Aramco se paie 10 % de Horse, la partie thermique de Renault
L'INFO DU JOUR - Le pétrolier saoudien a enfin pris une participation dans Horse, l'entité de Renault destinée aux moteurs thermiques. Une prise de captal moins importante que prévu. Explications.
Est-ce en raison de la vague de reflux que subit actuellement la voiture électrique ? Toujours est-il que la plus grande compagnie pétrolière du monde a décidé de signer, enfin, son entrée dans Horse, l’émanation thermique de Renault. Une entrée d’Aramco, la compagnie pétrolière saoudienne attendue depuis un an. Sauf que, de tergiversations en hésitations, l’affaire ne s’est pas tout à fait déroulée comme prévu.
Au départ, lors de l’annonce de la division en deux de l’entité Renault, avec d’un côté, une division dédiée à l’électrique, la bien nommée Ampère, et de l’autre, celle dévolue au thermique baptisée Horse, la répartition du capital était simple. Renault devait s’approprier 40 % des parts, et, de son côté, le chinois Geely devait en faire autant. Mais après un an de tractations pour arriver à la conclusion, Aramco va se contenter de 10%, obligeant ses deux autres partenaires à augmenter leur part respective à 45 %.
Aramco au top, mais en recul
Cette prudence affichée par Aramco est à mettre en parallèle avec la baisse de son bénéfice de 25% en 2023. La chute est évidemment vertigineuse, mais elle doit être relativisée. Car la compagnie saoudienne n’en affiche pas moins un bénéfice de 121 milliards de dollars, le deuxième le plus important de son histoire, et a distribué l’an passé, 98 milliards de dividendes.
Le principal bénéficiaire de cette opération est aussi le principal actionnaire qui n’est autre que l’État saoudien qui détient 82 % des actions du pétrolier. Un État dont les rentrées d’argent dépendent à 62 % des gains de la compagnie. Sauf que le prince héritier, Mohammed ben Salmane, est en train de changer son fusil d’épaule. Persuadé, à juste titre, que la manne pétrolifère va se tarir son sol, il souhaite diversifier les revenus du royaume, dans le sport et le tourisme, mais aussi, dans l’extraction du lithium indispensable aux voitures électriques. Selon l’agence Reuters, le prince, avec Aramco serait en train de monter une coentreprise dans ce sens avec son voisin d'Abu Dhabi.
Ce changement de cap expliquerait en partie la valse-hésitation du pétrolier à s’engager aux côtés de Renault. Pour autant, Aramco a fini par céder, a minima, pour entrer dans Horse, car, après tout, le lithium et le tourisme, s’ils peuvent rapporter gros, ce n’est pas tout de suite, alors que le pétrole garantit des gains à court terme.
Un investissement pas si important
Sera-ce le cas grâce à Horse ? En tout cas, la nouvelle entité entend bien compter sur une valorisation de 7,4 milliards d’euros. Dix-sept usines sur trois continents seront consacrées à la fabrication de 5 millions de moteurs à combustion, hybrides et hybrides rechargeables chaque année. Plusieurs centres de R&D devront aussi préparer les thermiques de demain, et travailler sur des carburants de synthèse.
C’est beaucoup d’argent pour de grandes ambitions ? Oui et non. Car si on compare ces investissements à ceux, récents, du groupe Volkswagen dans le thermique, de l’ordre de 60 milliards, la somme posée sur la table est très très inférieure. On pourra rétorquer que VW travaille pour ses cinq marques (Seat, Skoda, Volkswagen, Audi et Porsche), mais l’on sait bien que le développement d’un bloc-moteur est partagé entre toutes ces enseignes. L’avenir du thermique sera-t-il allemand ou franco-saoudo-chinois ? Réponse dans quelques années.
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