2. Yamaha Niken GT (2023) : plus efficace, mais plus doux
Le Niken apporte instantanément une impressionnante sensation de contrôler la route. Quel que soit son état, quelles que soient les conditions extérieures, le train avant lisse le bitume, en absorbe le moindre relief, même prononcé. Même en cas de dévers ou de différence d'adhérence entre les deux pneus avant, le Niken est un aplanisseur de route qui supprime les variations "verticales", tandis qu'il s'affranchit au passage des limites d'angle communément admises. Pourtant, Yamaha ne revendique pas plus de 45° d'angle prenables avec cette moto. Dans les faits, la Niken est capable de bien plus. Elle est une avaleuse de virages, une mangeuse de courbes, une ogresse d'épingles, une engloutisseuses de bifurcations.
Une fois l'imposante largeur du train directeur assimilée et dès lors que l'espace est suffisant de chaque côté des roues avant pour leur permettre d'obliquer, cet outil infernal trace des trajectoires folles à des allures non moins folles. Rapidement, le dispositif Ackerman permet de venir frotter… Les valises sur le sol, tout du moins sur des tracés techniques et aux mains d'une personne prompte à le faire. Le tout avec une aisance et une simplicité déconcertantes. Le tapis volant fait moto, vous connaissez ? Nous, oui.
Reste à composer avec le nouveau moteur. Celui-ci apparaît bien plus encadré que par le passé, y compris une fois le contrôle de réaction désactivé. Ce qu'il a perdu en démonstrativité, il l'a gagné en sérénité. Euro 5 et le poids supplémentaire par rapport à la Tracer (près de 40 kg…), creusent les réactions moteur lors des relances entre 4 000 et 6 000 tr/min, mais la fougue du trois cylindres CP3 est toujours présente, même amoindrie, qui compense rapidement ce phénomène. Reste à jouer davantage de la boîte de vitesses que sur les modèles à deux roues dans les portions les plus lentes histoire de profiter de la puissance.
Si elle est douce et agréable, cette boîte, le shifter bi directionnel (montée/descente), pourtant plus performant que par le passé, manque cruellement de douceur et de souplesse au retrogradage. Il impose d'être sec et vif du pied gauche pour passer le ou les rapports inférieurs, que l'on soit en phase de freinage ou d'accélération. En effet, cette troisième génération de shifter Yamaha permet en théorie de passer un rapport quoi que l'on soit en train de faire au niveau des gaz.
Plus progressif qu'agressif, la Niken nouvelle mouture se veut impérial et rassurant, coupleux à souhaits. Il est de toutes façons redoutable dans ses entrées en courbe. Là où une seule roue est plus légère mais moins stable et demande plus de feeling et d'expérience, elle est bien plus véloce. Là où elle engage (la roue), elle neutralise (la Niken), permettant de piloter sans effort. On bascule d'un angle sur l'autre avec une décontraction déconcertante et une efficacité insoupçonnable. Forcément, la perte d'adhérence est tellement repoussée qu'oublier ce paramètre dans l'équation routière, c'est piloter en toute liberté. Formule gagnante, donc, et équation sans inconnue : les réactions sont parfaitement prévisibles !
Reste que quelques détails ergonomiques fâchent encore, à l'image de la béquille centrale dont le pied de déploiement entre systématiquement en contact avec le talon gauche, du fait de l'implantation des platines et d'une position des pieds assez avancée. De même, la commande de clignotant n'est pas forcément très accessible. D'autant plus dommage que leur arrêt n'est pas automatique. Par contre, on apprécie immédiatement le dispositif de réglage de la hauteur de la bulle. Évident de prise en mains, il est aussi original que rapide et efficace. Reste que ladite bulle, pour protectrice qu'elle est contre les turbulences, l'est bien moins lorsque l'on parle de protection. Au moins peut-on respirer un peu dans le casque du fait de la présence d'un peu d'air derrière cet écran.
Autre bénéfice de ce train avant original : le freinage est simplifié. Si la Niken se relève succinctement sur les grosses sollicitations de l'avant (levier réglable), on l'assied avec aisance de la pédale arrière, tandis que l'on profite d'une très bonne gestion de la répartition : le couplage manuel entre avant et arrière apporte une grande maîtrise de l'exercice, même su l’on aurait apprécié un couplage d'origine, lequel aurait permis un niveau de performance supérieur. En ligne, le Niken reprend de la superbe, même si la masse à stopper fait bien sentir que l'on sollicite pleinement les étriers et leurs plaquettes. Quoi qu’il en soit, les capacités du train roulant sont telles que l'on en vient au fil du temps à retarder ou à annuler certains freinages, sachant que l'on passera quand même…
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