Sur les 10 plus grosses ventes aux enchères de l’histoire, 9 ont été réalisées dans les 5 dernières années. Les lots occupants les 1ère, 4ème et 5ème positions du classement ont tous les trois été vendus en 2011. Et 2012 a démarré avec un record d’enchère automobile en France pour Artcurial, un record mondial pour la Ferrari 250 GT LWB California de Vadim, un record pour la Mercedes 300 SL et des sommes globalement hallucinantes investies aux 4 coins de la planète. Pour couronner le tout, une Ferrari 250 GTO a changé de propriétaire en février contre la modique somme de 24,2 millions d’euros.
Bien sûr, ce marché très spécifique bénéficie de la même dynamique qui fait de Bentley, Rolls-Royce, Ferrari, Lamborghini ou Porsche les marques les plus en forme du secteur automobile. Mais si le milieu de l’automobile d’exception neuve fonctionne grâce à des grandes fortunes ne subissant pas la crise, les mécaniques animant le monde de l’enchère de haute volée s’avèrent bien plus fines. Car il faut bien comprendre que les voitures s’échangent et s’évaluent ici comme des objets d’art ainsi que des investissements et non comme de simples moyens de transport ou d’affirmation de statut. Voila pourquoi l’année 2011 fut exceptionnelle en matière d’enchères : à l’heure ou les bourses vacillent, les fortunes de ce monde préfèrent investir dans un objet concret avec en bonus la possibilité de participer à diverses courses et rassemblements à son volant.
Pour ce qui est de l’investissement en lui-même, deux critères principaux permettent d’évaluer la performance d’un modèle : sa rareté et son histoire.
Ce sont ainsi deux Ferrari 250 TR qui occupent les deux premières places au classement des plus hautes enchères de l’histoire. La première fut vendue 11,3 millions d’Euros l’été dernier à Pebble Beach, la seconde 9 millions d’euros à Maranello en mai 2009. Les 2 millions d’écart s’expliquent par le fait que l’exemplaire vendu en 2011 était le premier prototype de Testa Rossa. Le second affichait certes un véritable palmarès, mais il ne pouvait rivaliser avec un tel historique.
De la même façon, la Duesenberg Model J vendue 7,1 millions d’euros l’été dernier était un modèle unique, possédant une carrosserie sur mesure et une histoire passionnante. Comme tout objet d’art, le rôle de l’émotionnel dans un tel achat, même pour des sommes aussi hallucinantes, ne peut pas être oublié. J’ai déjà vu un acheteur en larme après avoir remporté une enchère à plusieurs centaines de milliers d’euros sur une Bugatti estimée moitié moins. Et il s’agissait bien de larmes de joie.
Pour ce qui est de l’état de la voiture, la tendance met en valeur deux directions radicalement opposées : des exemplaires absolument parfaits, à l’historique impeccable, avec - si possible - un palmarès entre les mains de pilotes réputés (les noms de Fangio, Nuvolari, Gurney, Trintignant etc. feront toujours grimper les enchères) ou des sorties de granges oubliées depuis des années.
Tout ces éléments permettent de prévoir des résultats exceptionnels à Amelia Island. Chez Gooding, la mise en vente d’une collection fabuleuse de Porsche de compétition historiques (prototype de 935/76, 911 GT1 Evolution Le Mans 1997, 962 victorieuse à Daytona, RSR Turbo 2.14, 917/30 Can-Am Spyder, 906E) devrait dépasser largement les 10 millions de dollars. Chez RM les américaines des années 30 pourraient bien atteindre des sommets, menées par une Cord L-29 unique et une Packard Twelve carrossée par Dietrich. Toutes deux sont d’excellentes prétendantes à une victoire lors des prochains Concours d’Élégance internationaux, et s’avèrent donc des investissements de choix.
Mais tout cela n’est qu’estimation et probabilité. Eclatement de la bulle ou folie des enchérisseurs, les revirements dans un sens comme dans l’autre sont toujours possibles. Une dose supplémentaire de piment dans un monde méconnu et pourtant passionnant.
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