Interview confinée – François Roudier, directeur de la communication du CCFA : « Cette crise remet en cause la logique des nouvelles mobilités »
Porte-parole du comité français des constructeurs d’automobiles, François Roudier intervient depuis son domicile auprès des médias pour expliquer la démarche des marques. Mais il analyse également le marché, et tente de savoir de quoi les lendemains automobiles seront faits.
On entend au loin une voix féminine. Dans l’appartement parisien des Roudier, monsieur et madame télétravaillent tous les deux, mais si parfois les coups de fil et les confcalls se chevauchent d’une pièce à l’autre, l’ambiance reste sereine. Plus sereine en tout cas que la tempête qui secoue le monde en général et l’automobile en particulier. « Surtout que ma femme travaille dans l’hôtellerie-restauration, un secteur tout aussi secoué ».
Le directeur de la communication du CCFA (Comité des constructeurs français d’automobiles) qui regroupe les deux groupes français, Renault et PSA, est quant à lui bien paré pour le travail à domicile, « étant un peu geek et étant obligé d’établir chaque mois les statistiques de ventes de voitures à 2h du matin, je suis rodé. »
Alors François Roudier intervient dans les médias, c’est l’un de ses rôles, pour parler au nom des enreprises qu'il représente depuis son bureau-domicile et pourrait établir un classement précis des meilleurs systèmes de vidéoconférence des télés françaises.
Mais s’il porte la parole de l’industrie (les équipementiers, les distributeurs et les réparateurs ont leurs propres représentants), il intervient également auprès des pouvoirs publics pour défendre l’intérêt de l’automobile. « En ce moment, on travaille sur l’interdiction de la pub pour l’automobile ». Un projet qui serait dans les tuyaux de l'Assemblée et que le "dircom" lobbyiste du CCFA tente de repousser. « La pub est essentielle, surtout au moment où il va falloir relancer les ventes ».
Entre ses combats, le patron de la communication prend aussi le temps de réfléchir à la sortie de crise et au redémarrage du secteur « par étapes : les usines d’abord, les concessions ensuite. » Une sortie de crise et un monde nouveau qu’il ne voit pas vraiment comme celui d’avant, notamment en termes de nouvelles mobilités. « Il va vraiment falloir se poser sérieusement la question de l’autopartage et du covoiturage ». General Motors vient d’ailleurs de fermer son activité dans ce domaine baptisée Maven. La raison de cette désaffection pour ces nouvelles activités ? Pour François Roudier, il s’agit avant tout du coût sanitaire qu’elles vont forcément engendrer. « Quand une auto, ou même une trottinette, change de main plusieurs fois par jour, comment faire pour la désinfecter ? » Un casse-tête auquel bon nombre d’industriels et de loueurs risquent d’être confrontés très rapidement.
En attendant d'affronter cet avenir un tantinet incertain, François Roudier attend le déconfinement prochain. Ce moment où il pourra à nouveau se déplacer en voiture, même s’il avoue la démarrer chaque matin. Sans la bouger.
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