Le nouveau championnat FIA World GT1 avait été lancé la saison dernière sous l'initiative de Stéphane Ratel. Son but était de se poser comme le seul championnat mondial réservé aux GT et plus précisément aux GT1, une catégorie à la réglementation technique modifiée par rapport aux précédentes années où les autos étaient rigoureusement les mêmes que dans d'autres courses / compétitions comme les 24 Heures du Mans, l'ALMS ou les Le Mans Series.
Le rêve de Stéphane Ratel était de créer un vrai championnat mondial pour faire honneur à ces GT1, jadis cantonnées à des victoires de catégorie au Mans ou en endurance, ou à celles en FIA GT dont la portée était réduite puisqu'il s'agissait là d'une compétition essentiellement européenne. Le label «Championnat Mondial FIA » devait être un élément extrêmement motivant pour convaincre les constructeurs automobiles à se lancer dans le bain en développant de nouvelles voitures de course répondant à la règlementation GT1, pour ensuite faire courir ces autos via des équipes privées.
Le problème, c'est que les constructeurs n'ont malheureusement pas suivi en nombre l'initiative de Stéphane Ratel. La structure Matech a développé une nouvelle GT1 sur la base de la vieille Ford GT. Nissan via Nismo a mis au point une version GT1 de la GT-R et Lamborghini a vaguement bidouillé une LP670 SV-R en se basant sur la Murcielago R-GT qui remonte au début des années 2000. Et c'est tout. Aucun autre constructeur n'a joué le jeu, si bien qu'un peu plus d'un an après le lancement du World GT1, l'organisateur est contraint de garder les anciennes GT1 ( Aston Martin DBR9 et Corvette C6.R ) en instaurant une équivalence technique avec les nouvelles GT1 pour conserver un plateau décent et atteindre le minimum requis de 20 autos sur la grille afin de garder le label FIA « Mondial ».
En marchant dans la pit-lane du circuit Yas Marina, on se dit que c'est bien dommage : pour un fan d'automobile, existe-il quelque chose de plus beau qu'une GT de course à voir sur un circuit ? Surtout lorsqu'elle évolue en peloton serré de 20 autos avec parfois quelques frottements, souvent de jolie bagarres. Exit l'endurance de l'ex-FIA GT, depuis la saison dernière le format d'un week-end de course tient du véritable sprint. Les qualifications reprennent la même procédure qu'en Formule 1 avec une Q1, une Q2 et une Q3. Puis une course qualificative se tient avant une seconde course ( la principale ) où les points comptent triple. Tout est fait pour capter l'intérêt du spectateur qui faisait pourtant défaut pendant ce week-end d'Abou Dhabi : pas de chance, mais il semblerait qu'un autre évènement important se déroulait le même week-end dans les Emirats Arabes Unis, rassemblant pas moins de 50 000 spectateurs si l'on en croit certains confrères. Du coup, on imagine qu'ils étaient tous à cet autre évènement !
Aston Martin Hexis reine de Yas Marina, Nissan favorite sur la saison
Pour cette nouvelle saison et en l'absence des vieilles Maserati MC12 enfin remisées au musée, la Nissan GT-R fait office de favorite. Le constructeur japonais est largement le plus impliqué dans le World GT1 et peut compter sur deux équipes très compétitives, le Sumo Power GT et le JR Motorsport, disposant chacune de pilotes de très haut rang, qu'il s'agisse de vétérans de courses de GT ou d'anciens de la Formule 1 comme Ricardo Zonta ou Enrique Bernoldi. Mais le tracé très spécifique de Yas Marina, très sinueux et où on dépasse rarement la troisième vitesse, semble convenir assez moyennement à la Nissan GT1 plus à l'aise dans les phases rapides que dans les virages serrés. Surtout qu'une certaine dose de malchance aura été au rendez-vous pour les autos japonaises. Après des qualifications moyennes, les quatre Nissan parvenaient à de bons résultats dans la manche qualificative avec les secondes, troisièmes et quatrièmes places acquises par des GT-R. Les choses commençaient encore mieux pour la course principale puisque deux GT-R viraient en tête... avant de connaître une série de faits de course à leur désavantage. Le plus notable d'entre eux étant cette scène surréaliste lors du changement de pilotes dans la voie des stands : à la lutte pour la première place avec une Ford GT, la Nissan de Zonta la percutait dans la ligne droite des stands au sortir de son emplacement, avant de la pousser en travers tout le long de la pit-lane ( voir la vidéo ci-dessous ) puis de se résoudre à laisser la Ford passer devant. Les deux autos ne s'en remettront pas ( l'une abimée, l'autre pénalisée ) et c'est finalement une Aston Martin de l'équipe française Hexis Racing qui s'imposait au nez et à la barbe de la seule GT-R rescapée.
Reportage : 1ère manche du GT1 World et découverte d'Abou Dhabi, cet étrange paradis artificiel du sport automobile
La prochaine manche aura lieu à Zolder en Belgique, le week-end du 10 avril.
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