Durant l'année 2014, le ministère de l'Intérieur s'était montré plutôt discret, sans grand coup médiatique concernant sa politique répressive sur la route.... Époque révolue ! Il semblerait bien que les mauvais chiffres de la mortalité routière ne le lui permettent plus. Alors de quoi s'agit-il ? En 2013, l'arrivée des nouveaux radars "mobiles mobiles" avait fait sensation, en étant présentés comme des armes redoutables, capables de prendre les usagers en infraction dans le flot de la circulation, soit en mouvement, et non plus seulement à l'arrêt sur le bord des routes. Très vite, ils étaient encore améliorés, en proposant de flasher les véhicules circulant non pas seulement dans le même sens de circulation, mais aussi ceux du sens inverse ! Et en même temps, qui plus est. Une vraie nouveauté ! Et c'est au tour des radars fixes d'être capables, nous dit-on, de réaliser une telle prouesse.

 

Sens inverse, IDV...

De nouvelles options très rentables

Pour l'heure, seuls les Mesta 210 C peuvent être dotés de cette « fonction de détection des véhicules en infraction dans les deux sens de circulation », ce qui représente une grosse part des quelque 3 400 radars automatiques de vitesse (auxquels s'ajoutent moins de 800 radars feux rouges et passages à niveau). Il ne s'agit en outre que de ceux installés dans une cabine, pas ceux embarqués dans une voiture banalisée, utilisés alors à l'arrêt sur le bas-côté. Et il n'y en a en fait que 111 qui ont été pour l'instant ainsi upgradés. D'ici la fin de l'année, il y en aura 200 de plus, puis encore 300 l'an prochain.

Voici où l'on peut les trouver en service depuis lundi dernier : il y en a 9 dans l'Ain, 5 en Ardèche, 2 dans les Bouches-du-Rhône, 6 en Charente-Maritime, 7 dans le Gard, 7 en Haute-Garonne, 8 en Gironde, 3 dans l'Hérault, 6 en Ille-et-Vilaine, 7 en Isère, 8 en Loire-Atlantique, 7 dans le Morbihan, 12 dans l'Oise, 3 dans le Pas-de-Calais, 2 en Haute-Savoie, 1 en Seine-Maritime, 4 en Seine-et-Marne, 2 dans le Var et 12 en Vendée.

D'autres options sont également venues améliorer les performances des radars fixes ces derniers temps. Il y en a une en particulier qui doit grandement améliorer la rentabilité du système, c'est celle de l'identification de la voie d’infraction (IDV). Idem, elle a été homologuée sur les Mesta 210 C uniquement, et seulement aussi quand ils sont installés en cabines. Cette fonction IDV n'était jusque-là disponible que sur les radars discriminants, ces radars fixes un peu particuliers qui discriminent véhicules légers et poids lourds, et donc appliquent des limitations de vitesse différentes selon la catégorie des véhicules circulant devant.

 

Des nouvelles options bien légales ?

Cette option IDV permet tout bonnement d'identifier la voie sur laquelle circule le véhicule en infraction, quand la route contient plusieurs voies (comme les autoroutes) et quand la photo prise par le radar présente non pas un seul véhicule, mais plusieurs… Des clichés qui sont voués, sans cela, à finir à la poubelle. Ce qui est troublant avec cette nouvelle fonction, c'est que l'arrêté de 4 juin 2009 relatif aux cinémomètres de contrôle routier (le nom savant des radars) stipule que les appareils à effet Doppler (comme c'est le cas pour les Mesta 210 C) doivent normalement satisfaire aux exigences suivantes : « Lorsque deux ou plusieurs véhicules de vitesses différentes entrent simultanément dans le faisceau de mesure, le cinémomètre ne doit donner aucun résultat de mesurage »… Ce qui nous laisserait à penser que « ce type d'appareils ne devrait donc pas pouvoir se déclencher dès qu'il y a plusieurs véhicules qui passent devant en même temps, encore moins prendre des photos, et ce afin d'éviter tout doute possible », s'agace Caroline Tichit, avocate spécialiste du droit routier.

Pour ce qui est des radars "double face", leur 'expérimentation a commencé en décembre dernier. Elle devait durer au moins trois mois, et se poursuivre au maximum durant trois mois supplémentaires, sans donner lieu à l'envoi d'avis de contravention pendant ce temps-là, avait prévenu la Sécurité routière. Les tests sont donc théoriquement achevés. Et ces nouveautés devraient venir compléter et renforcer le parc d'automates déjà existant à partir de l'an prochain.

Deux sortes d'appareils ont été essayés : des "double face" avec une prise de vue déportée et d'autres sans, comme présenté dans le croquis ci-dessous :

Cabines radars : elles flashent désormais dans les deux sens !

La première solution est a priori bien plus onéreuse que la seconde, puisque, selon les avis d'attribution que nous avons consultés, le marché remporté par Jenoptik et Aximum est évalué à 291 966 euros, pour les deux instruments qu'ils ont dû mettre à disposition, tandis que le marché attribué à Parifex et Cegelec est plus de trois fois moins coûteux, en tournant autour de 82 660 euros (pour la mise en place de deux radars également). La grosse attente avec ces nouveaux appareils, c'est de voir si les photos prises par l'avant permettront bel et bien d'identifier, sans nul doute possible, le conducteur (ou bien entendu la conductrice) au volant. Ce qui n'est pour l'heure absolument pas gagné.

 

La fin du calvaire pour les propriétaires innocents ?

Si ça marche, nous explique Me Tichit, « cela permettrait en tout cas aux propriétaires innocents d'échapper non seulement au retrait de point(s) de leur permis, mais aussi et surtout au paiement de l'amende ». En revanche, pour les automobilistes coupables, il n'y aurait plus d'échappatoire : ils encourront bien ces deux sanctions (l'amende plus le retrait de point(s) correspondant).

Quant aux autres nouveaux types de radars, il y a ce que l'on appelle les radars « autonomes » (et non plus « chantiers », comme ils ont été longtemps présentés). Leur rôle officiel : sécuriser les zones de chantier et « de danger temporaire ».

A n'en pas douter, d'autres mesures répressives, et peut-être même d'autres types de radars, seront annoncés lors du conseil interministériel de la sécurité routière (CISR) prévu pour le 2 octobre prochain. Il s'agira du premier conseil de ce genre depuis 2011.