Les deux faux policiers de Caradisiac rôdent sur le parvis du Forum des Halles, à proximité de la porte Saint-Eustache. Le premier, avec son radar-jumelles, relève les excès de vitesse des cyclistes ; le second les interpelle. Image surréaliste pour les badauds et les victimes, qui n'en croient pas leur yeux.
Trop pressé M. Le cycliste
Notre premier fraudeur cycliste est contrôlé à 14 km/h. Nous lui récitons donc le discours d'usage :
“Monsieur, vous avez été radarisé à 14 km/h sur une zone piétonnière limitée à 5 km/h. Reconnaissez-vous les faits ?”
En guise de réponse, nous avons droit à : “Ah ! c'est nouveau, ça , une loi pour limiter la vitesse des vélos, et de quand date cette loi, car je suis juriste et je n'en ai pas entendu parler ?”
D'un ton courtois, nous lui répondons : “Ce n'est pas une loi, c'est tout simplement un décret qui a été adopté la semaine dernière. Vous contestez, alors ?”
Le cycliste, d'un ton un peu aigri, reprend : “De toutes les façons, je n'ai rien à dire, c'est vous qui avez toujours raison. Franchement, vous avez le chic pour "e.....er” les bons citoyens, c'est vraiment déplorable !”
D'un ton des plus calmes, nous lui rétorquons : “Monsieur, nous appliquons juste les ordres.”
“Je sais que vous n'y êtes pour rien, mais franchement, c'est n'importe quoi ! Vous faites perdre du temps à des cyclistes qui ne causent aucun danger ; en revanche, les automobilistes, vous les laissez rouler. C'est complètement débile !”
Voyant l'homme s'énerver, nous lui révélons l'imposture de Caradisiac : il vient d'être victime d'un gag. Mais notre explication ne le calme pas pour autant… notre cycliste n'a pas trop le sens de l'humour. D'autres s'amuseront davantage…
Un Japonais digne de sa réputation
Fort de la réaction obtenue lors de notre première “interpellation”, nous rééditons l'expérience avec un cycliste asiatique, contrôlé à 13 km/h.
Avec ce contrevenant, pas de problème. Il se montre très compréhensif, ajoutant même :
“C'est vrai, je reconnais que je roulais vite. Je ne conteste pas du tout car vous avez entièrement raison de verbaliser. Chez moi (NDLR : au Japon), on devrait le faire également car il y a beaucoup d'excès. Certains se prennent même pour votre Hinault national, il faut sévir.” Devant tant de civisme, nous nous inclinons et nous lui révélons le motif de son interpellation. Amusé, il nous raconte qu'il est le correspondant à Paris d'une agence de presse japonaise et nous lance en partant un : “Vous êtes plus vrais que nature !” en guise d'encouragement.
Une jeune femme incrédule
Notre succès grandissant, nous nous déplaçons légèrement et nous attrapons, coup sur coup, une jeune femme et un homme en excès de vitesse.
La jeune femme est tout d'abord incrédule : “Mais, je passe ici tous les jours et je n'ai jamais été arrêtée pour cela ! Ah, j'ai compris, c'est pour la caméra cachée !” En guise de réponse, nous lui montrons le radar en lui disant : “Et ceci, c'est une caméra cachée, à votre avis ?” Toute gênée, la cycliste n'ose plus rien dire, à partir de là. Nous lui demandons donc ses papiers pour la rédaction du PV, tout en la sermonnant : “Vous savez, 14 km/h, c'est beaucoup sur une voie piétonne ! vous avez conscience que vous représentez une menace pour les piétons ou les enfants, par exemple ?”
En nous donnant ses papiers, elle nous lance : “Oui, je sais que je suis en tort, mais c'est tellement rare de se faire contrôler. Au fait, ça va me coûter combien ?”
Nous lui répondons : “35 euros, Madame, c'est le tarif légal !” À l'annonce de cette sanction, elle perd un peu son calme et lance un : “Oh, non !” rageur.
Dans cette situation, nous décidons de lui annoncer la bonne nouvelle : “Rassurez-vous, Madame, c'était un gag.” Incrédule, la jeune femme nous demande à plusieurs reprises confirmation, avant de s'en aller.
Un ancien policier très perspicace
Vos deux policiers de service arrêtent cette fois un cycliste à 16 km/h. Lors de son arrestation, l'homme ne dit rien, puis d'un coup, lance avec un sourire moqueur : ”Vous n'êtes pas de vrais policiers. Je suis un ancien de la Police nationale et je peux vous dire que je reconnais tout de suite les vrais des faux !” Devant tant de perspicacité, nous avouons le subterfuge. Avant de partir, il nous demande : “Serait-il possible que je regarde de plus près votre radar ?” Les bonnes habitudes ne se perdent pas…
Bilan
Étonnant : même après avoir bien ri, nos fausses victimes ne se montrent pas si choquée que cela, après réflexion, par l'idée de limiter la vitesse des cyclistes sur les trottoirs. Elles reconnaissent même volontiers rouler parfois un peu trop vite dans les zones piétonnières.
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