Dissonances internes ou teasing orchestré ? Pour un constructeur, révéler le remplacement d’une auto à succès est un exercice à hauts risques. En jeu : un arbitrage délicat entre le service communication (qui gère l’image de marque et des produits), la cellule projet (qui accouche techniquement la nouvelle voiture et a besoin de rouler au grand jour avec) et la direction du commerce, qui freine souvent des quatre fers. Le C4 Picasso est un bon exemple de cette quête d’équilibre : il reste à Citroën plusieurs milliers d’unités à écouler. Difficile de révéler la nouvelle génération sans provoquer un attentisme fébrile chez ses clients… Problème : le prochain C4 Picasso est entré en phase de pré-commercialisation et de nombreux exemplaires de roulage circulent en France et autour de l’usine de Vigo, en Galice, comme en attestent les récents clichés d’une marée de Picasso sans camouflages… Impossible désormais, dans ces conditions, de cacher l’imminence d’un heureux événement… Citroën a trouvé l’astuce : un C4 Picasso qui tait son nom… et n’en dit pas trop.
« Technospace », c’est donc le nom provisoire, spécial Genève, du C4 Picasso 5 places tel qu’il apparaîtra sur les routes françaises au mois de juin. Un show-car qui ne se distingue du modèle de série que par un travail spécifique sur les couleurs, matières et finitions, comme l’avait été la DS5 « White Pearl » présentée au salon de Shanghaï en 2011. Le C4 Picasso 7 places, qui troquera ses feux rampe contre de surprenants feux horizontaux « boomerang », débarquera sur le marché à la fin de l’année. Elle sera révélée en septembre, au salon de Francfort, en même temps que la petite berline essentielle, le projet « e3 » inspiré du concept car C-Cactus. Contrairement à cette dernière, les nouveaux C4 Picasso auront la mission de tirer Citroën vers le haut, avec des prestations encore améliorées par rapport au modèle actuel en matière de conduite et de gadgets technologiques. Un bond en avant que le design, totalement repensé, se charge d’exprimer.
Innovant… mais sous contrôle
Ce qui frappe au premier abord, c’est ce regard à double étage dont le principe a été popularisé par le déluré Nissan Juke. Citroën y ajoute un côté « high-tech » avec cette rampe de diodes au plan supérieur, qui « fixe » l’œil et donne toute son expression au visage du monospace : les fonctions de feux de croisement, de route, et de clignotants sont intégrées au bloc inférieur, alors que les antibrouillards encadrent classiquement la grille de refroidissement. Le pare-brise « zénith » est conservé, de même que les petits fenestrons qui agrément la visibilité avant, qui fait tant défaut au Renault Scénic.
Les flancs sont marqués par un arc ceinturant les vitres latérales, référence à peine dissimulée à l’aileron de requin de la DS3 et au sabre de la DS5. Chromé sur les finitions Exclusive, il prendra hélas une moins valorisante finition « noir mat » sur les modèles d’entrée de gamme. Les jantes, soignées comme toujours chez Citroën, laissent entrevoir qu’un travail massif a été réalisé sur l’aérodynamique, cruciale sur un monospace, par essence énergivore. Les déflecteurs d’air sur les vitres de custode ou le dessin de l’aileron en sont d’autres exemples. Le hayon se caractérise par une ouverture autoclave : comme chez Audi (ou sur l’Opel Insignia Sports Tourer !), les feux lui sont entièrement intégrés. Avantageuse pour la largeur de seuil de chargement, cette disposition handicape en revanche grandement le poids du volet de hayon, souvent pénible à manier lorsqu’il n’est pas équipé d’une assistance électrique : selon nos informations, ce serait le cas sur les versions haut de gamme. Ces dernières auront droit aux fameux feux « 3D » inaugurés sur la DS3, constitués de guides de lumières à LED et de jeux de miroirs (un vrai, un sans teint), qui donnent une impression « infinie », alors que dans la réalité, leur profondeur n’excède pas 2 cm ! Les modèles plus basiques auront droit à des feux plus conventionnels, à ampoule.
Technique : repensée de A à Z
Long de 4,43 m, le nouveau C4 Picasso régresse de 4 cm par rapport à l’actuel. C’est peu, mais il est intéressant de noter que le porte-à-faux avant a été considérablement réduit, et l’empattement augmenté : l’habitacle devrait donc bénéficier de quelques centimètres supplémentaires, même si la hauteur générale perd 7 cm, ce qui n’est pas négligeable ! Citroën annonce par ailleurs un volume de coffre de 537 dm3, 37 de plus qu’actuellement. A bord, la planche de bord gagne un design encore plus épuré, avec une instrumentation centrale, et un inédit écran couleur tactile de 12 pouces, façon Peugeot 208. Selon les exécutions, il sera secondé par un autre écran non-tactile au niveau de l’instrumentation, qui pourrait faire office… de cadre photo !
Surtout, Citroën renonce au volant à moyeu fixe qui équipait l’ancienne plate-forme pour revenir à un cerceau classique… et criblé de boutons, comme sur la berline C4. C’est l’un des symptômes d’une petite révolution technique, puisque Citroën inaugure la toute nouvelle base PSA Efficient Modular Platform 2 , récemment présentée, et dont bénéficiera la nouvelle Peugeot 308 à la rentrée. Entre autres nouveautés attendues : des équipements inédits (régulateur de vitesse à contrôle de distance), une architecture intérieure optimisée (bloc de climatisation plus compact) et moins de poids : l’allégement pratiqué sur le C4 Picasso ira largement au-delà du quintal (70 kg rien que sur la plate-forme). Côté moteurs, Citroën annonce une version 1.6 e-HDI dotée du stop&start à 98 g de CO2 au km, ce qui constituera une première pour un monospace compact. Mais là ne sera pas la seule nouveauté, puisqu’un bloc e-HDI doté d’un système de réduction des oxydes d’azote, calé sur les futures normes de dépollution Euro VI, est également au programme. Plus de révélations à suivre très bientôt, notamment la découverte de l’habitacle, juste avant l’ouverture au public du salon de Genève, le 7 mars. Le « vrai » C4 Picasso de série devrait être révélé peu avant la commercialisation, en juin… Le nom « Technospace », que Citroën n’a toujours pas déposé à l’Institut national de la propriété industrielle, l’INPI, pourrait quant à lui subsister comme signature publicitaire, un axe de communication typique de Citroën qui avait déjà utilisé « Visiospace » pour l’actuel C4 Picasso ou « Spacebox » pour la C3 Picasso... Comptez sur nous pour vous tenir au courant !
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