Audi-BMW-Mercedes: qui est le patron 2017?

Audi-BMW-Mercedes: les ventes du triumvirat dominant l'automobile mondiale battent chaque année le record établi douze mois plus tôt, tandis que bénéfices et marges opérationnelles s'envolent. Un business particulièrement juteux, donc, avec un rapport hiérarchique  déterminé par les ventes globales de chacun. En 2016, avantage BMW qui, en comptant Mini, aura écoulé 2,36 millions de voitures, en hausse de 5% par rapport à 2015. Il devance ainsi Mercedes (2,19 millions, +10%) et Audi (1,86 million, +3,6% par rapport à 2015). Ces marques occupent les mêmes territoires en proposant des modèles directement concurrents. Dans ces conditions, impossible de résister à la tentation d'organiser des matches dans le match. Cela permet d'observer de fortes différences de l'une à l'autre, que l'on peut aussi traduire par de véritables faiblesses dans certains segments de marché.

Chez les citadines

Victoire Mini (donc BMW), qui a connu une année 2016 record avec un volume en hausse de 6,4%, soit un total de 360 233 voitures, et dont les ventes de la seule version hatch (3 et 5 portes) s'élèvent déjà à plus de 198 000 exemplaires. C'est 84 000 de plus que l'Audi A1 dont le remplacement commence à se faire pressant. Notons la bonne santé de Smart, qui a connu une année 2016 record avec des ventes en hausse de 10%.

Chez les compactes

Victoire Mercedes, dont le tandem Classe A/Classe B (berline compacte, berline 4 portes, shooting break et monospace, donc) a vu ses ventes progresser de 2% par rapport à l'exercice précédent. Cette diversification "vers le bas" se montre donc très profitable pour le constructeur.

BMW domine de peu Audi dans ce segment de marché grâce aux très bons résulats de la gamme Série 2. Les ventes du monospace Série 2 Active Tourer, véritable succès en Europe, progressent de près de 25% sur la période, quand celles de la Série 1 baissent de 3,4%. Le score de l'Audi A3 accusent une très légère baisse, en l'occurrence -0,8%. Une carrosserie typée monospace serait probablement la bienvenue du côté d'Ingolstadt.

Chez les familiales

Victoire BMW, malgré une gamme Série 3 vieillissante. Cela se traduit d'ailleurs par des ventes en baisse de 7,3%, mais cela suffit à conserver sa domination sur le segment des familiales de caractère. Mercedes est ici nettement distancé malgré le succès croissant de sa gamme C (berline, break, coupé, cabriolet) en l'occurrence +4% en 2016. Une croissance également observée chez Audi (+7,4%), mais la gamme A4, malgré ses qualités, provoque manifestement moins d'enthousiasme que la concurrence. La faute à un design souvent jugé trop conservateur, peut-être?

Chez les routières

Victoire BMW avec une Série 5 qui connaissait pourtant sa dernière année de commercialisation. Pour autant, celle-ci est parvenue à asseoir sa domination sur des rivales plus modernes et reconnues pour leurs qualités globales. Notons ainsi que la très high-tech gamme Mercedes Classe E, renouvelée l'an dernier, voit déjà ses ventes baisser de 1%, tandis que la gamme Audi A6 chute de 7,8%. L'arrivée de la nouvelle Série 5 risque de faire mal...

Chez les limousines

Victoire Mercedes avec une Classe S qui, malgré une chute de 21% en 2016, reste indétrônable auprès des grands de ce monde. La voiture bénéficie d'une image de marque particulièrement forte, sur laquelle les concurrents se cassent les dents depuis toujours. 2017 pourrait toutefois voir la hiérarchie évoluer si la BMW Série 7 confirme sa très bonne performance 2016, avec des ventes en croissance de 69,2% (!). L'Audi A8 ferme la marche avec des ventes en baisse de 21,7%.

Chez les SUV

Audi: Q2, Q3, Q5, Q7; BMW: Countryman (Mini), X3, X4, X5, X6; Mercedes: GLA, GLC, GLE, GLS, G

Victoire BMW...mais de peu, avec à peine plus de 1000 voitures d'avance sur Mercedes (dont la gamme SUV progresse tout de même de 31% par rapport à 2015). Les gammes SUV représentent près du tiers des ventes globales des constructeurs premium allemands, et les chiffres ne font que progresser. De fait, à chaque modèle typé berline correspondra bientôt un équivalent apparenté 4x4.

Audi ferme là aussi la marche, mais on observe que tous ses SUV connaissent de fortes progression (16% pour le Q3, 4,5% pour le Q5 pourtant en dernière année de commercialisation, ou bien encore 43% pour le Q7). Chez BMW, on note que l'onéreux X5 se vend mieux que le  X3 (166 000 exemplaires contre 157 000), lequel sera remplacé dans les mois à venir. Le X1 démarre sur les chapeaux de roues (220 000 exemplaires écoulés, en hausse de 83% par rapport à 2015), et devrait cette année dépasser l'Audi Q3 et ses 232 000 exemplaires. Notons toutefois que la gamme Audi "Q" progresse de 16% dans le monde.

ET LE PATRON 2017 EST...

La marque à l'hélice reprend le leadership à Mercedes, avec quatre victoires sur six possibles (nous avons volontairement écarté le secteur des voitures de sport, aux ventes trop anecdotiques pour être véritablement parlantes). Surtout, BMW l'emporte dans les secteurs-clés que sont les familiales, les routières et les SUV (de peu, certes, dans ce dernier cas), et pourrait même bientôt être en mesure de contester la suprématie de Mercedes chez les limousines. De la belle ouvrage, donc.

Mercedes domine la catégorie des compactes avec une Classe A manifestement très appréciée de la clientèle. Audi ne décroche ici que des médailles de bronze, et peut-être faut-il y voir un des effets indirects du dieselgate. Motif de satisfaction malgré tout, des ventes globales en progression de 3,6%. A quoi s'ajoutent un Q5 tout juste renouvelé et un Q2 qui, en élargissant l'offre du constructeur, contribuera mécaniquement à la croissance de ses ventes en 2017. Ce ne sera pas du luxe pour rattraper Mercedes et BMW, et espérer intégrer le club des "plus de deux millions de voitures vendues par an".