions collector
Toutes, donc une, à condition qu’elle se trouve en parfait état d’origine. Les exemplaires jamais repeints, peu kilométrés et dotés, par exemple, des sièges Recaro, seront plus désirables. Un historique complet sera un gros plus.
Que surveiller ?
Mécaniquement, la Delta HF 4WD est solide mais pour cela, nécessite un entretien absolument rigoureux. Le moteur, sans souci particulier sur la Thema Turbo ie, accuse étrangement des faiblesses du côté des bielles sur la Delta.
Pourquoi ? Parce que la Thema étant une traction, en cas de forte accélération, les pneus jouent le rôle de fusibles en partant en fumée. La Delta bénéficiant d’une motricité totale, ce sont les bielles qui souffriront, d’où la nécessité d’utiliser une huile de première qualité, renouvelée tous les 5 000 km. Cela dit, l’avarie est bien moins fréquente que sur l’Integrale, plus puissante.
Le niveau d’huile doit être surveillé de près (et conservé près du maxi autant que possible) pour préserver le turbo Garrett T3. La boîte, vidangée régulièrement, se révèle robuste, sauf si elle n’a été utilisée que de façon brutale. On changera aussi la courroie de distribution tous les 50 000 km au plus tard.
Si la suspension vieillit normalement, la corrosion peut sévèrement attaquer la Delta. Surveillez les jonctions longerons avant/traverse, les passages de roue arrière, le pavillon juste au-dessus du hayon, ainsi que le bas des ouvrants en particulier. Dans l’habitacle, le bourrelet gauche du siège Recaro côté conducteur se perce systématiquement avant 100 000 km, mais le reste vieillit plutôt bien.
Au volant
Qu’elle semble petite, la Delta ! Ce constat, on le faut aussi à l’intérieur, où la place manque en hauteur. Le volant étant trop incliné en avant, la position de conduite demande une accoutumance, ensuite on l’oublie. Le moteur, un peu atone, mais souple, à bas régime, se réveille vraiment à 3 000 tr/mn. A partir de là, il étonne par sa santé, son punch et son caractère. Bel agrément ! La boîte le complète fort bien, d’autant qu’elle se révèle douce à manier, même si elle manque un peu de guidage.
Le châssis ? La direction, assistée, se montre consistante et précise, les trains roulants sont très rigoureux, l’amortissement séduit par sa justesse, donc l’ensemble se révèle aussi agréable que remarquablement efficace. Gorgée de grip, la Delta passe très vite en appui, et, équilibrée, dérivera gentiment des quatre roues à la limite. Si la transmission intégrale ne permet pas d’aborder plus vite les virages, elle autorise une remise des gaz bien plus précoce et forte qu’avec une traction, aussi la HF 4WD s’en extrait-elle comme une balle ! Et ce, en demeurant insensible aux aspérités.
En sus, elle délivre un confort de roulement assez étonnant pour une sportive. En somme, une bête de rallye utilisable en famille, pas mal non ? En usage courant, la Delta se contente de 9 l/100 km, mais monte vite à 15 l/100 km quand on commence à arsouiller…
L’alternative youngtimer
Subaru Impreza GT (1993 – 2001)
Lancia n’ayant pas donné de descendance aux HF 4WD/Integrale, on peut considérer la Subaru Impreza GT comme son héritière spirituelle. Elle aussi dérive d’une berline de grande série, elle aussi dispose d’un 2,0 l turbo allié à une transmission intégrale, elle aussi sera championne du monde des rallyes.
Ultra-performante avec ses 211 ch, et efficace comme jamais, la japonaise n’est même pas chère à son lancement français, en 1993. Elle est proposée en 4-portes et en break, mieux équipé (ABS et airbags de série). L’Impreza évoluera par petites touches (nouveau tableau de bord en 1997, puissance portée à 217 ch et freins renforcés en 1999) jusqu’en 2001. A partir de 14 000 €.
Lancia Delta HF 4WD (1986), la fiche technique
Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 995 cm3
Alimentation : injection électronique
Suspension : jambes élastiques, ressorts hélicoïdaux, bras inférieur, barre antiroulis (AV) ; 2 bras transversaux et 1 tirant de poussée par roue, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
Transmission : boîte 5 manuelle, quatre roues motrices
Puissance : 165 ch à 5 250 tr/mn
Couple : 284 Nm à 2 750 tr/mn
Poids : 1 190 kg
Vitesse maxi : 208 km/h (donnée constructeur)
0 à 100 km/h : 7,8 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Lancia Delta HF, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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