Carlos Ghosn officiellement révoqué par les actionnaires de Nissan : adieu le "mal absolu"...
Déjà démis de ses fonctions de président de Nissan après son arrestation le 19 novembre dernier, Carlos Ghosn restait administrateur du groupe. Ce lundi, une assemblée générale extraordinaire des actionnaires, seuls habilités à le destituer, a révoqué officiellement celui qui a tenu les rênes pendant 20 ans.
Ils étaient plus de 4 200 actionnaires, réunis en assemblée générale (AG) extraordinaire ce matin. La salle réservée, à l'hôtel Prince New Takanawa de Tokyo, est presque comble, quelque peu tumultueuse. Trois heures plus tard, Carlos Ghosn, l'homme qui a tenu les rênes de l'entreprise japonaise pendant plus de 20 ans, est officiellement destitué de sa fonction d'administrateur du groupe Renault-Nissan-Mitsubishi, tout comme son bras droit de l'époque Greg Kelly.
Seuls les actionnaires avaient le pouvoir de le démettre de cette fonction. Ce faisant, ils rompent le dernier lien qui liait l'ancien dirigeant à la société. En effet, Carlos Ghosn avait déjà été destitué de sa fonction de président du groupe le 22 novembre dernier, 3 jours après sa première arrestation. Il est, rappelons-le accusé de dissimulation de revenus, abus de confiance, abus de bien social et enrichissement personnel, et à nouveau sous les verrous après avoir été une quatrième fois arrêté le 4 avril dernier.
Cette AG a débuté par une tirade sur les regrets du nouveau patron exécutif, Hiroto Saikawa, pour la série de problème survenus depuis l'arrestation de Ghosn. Toute l'équipe dirigeante s'est par la suite confondue en excuses, selon une tradition typiquement japonaise.
Des actionnaires très remontés
Mais les actionnaires, qui ont bien sûr voté la destitution, à l'image des représentants de Renault (actionnaire principal avec 43 % des parts), ne sont pas restés dans le calme.
Certains ont accusé Nissan de tout savoir et de n'avoir rien fait : "Comme dirigeants, vous n'êtes pas qualifiés. Je suis sûr que vous saviez et que vous n'avez rien fait. Vous n'avez pas été assez courageux pour agir. Vous devez assumer vos responsabilités."
Un actionnaire parle de lui comme d'un "mal absolu". Carlos Ghosn se dit lui victime d'un complot.
Hiroto Saikawa a admis alors des problèmes de gouvernance et la peur des employés à s'opposer à Carlos Ghosn. Il a promis de "passer la main" une fois que l'entreprise serait remise sur les rails.
Et si certains actionnaires ont loué tout de même le rôle du sortant dans le redressement spectaculaire de Nissan à partir de son arrivée en 1999, un autre a qualifié l'homme en déroute de "mal absolu". Une phrase forte qui a marqué les esprits.
Durant cette même assemblée, le successeur de Carlos Ghosn a aussi été officiellement intronisé. Il s'agit bien sûr de Jean-Dominique Senard, qui reprend son siège et a annoncé à la tribune vouloir "consacrer son énergie à améliorer l'avenir de Nissan". Il souhaite travailler sur les "performances économiques et le bien-être du personnel de Nissan" dans ce qu'il a qualifié de "nouvelle ère" pour le constructeur.
De son côté, Carlos Ghosn se dit toujours victime d'un complot mis sur pied par les dirigeants du groupe nippon, souhaitant empêcher une intégration plus poussée avec Renault. Il est prévu qu'une vidéo "désignant les responsables de ce qui lui est arrivé" soit diffusée demain mardi 9 avril. Étant en prison à nouveau, il ne pourra pas honorer sa promesse de conférence de presse, qui devait avoir lieu le 11 avril.
Avec AFP et Le Monde. Illustration REUTERS
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