Essai - Renault Mégane E-Tech 160 hybride rechargeable (2021) : l'écolo performance ?
La Renault Mégane 4, pourtant plus proche de la fin de sa carrière que du début, diversifie son offre de carburation en intégrant à sa gamme une version électrifiée. Et après le break Estate, c'est au tour de la berline de bénéficier d'un bloc hybride rechargeable, qui avec 160 ch, devient le plus "sportif" de la gamme. Que vaut-il volant en main et main sur le portefeuille ? Réponse avec cet essai, en finition R.S. Line.
Sommaire
Note
de la rédaction
13,8/20
Note
des propriétaires
En bref
Nouvelle version de la Mégane
Hybride rechargeable
50 km en 100 % électrique
1.2 l/100 km, 28 grammes de CO2/km
À partir de 37 300 €
La Renault Mégane, c'est plus de 7 millions d'exemplaires vendus depuis la sortie de la première génération en 1995. C'est aussi la deuxième meilleure vente de berline compacte sur le marché français, derrière la Peugeot 308, sa principale concurrente. Et tandis que cette dernière débarque avec une toute nouvelle génération, qui intégrera d'office à sa gamme des hybrides rechargeables, la Mégane berline, presque un an après le break Estate, adopte elle aussi une motorisation de ce type, garante d'émissions de CO2 très basses selon le cycle de test WLTP, et de consommation normée tout aussi basse.
Une obligation pour satisfaire les objectifs fixés par l'Europe, mais également une aubaine pour les entreprises, qui bénéficient d'un régime fiscal particulièrement intéressant avec ce type de motorisation (bonus, pas de TVS, etc.). Ces dernières sont d'ailleurs une cible privilégiée de cette nouvelle version de la compacte au losange, mais pas que. Renault pense en effet que les particuliers pourraient aussi être intéressés par un coût d'utilisation particulièrement faible, lorsque les conditions sont optimales (comprenez par là, quand on peut recharger le plus souvent possible).
Un bloc hybride rechargeable original
Cette nouvelle motorisation, déjà découverte sous le capot du break donc, mais aussi sous celui du SUV urbain Captur, utilise un bloc thermique 1.6 de provenance Nissan qui développe 91 ch. Il est secondé par 2 moteurs électriques. Un de 49 kW (66 ch) qui s'occupe du démarrage, du roulage en 100 % électrique et peut aussi recharger la batterie, et un de 25 kW (34 ch) qui sert essentiellement de générateur, mais qui peut aussi apporter sa puissance en mode Sport ou en cas de forte sollicitation, pour bénéficier alors de la puissance maximale de 160 ch, et du couple de 250 Nm.
Les consommations et émissions sont données respectivement à 1,2 l/100 km en mixte et 28 grammes de CO2 par km.
La transmission est une originale boîte à crabots, sans embrayage, qui bénéficie de cinq "modes" pour le moteur thermique, et trois pour le moteur électrique (dont les points morts). Comprenez par "mode", des rapports de démultiplication différents. Le fonctionnement est complexe, mais retenez que la boîte se trouvera toujours sur le "mode" idéal, et qu'au niveau sensation, on a l'impression d'être face à une boîte automatique classique, dont on a d'ailleurs peine à distinguer les changements de "mode", ou de rapport si vous préférez.
Pour terminer sur le chapitre mécanique, cet ensemble est alimenté en énergie par une batterie de 10,4 kWh (capacité brute), située sous la banquette arrière, qui a été un peu améliorée par rapport à la sortie de la version Estate (elle affichait alors 9,8 kWh, c'est d'ailleurs ce que disent encore les documents Renault, mais on nous a affirmé que c'était bien maintenant 10,4 kW...). Cet accumulateur permet en théorie une autonomie en parcours mixte de 50 km en tout électrique, et même 65 km en parcours urbain. Sa capacité de recharge est de 3,7 kW au maximum, ce qui permet une recharge en 5 heures sur une prise domestique, et 3 heures sur une prise renforcée type "greenup".
Une Mégane récemment restylée
Le tout prend place dans une Mégane qui a été récemment restylée, de façon légère. Nouveaux feux full LED en série sur toutes les finitions, boucliers redessinés, clignotants à défilement ont fait leur apparition, tandis que dans l'habitacle, une instrumentation 100 % numérique configurable a trouvé sa place, tandis que le multimédia a adopté le système Easy Link, plus rapide et efficace que l'ancien R-Link 2. Les aides à la conduite ont aussi été améliorées et enrichies (conduite autonome de niveau 2 par exemple).
Cette version hybride rechargeable (Renault abandonne l'appellation "plug-in hybrid" pour revenir au français) possède aussi quelques spécificités, comme un train arrière multibras, en lieu et place d'une traverse déformable. Ses suspensions sont raffermies, pour lutter contre l'embonpoint supplémentaire dû à l'électrification (environ 210 kg). Mais surtout, le volume de coffre passe de 473 litres à 308 litres (norme litres d'eau), par la faute d'un espace sous plancher de coffre rendu inutilisable par la présence des batteries et chargeur intégré. Une grosse perte de 165 litres, mais il faut reconnaître que c'est le lot de toutes les hybrides rechargeables par rapport aux thermiques, même si la plateforme est faite pour ça. La Golf, par exemple, ne fait pas mieux, avec 272 litres au lieu de 380 (-108 litres, norme VDA).
Heureusement, on ne perd pas la fonctionnalité de rabattage de la banquette, et l'habitabilité arrière est identique aux versions à carburant 100 % fossile.
On notera aussi que la Mégane affiche un habitacle certes un peu daté aujourd'hui, mais dont la qualité de finition n'a pas à rougir. La dernière Audi A3, qui a régressé dans ce domaine, ne fait franchement pas mieux. D'autant que notre version d'essai en finition R.S. Line présente bien avec des petits placages imitation carbone, et une sellerie enveloppante en alcantara du plus bel effet, avec ses surpiqûres rouges.
Mais il est temps d'appuyer sur le bouton de démarrage. Il active la bête, qui s'ébroue dans un silence complet. En effet, cette version hybride, avec sa boîte sans embrayage démarre obligatoirement en 100 % électrique. Un mode que l'on peut forcer, soit en appuyant sur le nouveau bouton "EV" sur la planche de bord, soit en sélectionnant le mode de conduite "Pure" via le sélecteur "multi-sense".
39 km en 100 % électrique
Nous avons d'abord décidé de voir combien nous pourrions parcourir en 100 % électrique, justement en bloquant le mode. Résultat, le moteur thermique s'est réveillé au bout de 39 km, parcourus à un rythme très tranquille sur un parcours essentiellement extra-urbain, mais sans utiliser le mode "B" de la boîte, qui permet de récupérer plus d'énergie à la décélération et au freinage. Peut-être serions-nous montés à 41 ou 42 km... Bref, la promesse des 50 km n'est pas tenue, mais on s'en approche, d'autant qu'il faisait une température peu clémente en ce début juin (13°C), ce qui n'optimise pas la consommation électrique, qui s'est établie à 19 kWh de moyenne.
Il faut noter qu'en restant en mode Pure, l'agrément est remarquable. Les accélérations ne sont certes pas foudroyantes, mais on s'insère sans difficulté dans la circulation. Le silence est impressionnant, la douceur de fonctionnement redoutable. On sent bien que Renault a amélioré le fonctionnement de la boîte à crabots. Elle donnait beaucoup d'à-coups, ce n'est plus le cas, sauf un petit, vers 70/75 km/h, presque imperceptible. On peut rouler jusqu'à 135 km/h en électrique.
Après avoir vidé la batterie, nous sommes restés en mode "My sense", qui gère alors automatiquement entre électrique et thermique, à la manière d'un hybride simple. Le moteur reste discret et bien insonorisé la plupart du temps. Les passages d'un mode à l'autre sont d'une grande douceur. Et les performances sont tout à fait convaincantes, et conformes à la puissance disponible. Sauf lorsque la batterie est "complètement" vide. On sent alors qu'il manque des chevaux.
Sur parcours d'une centaine de kilomètres, et tenant compte des 39 km parcourus en électrique, la consommation s'est établie à 3,4 l/100 km.
En mettant ensuite à zéro la consommation moyenne, pour avoir une idée de ce qu'elle donnerait batterie vide, et après avoir parcouru 115 km de route de campagne avec traversée de village, nous avons obtenu 5,5 litres de moyenne, ce qui est une valeur sincèrement intéressante pour la puissance développée. Conduite calme cependant, mais pas non plus en éco-conduite.
Un comportement agile et sûr
Côté comportement, la Mégane hybride rechargeable se défend bien. La direction est précise, pas trop assistée. L'amortissement, raffermi, limite les mouvements de caisse, mais préserve un confort correct. Disons que c'est ferme, mais pas "trop". On sent par contre qu'il y a du poids supplémentaire à l'arrière lors du passage des dos-d’âne, où la suspension rebondit légèrement.
Il faudra aussi faire attention au lever de pied en courbe sur chaussée humide ou grasse, l'arrière devient mobile, pour des raisons de poids supplémentaire également, certainement. Mais il faut déjà rouler de façon bien dynamique pour s'en apercevoir.
Le freinage quant à lui est très efficace. Ce qui l'est moins, en revanche, c'est le comportement de la boîte à crabots en conduite sportive (mode sport enclenché), justement. Elle perd alors complètement son agrément. Elle hésite entre les "rapports", reste très haut dans les tours pendant longtemps, et perd en réactivité. Bref, ce n'est pas sa tasse de thé. Il vaut mieux conduire plus tranquillement, ou juste dynamiquement...
Le bilan est tout de même très positif sur la route, où cette Mégane se révèle tout de même performante, tout en consommant peu. Et si l'on peut recharger régulièrement, le bilan efficience s'améliore encore grandement. C'est bien le but d'ailleurs.
Chiffres clés *
- Longueur : 4,35 m
- Largeur : 1,81 m
- Hauteur : 1,44 m
- Nombre de places : 5 places
- Volume du coffre : 384 l / 1367 l
- Boite de vitesse : Auto. à 6 rapports
- Carburant : Hybride essence électrique
- Taux d'émission de CO2 : 28 g/km
- Bonus : -2000 €
- Date de commercialisation du modèle : Mai 2021
* pour la version IV (2) 1.6 E-TECH PLUG-IN HYBRIDE 160 RS LINE.
Le bonus / malus affiché est celui en vigueur au moment de la publication de l'article.
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