Voitures radar : une homologation qui ne valide pas leur bon fonctionnement !
Le radar installé sur les "mobiles-mobiles", ceux qui équipent ces véhicules banalisés qui flashent en roulant, et dont la conduite doit être confiée à des prestataires privés, vient d'être à nouveau certifié. C'est confirmé, le LNE, le laboratoire en charge de vérifier le bon fonctionnement des radars utilisés en France, le juge toujours aussi fiable pour mesurer les vitesses. Mais attention, il le juge fiable "LUI TOUT SEUL" ! Ce que Caradisiac a découvert, c'est que seul l'instrument a été testé, absolument pas l'ensemble du système de contrôle - avec les nouvelles caméras et autres programmes informatiques - qu'il a fallu mettre en place pour que, par exemple, les limitations de vitesse soient renseignées de manière autonome, sans plus aucune assistance humaine, et ainsi rendre possible cette privatisation. Que les nouvelles voitures radar, dans lesquelles ne siégera bientôt plus qu'un seul chauffeur du privé, fonctionnent - ou non - correctement, ça, en fait, personne - en tout cas aucun laboratoire présumé indépendant - ne l'a vérifié.
Le certificat d'examen de type (CET) qui atteste qu'un instrument de mesure respecte les exigences réglementaires qui lui incombent, et que l'on pourrait qualifier tout simplement de certificat d'homologation, vient d'être renouvelé au cinémomètre – le nom savant des radars – installé sur les voitures, celui capable de contrôler les vitesses dans le flot de la circulation… Hé oui, vous l'aurez compris, il s'agit de celui qui équipe ces fameuses voitures radar, ces "mobiles-mobiles" dont la conduite est en passe d'être confiée à une entreprise privée, au moins pour ce qui est des 26 qui doivent sillonner les routes de la région Normandie.
Mais, attention, cette sixième révision du CET portant sur le Gatso Millia – le nom commercial du radar en question - ne couvre pas du tout les dispositifs qui ont dû lui être associés pour l'automatiser, et rendre ainsi possible son utilisation sans l'assistance des policiers ou des gendarmes à bord jusque-là. Que nenni ! Ce certificat ne permet absolument pas de valider le bon fonctionnement de l'ensemble du nouveau système mis en place sur ces voitures radar - revues et corrigées en vue de leur privatisation.
La fiabilité des futurs contrôles non vérifiée
"Le LNE [le laboratoire en charge de la certification des radars en France, NDLR] a seulement dû vérifier que les modifications apportées au seul cinémomètre, comme le changement de son logiciel, étaient sans impact sur sa fonction métrologique, soit sur ses capacités à mesurer correctement les vitesses", nous confie un fin connaisseur du dossier. Mais "il n'a normalement pas à vérifier que les voitures, dans leur ensemble, fonctionnent correctement sans assistance humaine, comme pour le paramétrage du seuil de détection des excès de vitesse, lequel varie il est vrai aussi souvent que les limitations en vigueur sur la route. Ça, ça ne le concerne pas… Car ça n'est pas un critère qui relève de la métrologie".
Ah oui ? Il paraît pourtant évident que l'automatisation de cette tâche - rentrer la vitesse limite autorisée (VLA) afin de paramétrer le seuil à partir duquel le radar doit se déclencher et flasher - est un point crucial pour juger la fiabilité des futurs contrôles de ces super bagnoles. Qui va le vérifier, alors ? Personne apparemment… En tout cas, pas le LNE dont ce n'est apparemment pas le rôle, ni a priori aucun autre laboratoire considéré comme indépendant.
C'est d'ailleurs marqué noir sur blanc à la dernière page du CET révisé : "Le présent certificat ne couvre pas (…) les fonctions automatisées de détermination de la vitesse limite autorisée (VLA) [ni celles] d’activation ou désactivation des mesures". Ça a le mérite d'être clair.
Des inquiétudes sur le paramétrage des limitations de vitesse
Il y a pourtant de quoi légitimement se poser des questions… Les quatre caméras intelligentes ajoutées pour lire les panneaux - deux à l'avant, deux à l'arrière des voitures - sont-elles vraiment infaillibles ? Que se passe-t-il par exemple aux endroits où les VLA sont provisoirement abaissées, sur des zones de travaux ou autres ? Des conditions temporaires, dont on sait qu'elles ne sont pas toujours déclarées au niveau national, ni même au niveau local, et pour lesquelles les panneaux de signalisation ne sont pas forcément au même format, ni à la même hauteur, ni à la même taille que ceux prévus normalement pas la réglementation.
Pour rappel, une fois cette privatisation effective, il n'y aura plus qu'un seul chauffeur dans ces voitures. Ce chauffeur, rémunéré par l'entreprise privée qui aura été choisie - selon nos informations, le contrat vient d'être signé, ou est en passe de l'être - n'aura normalement rien d'autre à faire qu'à conduire - si ce n'est quand même allumer et éteindre le système de contrôle. Mais à part ça, à en croire le ministère de l'Intérieur, il "ne saura ni quel véhicule a été photographié, ni combien. Il en va de même pour l'entreprise qui l'embauche". Bref, les PV seront dressés sans un minimum de contrôle visuel au moment de l'enregistrement de l'infraction.
Nos articles précédents sur la privatisation des voitures radar :
- Voitures radar privatisées : attention de ne pas tomber dans les panneaux !
- Voitures radar privatisées : Caradisiac a mis la main sur le contrat !
- Voitures radar privatisées : le recrutement des chauffeurs est lancé en Normandie
- Quand le ministère de l'Intérieur refuse de répondre à toutes nos questions
- Beauvau présente six nouvelles voitures radar à Évreux
- La privatisation des mobiles-mobiles prévue pour 2017
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