Cela fait déjà quelque temps qu'elle avait capté mon attention, cette Mia. Il faut dire qu'après avoir écrit pendant des mois et des mois sur les déboires économiques et judiciaires de la marque Heuliez de 2009 à 2010, il me tardait de découvrir enfin intimement le premier produit de sa division automobile. Au moment de la remise des clés, il convient tout de même de tempérer son enthousiasme en faisant un tour du propriétaire. Quand on a pour objectif de dessiner une mini-citadine, l'écueil à éviter est de ne pas la faire ressembler à une voiture sans permis, synonyme dans l'inconscient populaire français de piètres performances, d'assemblage approximatif et de conducteurs alcooliques et/ou grabataires. Ici, c'est Murat Günak, ancien responsable du design chez Volkswagen qui s'y est collé et a opté pour un profil de micro-bus, une sorte de ForTwo limousine, qui, avis totalement subjectif, n'est pas pour me déplaire : ça donne un petit côté van GMC de l'Agence Tous Risques qui me ferait choisir une peinture noire avec un liseré et des jantes rouges. À propos de ces dernières, rejetées aux quatre coins, j'ai de toute façon toujours milité pour un retour de la mode de la trois-branches, mais plutôt Super Advan Racing V2 qu'Antera, si ça ne vous dérange pas. Certains détails rappellent cependant qu'il s'agit là d'une petite production, comme les rétroviseurs massifs de Renault Twingo 2, les phares et feux universels ou les vis apparentes dans la carrosserie. Esthétiquement, le plus gênant est sans doute le « Venez m'essayer » sur le flanc qui, pour rappel, désigne la voiture et non le conducteur (on m'a fait la blague) et est réservé aux modèles de démonstration. La silhouette trapue ferait presque oublier ses dimensions réduites : à 2,87 m pour la version trois places de notre essai, ça la place pourtant entre une Smart ForTwo (2,69 m) et une Toyota iQ (2,98 m).

Pour ouvrir les portes coulissantes, il faut appuyer fortement sur la grosse fleur, symbole de la marque, située sur le flanc. Pour déverrouiller plus précisément, car si vous avez fait partie des rares propriétaires de la Peugeot 1007 et êtes habitués à l'ouverture électrique, les portes de la Mia, elles, nécessitent d'être accompagnées manuellement. À moins que la gravité passe de verticale à horizontale, mais les scientifiques s'accordent à dire que la probabilité est faible. Vous voilà enfin face à l'habitacle, probablement l'élément le plus original de la Mia. Depuis quand n'aviez-vous pas vu un siège du conducteur central flanqué de part et d’autre d'un siège passager en retrait ? Oui, depuis la glorieuse McLaren F1, détentrice de nombreux records de vitesse pendant plusieurs années. Alors est-ce que la recette fonctionne autant dans une Mia que pour une supercar pouvant rouler à 391 km/h ? Gordon Murray, le père de la F1, en est convaincu puisqu'il a aussi dans ses tiroirs une citadine électrique avec la même disposition de sièges, la T27. Et quand un tel ingénieur de génie en est persuadé, c'est difficile de soutenir le contraire. Il faut dire que, sur le papier, les places en quinconce permettent d'embarquer trois adultes avec de la place pour les jambes sur une longueur très réduite, et une position de conduite centrale semble idéale, tant sur les Champs-Élysées que sur la ligne droite de 9 km de Ehra-Lessien.

Mia Electric au quotidien : jour 1, la découverte

Mais trêve de bavardage, il est temps de se glisser au volant. Pour ne pas avoir à se jeter le derrière en avant sur le siège conducteur, Mia a su contourner le problème en rendant une partie du plancher et du toit solidaire de la porte coulissante, ce qui permet de pénétrer dans l'habitacle avant de s'asseoir. Premier constat : la position de conduite est très « assise », avec une impression d'avoir pris place sur un siège d'arbitre, le dossier, un peu dur, n'est pas réglable et pourrait être plus allongé, selon mes goûts. Ne cherchez pas d'originalité pour démarrer, il s'agit d'une bête clé de contact : un quart de tour prolongé avec le pied sur le frein, le tableau de bord s'illumine et un signal sonore vous indique que le moteur est en marche. Second quart de tour, et vous êtes en mode D, comme n'importe quelle boîte automatique. L'autonomie annoncée est de 90 km, et même 120 km en mode éco. Je choisis de rester en mode « normal » pour le moment.

La qualité première des voitures électriques, c'est le couple instantané et constant, ce qui, même si le chiffre en lui-même est loin d'être impressionnant (58 Nm ici), offre une pêche au démarrage très appréciable une fois le feu passé au vert. Malheureusement, la Mia ne s'inscrit pas dans cette tendance puisque l'accélérateur nécessite d'être enfoncé sur plusieurs centimètres avant de véritablement sentir la voiture se mouvoir. Le chemin du retour se limitera à quelques kilomètres dans les rues saturées, mais cela permet déjà d'apprécier cette position de conduite centrale, qui nécessite un certain temps pour s'habituer et se placer correctement au milieu de sa voie. Malgré une largeur de seulement 1,64 m, l'habitacle semble du coup très vaste, surtout aux épaules, ce dont devrait prendre note la triplette Citroën C-Zéro/Peugeot iOn/Mitsubishi I-Miev, qui nécessite l'ablation du bras gauche pour être confortablement installé. Autre intérêt de trôner au centre : l'habitacle se transforme en mini-salle de concert pour peu qu'on ait coché l'option autoradio MP3 Clarion à 179,40 €, avec un haut-parleur de chaque côté. Par contre, l'avoir placé en dessous du niveau du genou droit n'est pas optimal niveau ergonomie.

Mia Electric au quotidien : jour 1, la découverte
Mia Electric au quotidien : jour 1, la découverte
Mia Electric au quotidien : jour 1, la découverte

Les embouteillages, s'ils ne permettent pas d'apprécier les performances de la Mia, laissent en tout cas le temps d'observer la finition : si la présence de certaines surfaces bien dures fera grincer des dents les fétichistes du plastique moussé « sur la profondeur », la qualité d'assemblage est tout simplement remarquable pour une si petite production : rien ne bouge ou ne grince et tout paraît aligné.

Il faudra attendre demain pour lâcher la petite Mia dans la ville, son territoire donc, puis de sortir petit à petit de sa zone de confort. En attendant, et même si l'autonomie n'a pas véritablement souffert du court trajet, branchons-la pour la nuit : les batteries au lithium-phosphate de fer autorisent en effet le biberonnage, c'est-à-dire qu'on n'est pas obligé de les vider avant de les recharger par crainte d'un effet mémoire.

Épisodes suivants :

Mia Electric au quotidien : jour 2, lâchée dans la ville

Mia Electric au quotidien : jour 3, jusqu'où irons-nous ?

Mia Electric au quotidien : jour 4, parviendrons-nous à rentrer ?

Mia Electric au quotidien : jour 5, combien ça coûte ?

Vidéo - Mia Electric au quotidien : jusqu'où irons-nous ?






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