Alliance Renault-Nissan: s'éloigner pour (enfin) se trouver?
L'Alliance Renault-Nissan se réorganise, chacun détenant 15% du capital de l'autre. Cet équilibrage permettra-t-il de sauver l'attelage du naufrage?
On le sait, les synergies industrielles entre Renault et Nissan n’ont jamais été optimales, ce que symbolisent notamment, du point de vue de l’offre, les cas des Renault Zoé et Nissan Leaf, véhicules électriques qui n’ont quasiment rien de commun d’un point de vue technique. Un véritable non-sens, qui illustre parfaitement les difficultés à orchestrer un pareil attelage.
On pourrait multiplier les exemples, qui iraient du bide du pick-up Renault Alaskan (un modèle Nissan rebadgé) à la récente décision par Renault d’assembler dans son usine sud-coréenne des modèles Geely (le constructeur chinois possède 34 % de la filiale que Renault détient dans le pays avec Samsung) conçus pour le marché américain, où elles concurrenceraient des…Nissan.
Les économies d’échelle espérées depuis la signature des accords entre les deux constructeurs, au printemps 1999, n’ont jamais donné les résultats espérés, et cette mésentente globale a trouvé son point culminant dans l’affaire Carlos Ghosn, incarcéré au Japon pendant plusieurs mois avant de devoir fuir dans des conditions rocambolesques.
« La situation de l’alliance me fait penser à un vieux couple qui aurait connu des désaccords, mais au sein duquel il y a toujours des sentiments liés au long chemin parcouru ensemble », avait lancé le Directeur général de Renault Luca de Meo, en septembre 2020 (in Le Monde).
Il était donc plus que temps de redéfinir les termes de l’accord initialement signé au printemps 1999, et qui a connu de nombreuses évolutions depuis, mais rarement dans le sens espéré par le Japonais.
Sauver le couple
De divorce il n’est pourtant pas question. Dans un communiqué envoyé ce lundi matin à 7h30, Renault insiste sur un accord dont, sans surprise, « l’ambition est de renforcer les liens de l’Alliance et de maximiser la création de valeur pour l’ensemble des parties prenantes. »
A cette fin, Renault va commencer par réduire sa part au capital de Nissan à 15% (43,4% aujourd’hui), soit une proportion égale à celle que détient Nissan dans Renault. Ce déséquilibre capitalistique était d’ailleurs un sujet de friction récurrent entre les deux compagnies.
Les 28,4% restants, qui ne permettraient plus au français de bénéficier de droits de vote supérieurs à ceux du japonais, seraient confiés à une société fiduciaire française, qui pourrait vendre ces actions Nissan « si les conditions économiques sont raisonnables pour Renault Group. »
En clair, il s'agit de garder les actions en attendant que leur cours remonte, de façon à ne pas plomber les comptes avec une perte.
D’autre part, Nissan va investir dans Ampere, le nouveau pole dédié à la mobilité électrique mis en place par Renault, de façon à en devenir un « actionnaire stratégique » (mais on ne sait pas encore à quelle hauteur).
Et le communiqué de citer, mais sans rentrer dans le détail, des « projets clés en Amérique latine, en Inde et en Europe, qui seraient déployés selon trois dimensions : marchés, véhicules et technologies. »
Les termes du nouvel accord doivent maintenant être soumis par les conseils d’administrations de Renault et Nissan cette semaine, avant une présentation aux analystes financiers prévue le lundi 6 février une fois le tout entériné.
Ladite présentation aura lieu à Londres, donc ni au Japon, ni en France, ni à Amsterdam où se trouve le siège de l’Alliance. Le choix d’un « terrain neutre », comme pour repartir à zéro après 24 ans d’une union houleuse.
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