Comparatif - Triumph Bonneville T120 Vs Brixton Cromwell 1200 : enquête d'identité
Benoit Lafontaine , mis à jour
2. Comparatif - Triumph Bonneville T120 Vs Brixton Cromwell 1200 : il va y avoir du sport !
C'est aussi sur le terrain que l'on juge les troupes. Au programme et compte tenu de la difficulté à trouver de l'essence au moment de notre comparatif, nous n'avons parcouru que 800 km en… Deux pleins seulement. Gage de l'appétit plus que mesuré des deux "oiseaux" (oui, nous passons des félins aux oiseaux niveau image), des deux oiseaux, donc, que nous avions. Pour autant et alors qu'elle n'avait pas fini son rodage, notre Brixton consommait seulement 0,5 l/100 km de plus que la Bonneville, avec une moyenne établie entre 3,8 et 4,8 l/100 km pour la Cromwell. Pas mal du tout, même s'il faut opter pour le très approprié mode ECO si l'on souhaite réduire l'appétit de la Brixton.
À allure lente, notamment en ville, la Cromwell de notre essai déclenchait très rapidement son ventilateur et chauffait gentiment les mollets et le dessous de la cuisse. Ce souffle ne s'arrêtant presque jamais, et proposant apparemment une seconde vitesse de refroidissement, plus rapide encore en cas de réelle chauffe du moteur (très rare), on était plus aise sur la Bonnie en agglomération. La chauffe, un phénomène modéré à absent sur l'anglaise sur parcours équivalent.
En agglomération, justement, la T120 fait briller sa douceur de commande et d'embrayage, quel que soit le mode moteur engagé. Plus rugueuse, demandant plus d'attention sur le mode Sport, la Cromwell évolue de manière moins subtile, mais d'autant plus efficace que l'on aura pris la mesure de son accélérateur et de la gestion électronique du moteur, qui impose de bien le lancer et de bien jouer de l’embrayage, lequel se montre moins progressif et moins amorti que celui de la Triumph. Difficile de rivaliser avec la référence absolue en matière d'agrément de conduite.
Pour autant, une fois encore, on dompte volontiers l'autrichienne, qui n'a rien d'une moto de débutant et le démontre. Très expressive et très agréable lors des évolutions urbaines à rythme enjoué, joviale, elle se lance avec entrain, tandis que l'on apprécie sa première courte et dynamique rendant cependant 20 km/h à la Bonneville. Comptez aux alentours de 70 quand même, contre près de 90 sur la T120 pour ce premier rapport. Mais dites donc, on n'est pas là pour amuser le terrain !! On est bien sur des 1200, et les décollages au feu se font avec zèle. Surtout en y mettant les formes. Attention à la Brixton, hyper réactive et bondissante, avec un moteur expressif disposant d'une inertie supérieure et une partie cycle plus alerte !
Si la Triumph se montre la plus agile et plus légère de direction, elle braque moins que son adversaire. Par contre, en ville toujours, sa position de conduite est plus adaptée et moins exigeante. La Cromwell est du coup un véritable outil sur route, ce qu'elle ne tarde pas à prouver alors que nous quittons l'agglomération parisienne par les départementales. Le dynamisme de son moteur, très rempli aux mi-régimes, s'essoufflant un peu dans les tours là où celui de la Triumph donne l'impression de se renforcer avant d'attaquer la zone rouge, fait merveille. L'allonge supérieure et la santé infernale de l'anglaise dans les tours surprennent. Mais qu'ont-ils mis dans ce moulin ?
Elle a la gniak, et elle en veut mamie Bonnie ! Elle ne compte pas se laisser faire par la dernière arrivée, malgré son déficit de cylindrée ou de couple. Il faut dire que son bicylindre est aussi la base équipant les Thruxton et les deux Twin (Speed et Street), des motos au caractère sportif, que l'on retrouve plus qu'un peu ici. Il y a moins d'inertie mécanique dans le moteur également et les réactions sont parfaitement proportionnées aux injonctions de la poignée droite.
Du coup, la garde au sol plus "limitée" de la T120 vient sporadiquement réfréner les ardeurs, notamment dans les ronds points passés tambours battant, permettant à la Cromwell, plus haute de repose-pieds et plus ferme de suspensions, de revenir au premier plan en courbe. Si la rigueur des trajectoires est quasi équivalente, avec une Triumph qui élargit un peu moins et est donc également plus ronde dans sa manière de négocier les virages.
L'amortissement n'a pas le même comportement et il tranche notablement. Soit on opte pour une certaine douceur sur la Triumph, soit on préfère une relative fermeté donnant un côté plus incisif à la Brixton et surtout la possibilité de déclencher de manière plus vive une courbe serrée.
À la longue, on se rend compte que plus on roule vite, plus les deux motos se démarquent et moins la Brixton parvient à tenir le rythme niveau allonge, mais elle protège mieux son conducteur/sa conductrice, c'est indéniable : la pression de l'air est particulièrement amoindrie au regard de ce qu'impose la T120. Du coup, selle plus ferme sur la Cromwell, certes, mais aussi plus englobante. Et si le confort est à l'avantage de la Triumph, on peut largement envisager la route et l'autoroute sur la Cromwell, en solo comme en duo. Avec un bon fessier, cela dit, et pas trop de bosses de préférence, du moins tant que les suspensions ne seront pas suffisamment rodées.
Niveau autonomie, la plus faible contenance du réservoir de la Bonneville est compensé par une moindre consommation. Les deux peuvent ainsi tomber simultanément en réserve, tandis que la Cromwell permet de reouler plus longuement une fois le voyant orage allumé. On peut taquiner les 380 km lorsque l'on roule à l'économie de carburant, sans jamais renier l'essence même de ces motos : enrouler et permettre de passer rapidement les rapports pour se retrouver sur le dernier à évoluer bas dans les tours et aux alentours de 60 km/h. Toutes deux coupleuses, elles rivalisent d'agrément dans les mi régimes, la Bonneville se montrant plus douce et plus docile.
L'avantage de la motorisation anglaise est certain, mais l'agrément du bloc de la Brixton sur les mi-régimes permet d'exploiter pleinement une partie cycle suffisamment rigoureuse et efficace pour tenir la dragée haute la plupart du temps. Du moins à condition de s'appliquer (la poussée est plus franche), et de ne pas hésiter à doser les gaz, moins précis. Niveau comportement, jamais au guidon de la Cromwell on ne se sent aux commandes d'une rétro. Bien au contraire : on lui trouve des airs de roadster sportif moderne, tandis que l'on s'accroche au cintre, sorte de contrepied total fait à mamie. Contrepied, et non croche pied : l'ancienne tient l'équilibre comme pas deux et elle ne s'en laisse pas conter.
De fait, les gommes Pirelli des deux protagonistes du jour sont davantage là pour offrir un look agréable et un relatif confort de toucher de route, que pour remonter un maximum d'informations ou encore offrir un grip démoniaque. C'est honnête, pus que correct sous la pluie, mais cela reste en adéquation avec la conduite "normale" à adopter avec ces deux-là. Alors on compose, et on laisse le temps de chauffer, de trouver le bon revêtement avant de se lâcher complètement, y compris sur le mouillé. Là, la hargne native de la Cromwell demande quelques pincettes, mais on lui trouve de nombreuses qualités, même si on la trouve plus physique à emmener que la Triumph.
Un point par contre sur lequel la Triumph ne peut lutter : le freinage. C'est bien simple, il est à la fois puissant, dosable et performant, à l'avant comme à l'arrière et son ABS tient ses promesses en se montrant très peu intrusif, tandis que le frein arrière est puissant et dosable, donnant même d'impression d'être couplé avec l'avant. Excellent. De quoi offrir à la Brixton la palme de l'homogénéité et des lauriers mérités. Il faut bien encourager les jeunes qui débutent !
Photos (72)
Sommaire
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération