Voitures électriques : vraiment moins chères à entretenir ?
On ne cesse de l'entendre. La voiture électrique, c'est cher, oui, mais on se "refait" sur le coût au kilomètre, bien plus faible, et aussi sur l'entretien. Ce dernier serait réduit à la portion congrue et donc bien plus abordable que pour un véhicule thermique. Serait ? Ou est ? Qu'en est-il aujourd'hui ? Cela a-t-il changé, sachant que nos précédents articles tendaient à prouver que c'était bien le cas. Éléments de réponse.

Même si certains modèles plus abordables, comme la Citroën E-C3, la Renault 5 d'entrée de gamme, le Hyundai Inster, par exemple, sont arrivés sur notre marché récemment, la voiture électrique reste en moyenne toujours plus chère que son équivalent thermique. D'autant plus depuis que les bonus ont baissé. Et ses détracteurs ne manquent pas de le faire remarquer.
Oui mais, répliquent ses défenseurs, le surcoût à l'achat serait compensé très largement avec le temps par un coût d'utilisation drastiquement réduit. Déjà, le "plein" et donc le coût par kilomètre parcouru, est bien inférieur, en moyenne trois fois moins cher (hors trajets autoroutiers avec charges rapides), mais les coûts d'entretien seraient aussi largement inférieurs, ce qui ferait qu'au final, sur la durée totale de possession, le "VE" serait largement gagnant. Mais faut-il parler au conditionnel, ou à l'indicatif ?
Sur le premier aspect, il n'y a pas débat. Oui, le prix pour chaque kilomètre parcouru coûte en moyenne de 2,5 à 3,5 fois moins cher qu'en thermique, selon la consommation du VE, celle du VT pris en référence, et selon qu'on recharge en heure creuse, heure pleine, ou avec un contrat spécifique (tempo par exemple).
Mais sur le deuxième point subsistent des doutes. Alimentés en grande partie par la peur de devoir remplacer sa batterie de traction, toujours extrêmement chère, passée la période de garantie. Mais d'une part, c'est très rare de devoir en arriver là, les garanties étant longues sur cet élément (en moyenne 8 ans et 160 000 km), et la fiabilité sincèrement bonne. Et puis remplacer sa batterie, ça ne fait pas partie de ce que l'on appelle l'entretien courant. C'est plus du domaine de la réparation, et de la grosse, d'ailleurs.
Devoir remplacer la batterie annulerait les économies, mais... ce n'est pas vraiment de "l'entretien"
Mais puisqu'on l'évoque, parlons-en un peu avant de revenir sur l'entretien. Oui, si jamais vous deviez un jour remplacer une batterie haute tension hors garantie, cela annulerait immédiatement toutes les économies faites par ailleurs, car les accumulateurs actuels coûtent entre 9 000 € et plus de 20 000 € pour certains.

Ceci dit... Devoir remplacer son moteur thermique hors garantie n'arrive jamais ? Suite à une casse prématurée, un vice caché ou une mauvaise utilisation ? Si, ça arrive aussi, on en parle suffisamment ces derniers temps avec les différents scandales concernant les TCe Renault ou les Puretech Stellantis. Et dans ce cas de figure, cela coûte également très cher !
Le remplacement des pneus est aussi une interrogation. Car les coupleux VE les useraient plus rapidement. Ce n'est pas une idée reçue si l'on utilise les chevaux disponibles et ce fameux couple supérieur. Mais comme les utilisateurs d'électriques tentent toujours de préserver leur autonomie, ils conduisent aussi plus calmement. Au final, la majorité des propriétaires se rendent compte que ça revient finalement au même.

Par contre, durant toute la vie de la voiture, on économise "automatiquement" par rapport à un véhicule thermique. Car le VE se dispense par construction d'un nombre incalculable de pièces importantes, qu'il faut remplacer au cours d'une vie d'auto thermique.
Des économies automatiques et obligatoires...
Démarreur, alternateur, embrayage, boîte de vitesses, turbo, injecteurs, vanne EGR, mais aussi courroie de distribution, filtre à particules, système de dépollution à l'urée (Ablue), échappement, sondes et capteurs en tous genres pour surveiller le fonctionnement d'un moteur thermique. Tout cela est escamoté purement et simplement. Quant aux pièces de freinage (disques, plaquettes), elles s'usent moins vite grâce au freinage régénératif. Et il n'est pas rare de voir des utilisateurs de VE qui font 150 000 km, voire 200 000 km, avec les pièces d'origine.
On fait ici de sacrées économies sur une durée de vie totale, de la construction au recyclage. Mais encore une fois, ce n'est pas stricto sensu de l'entretien.
Un entretien classique lui aussi moins dispendieux
On y vient. Car oui, c'est toujours le cas aujourd'hui, on économise aussi à ce niveau. En effet, tout comme les grosses pièces mécaniques ont disparu, il y a aussi ces opérations nécessaires sur un moteur thermique, qui ne le sont plus sur un moteur électrique. Ainsi, exit la vidange et son filtre à huile, envolé le remplacement du filtre à air, oublié celui du filtre à carburant. Autant de fluides et de petites pièces qui disparaissent des factures. Avec en corollaire un temps passé plus faible, et donc un montant de main-d’œuvre minoré.

Bien sûr, les vérifications de la batterie en elle-même, et de son électronique de puissance, viennent eux s'ajouter, mais cela est loin d'annuler les économies.
Pour s'en convaincre, plusieurs moyens. Lire la prose des utilisateurs eux-mêmes, dans les colonnes de nos avis de propriétaires ou de notre forum par exemple, et ailleurs sur le web. Ils sont les mieux placés pour en parler et ne s'en privent pas. Les avis sur les VE citent dans la majorité des cas les coûts d'entretien dans les points positifs.
Mais les constructeurs aussi y vont de leur démonstration, alors même que cela ne leur est pas particulièrement favorable, l'après-vente représentant jusqu'ici une belle source de revenus.

Ainsi, Renault par exemple, sur son site officiel, mentionne : "le coût d'entretien d'un véhicule électrique en France est plus faible de 23 % à 3 ans en comparaison d'un modèle thermique équivalent. À l'usage, sur 6 ans, cette différence peut atteindre 50 % en comparaison à un modèle thermique". Voir ce qui est décrit sur cette page consacrée à l'entretien électrique.
Chez Peugeot, on peut économiser jusqu'à 33 % sur l'entretien
Chez Peugeot, on insiste aussi sur les économies à l'usage, en intégrant tous les facteurs. Pour la marque au lion, cela représente 1 356 € d'économie par an entre une 208 thermique et une E-208, et 1 200 €/an pour un E-2008 par rapport à un 2008 thermique. Et la marque reprend les résultats d'une étude menée par un gestionnaire de flotte, FATEC, qui affirme qu'en moyenne, le coût de maintenance d'un VE est quatre fois inférieur à celui d'un VT.
Mais en matière d'entretien pur, c'est-à-dire sans tenir compte des économies de carburant, c'est 168 € d'économisés par an pour la E-208 (- 33 %) et 192 € pour le E-2008 (- 33 % aussi). On trouve des tableaux récapitulatifs sur cette page, et s'ils ne sont manifestement pas à jour (vu qu'il est question d'un bonus écologique de 5 000 €), l'ordre d'idée est là.

Nous avons aussi cherché à savoir quelle était la différence de coût sur un contrat d'entretien "Maintenance plus" entre une 308 Allure Hybride 145 ch et une E-308 156 ch Allure. C'est 39,50 €/mois pour la thermique, et 33 € pour l'électrique, soit 78 € d'économisé seulement pour le VE par an (-16 %).
Mais pour un 3008 195 PHEV, c'est 48,50 €/mois, et seulement 35 € pour la version électrique E-3008 210 ch 73 kWh. Soit dans ce cas 162 € par an de gagné, une économie de 28 %.
Certains modèles Stellantis sont encore plus gâtés quand ils carburent aux électrons. Par exemple, chez Citroën, le contrat d'entretien "Maintenance Plus" est à 17,50 €/mois pour la E-C3, et carrément 39 € pour la version 100 % thermique 1.2 Turbo 100 ch. Le différentiel de 21,50 € représente une économie de 254 € à l'année, et donc - 55 % ! Pas rien.
Chez Volkswagen maintenant, difficile de connaître les gains en matière d'entretien. En effet, pour avoir accès aux prix des contrats, il faut être en phase réelle d'achat et contacter directement un commercial. Les brochures et plaquettes de tarif ne mentionnent rien. Et pour connaître le prix d'une révision, il faut disposer d'un VIN (numéro de série). Mais la marque stipule sur son site que "les véhicules électriques représentent des coûts de maintenance et d'entretien inférieurs à ceux d'un véhicule à moteur thermique de même catégorie. C'est idéal pour économiser de l'argent" Et elle précise que pour les modèles ID., la périodicité d'entretien est de 2 ans. Certains concurrents imposent à leurs modèles électriques de revenir tous les ans en concession.
BMW, une exception notable
Chez BMW, c'est l'exception qui confirme la règle... Nous avons étudié les prix des contrats d'entretien pour un X1 face à un iX1 et pour une Série 4 Gran Coupé face à une i4. Dans le premier cas, le prix d'un contrat "Repair Inclusive 4 ans/200 000 km" est de 960 € pour le iX1, contre 720 € pour le X1. Mais étonnamment, le "Repair Inclusive 5 ans/200 000 km" est à 1 836 € pour le iX1 et 2 520 € pour le X1. Allez comprendre la logique... Pour une i4 eDrive35, le "Repair Inclusive 4 ans/200 000 km" est à 1 140 € contre 720 € pour la Série 4 20i. C'est donc bien plus cher pour le modèle électrique. ET c'est le cas pour la grande majorité des contrats et des couples temps/nombre de km. Mais la marque bavaroise est une anomalie dans le paysage.
Enfin terminons avec Tesla. Ici, c'est encore différent puisque la marque n'impose aucune fréquence de révision. "Votre véhicule Tesla ne nécessite aucune révision annuelle ni aucun changement régulier de liquide. Veuillez consulter le Manuel du propriétaire pour les toutes dernières recommandations d'entretien de votre véhicule" précise le site officiel.
Il y a seulement certaines opérations à réaliser à échéances fixes sur le Model Y, comme le contrôle du liquide de frein et le remplacement de la bouteille déshydratante de la climatisation tous les 4 ans, le remplacement du filtre d'habitacle tous les deux ans. Sur la Model 3, il y avait des préconisations (sans obligation !) de réaliser un entretien tous les 4 ans ou 80 000 km. Et ne pas le faire ne portait même pas atteinte à la garantie...
Cela dit, il faut tout de même passer de temps en centre Tesla, ou commander un entretien à domicile (via l'appli Tesla). Les propriétaires que nous avons pu interroger, certains taxis ou VTC, y pensent en moyenne tous les 50 000 km, pour un coût de révision compris entre 270 € et 450 € selon les opérations effectuées. Un coût plus que raisonnable sachant que c'est en moyenne tous les 3 ans.
LE BILAN
Vous l'aurez compris, si l'on excepte les bizarreries chez BMW, l'entretien d'un VE reste toujours moins onéreux que celui d'une voiture thermique. Et les coûts de remplacement de pièces mécaniques et d'usure, obligatoires au cours d'une vie de cette dernière, sont aussi largement escamotés.
On peut ainsi estimer que niveau entretien "pur", un VE vous fera économiser entre 25 % et 50 % selon sa marque, son modèle, et sa fréquence préconisée de passage en concession. Sur une durée de vie de 10 ans, cela peut facilement représenter entre 1 500 € et 2 500 €. Et c'est sans compter donc, les économies réalisées sur les organes qui seraient à remplacer sur un thermique, et qui ne sont plus de l'entretien.
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