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Entretien : y aurait-il un hic dans le carnet numérique ?

Dans Equipement / Autres actu équipement

Michel Holtz

Renault invente la fin du papier pour ses carnets d’entretien. Ce qui, en théorie, est tentant. Fini le cahier poussiéreux, vive la blockchain, le cloud, la virtualité qui rend l’historique de l’auto infalsifiable et consultable à l’envi. Mais qui aura la clé de ce CV automobile ? Le constructeur, l’éditeur du logiciel, l’assureur ou le propriétaire de la voiture ?

Entretien : y aurait-il un hic dans le carnet numérique ?

Quand Renault décide d’expérimenter le carnet d’entretien virtuel, toujours dispo et infalsifiable, on applaudit, et on se dit qu’enfin, on ne risque plus de perdre notre bon vieux cahier maculé de tampons qui traîne dans la boîte à gants entre le gilet jaune et un vieux PV oublié. Surtout, à l’occasion de l’achat d’une voiture d’occasion, on n’aura plus peur de tomber sur une « merguez », le terme exotique dont les voleurs de voitures affublent les modèles maquillés avant d’être remis en circulation. On imagine bien la conversation entre ce jeune ingénieur geek, venu présenter sa découverte à Élie Elbaz, directeur digital du Losange.

"- Avec Microsoft et Viseo, on va faire une blockchain qui va regrouper toutes les données du véhicule et de son entretien.

- Super, bravo, Régis. Voilà qui va nous donner 10 ans d’avance sur la concurrence. Vous pouvez d’ores et déjà compter sur votre bonus de fin d’année et commander votre Alpine."

Mais pendant que Régis s’affaire sur le configurateur de la nouvelle marque du groupe et choisit la couleur de son futur coupé, posons-nous de simples questions. Qui détiendra les clés de cette blockchain. Et puis d’abord, la blockchain, c’est quoi que t’est-ce ? Il s’agit d’un système de verrouillage de données regroupées dans le cloud, mises à jour en permanence et accessibles uniquement via un système ultra-sécurisé. Le bitcoin - la monnaie virtuelle - fonctionne déjà ainsi. Le carnet d’entretien ainsi dématérialisé, ce serait un truc sûr, ou l’on retrouve ses petits, ses vidanges, ses réparations et changements de courroie de distribution : le bonheur. Et lorsque le type suspicieux viendra ausculter le Koleos qu’on a mis sur Le Bon Coin, il ne pourra plus nous suspecter d’avoir falsifié le carnet, ou même le compteur, puisque le cloud sait tout.

Ma Renault uniquement reprise dans le réseau Renault ?

L’autre heureux dommage collatéral, c’est que c’est la fin d’un métier aussi ancien que l’automobile : celui de voleur d’automobiles. Sauf que toutes les autos ne se vendent pas sur le site Internet devenu le premier brocanteur de France. Nombre de conducteurs laissent leur auto en reprise chez leur concessionnaire pour en racheter une autre. Un concessionnaire qui n’affiche pas forcément le panneau Renault. Que se passera-t-il dans ce cas ? Le Losange, s’il dispose du pouvoir de couper les accès, laissera-t-il ses concurrents user de ses propres données, ou en profitera-t-il pour verrouiller sa clientèle, la forçant à faire reprendre sa Clio dans son propre réseau pour s’offrir une Mégane ? Même interrogation concernant les assureurs. Pourront-ils consulter à loisir ledit carnet en cas de sinistre, ou dans le cas d’une police contractée pour une auto fraîchement achetée ? Avec le risque pour le candidat à l’assurance de se voir retoquer.

Qui a les clés virtuelles de la voiture ?

Au final, le carnet d’entretien virtuel pose la question de la véritable appartenance des données. Sont-elles la propriété du constructeur, des équipementiers qui les ont regroupées ou de l’acheteur de la voiture ? Une interrogation qui dépasse largement celle du fameux carnet infalsifiable. Elle touche à la digitalisation de l’automobile en particulier et de nos sociétés en général. Car chez Renault comme dans toute entreprise qui innove - ce qui est après tout l’une de ses aspirations fondamentales - le rôle des ingénieurs-chercheurs-informaticiens est d’avoir une longueur d’avance sur leurs confrères des autres boîtes. L’éthique ? C’est pas le même service, pas le même département, pas le même bâtiment. Pour les scientifiques c’est un autre monde, une réflexion a posteriori. Pour les utilisateurs de leurs innovations, c’est une question fondamentale. Qu’il conviendrait de se poser avant de valider ces mêmes innovations.

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